Le groupe de spiritualité des assemblées parlementaires (28 hommes politiques) vient de terminer un séjour à Rome, qui a permis de montrer que la laïcité était limitée dans sa conception du droit, fabriqué par des majorité, une éthique supérieure – universelle – devant s’imposer à la loi édictée par le Parlement.
Bernard Seillier fait remarquer que "nous mesurons ici combien, en France, la laïcité que nous défendons pourtant est parfois poussée jusqu’à l’absurde : la foi est comme gommée de tous les discours et préoccupations, alors qu’elle porte souvent sur l’essentiel." "Nous sommes venus avec nos préoccupations, explique André Flajolet, député (UMP) du Pas-de-Calais, et en premier lieu, les problèmes éthiques." Bernadette Dupont, sénatrice (apparentée UMP) des Yvelines, ne cache pas son inquiétude : "nos interlocuteurs nous ont expliqué combien les jeunes, ceux qui étaient présents à Cologne, sont ouverts aux exigences que leur propose Benoît XVI. Or, nous, comme parlementaires, nous sommes de plus en plus amenés à voter des lois en contradiction avec ce chemin-là, parce que l’on nous explique qu’il faut s’adapter à la société. Où est notre vrai boulot, là-dedans ?"
André Flajolet résume le problème à sa façon : "Comment un élu chrétien peut-il interpréter ce questionnement de la foi, dans un monde qui n’est majoritairement plus chrétien ?" Justement, il n’est pas demandé aux Parlementaires de faire de l’apostolat, mais d’admettre qu’il existe un droit, la loi naturelle, supérieure au droit édicté dans les assemblées, un droit supérieur à la loi de la majorité, une éthique qui prime sur la volonté démocratique, comme l’a bien expliqué l’ex-Cal Ratzinger dans son dernier ouvrage.
Et effectivement, constate Bernard Seillier, "nous sommes aujourd’hui confrontés au défi d’une société où règne la règle de la “morale majoritaire”, une morale jugée bonne simplement parce qu’elle est approuvée par une majorité. Nous avons le souci de défendre la vérité, mais de le faire dans la liberté." En cela, les parlementaires se retrouvent bien dans la "note doctrinale concernant certaines questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique", publiée en novembre 2002 par la congrégation pour la doctrine de la foi.
Et Bernard Seillier l’a compris : "nous ne défendons pas des valeurs confessionnelles, mais universelles." Pour Hugues Portelli, ce voyage a permis de ressentir "combien nous manquons, comme politiques, de lieux comme ceux-ci, de réflexion, et de médiation. D’où un sentiment de décalage croissant du politique". Aussi, les parlementaires attendent, eux aussi, beaucoup du pape Benoît XVI : "ce pontificat devrait nous donner des arguments de raison, pour discuter avec nos collègues", explique Bernard Seillier.