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L'Eglise : L'Eglise en France

Désacraliser puis vendre les églises vides

Désacraliser puis vendre les églises vides

D’Odon de Cacqueray pour Le Salon beige :

Le 31 juillet, la destruction de l’église Saint-Corneille-et-Saint-Cyprien, dans le village de la Baconnière, en Mayenne, commençait. Vieux de plus de 150 ans, le lieu de culte fortement dégradé aurait nécessité plusieurs millions deuros pour être rouvert au public. Une charge financière impossible à assumer pour la commune. La décision du conseil municipal de faire tomber l’édifice a dailleurs été adoptée à lunanimité.

Cette destruction a suscité de la tristesse et même de la colère chez ceux qui ont vu les images fortes du clocher abattu. La responsabilité a été imputée aux pouvoirs publics, commune et Etat, qui nont pas su entretenir cette église ne laissant à la fin pas dautre alternative que la suppression totale du bâtiment. Devant le peu de finances publiques accordées à lentretien du patrimoine, le phénomène va tendre à se multiplier. Si une cinquantaine d’églises ont été détruites depuis les années 2000, elles sont plusieurs milliers à être en péril. Le rappel du Président de la République au Mont-saint-Michel le 5 juin dernier :

« En ce qui concerne le patrimoine religieux, le ministère de lIntérieur a consacré 57 millions deuros en 2022, et, depuis 5 ans, 280 millions deuros, au bénéfice de 8 265 projets de restauration. »

a surtout montré que le budget alloué est très insuffisant. Il faudrait multiplier la somme par plus de 10 pour limiter la casse. Les annonces dinscriptions ou de classements au titre des monuments historiques ne changera rien.

Une fois passée l’émotion légitime, il est nécessaire de sinterroger sur les raisons qui poussent à sauvegarder nos églises et les moyens utilisés. Bien sûr, lEtat a volé à lEglise au début lors de la Révolution puis au XXe siècle les lieux de culte mais aussi les biens attenant qui permettaient de financer lentretien de ces bâtiments. Laffaire est entendue. Lengagement a été pris, en contrepartie de cette confiscation, dentretenir les églises. LEtat sest parjuré, cest également un sujet qui ne fait pas débat. Mais en plus dun siècle la situation a considérablement évolué. La pratique religieuse sest effondrée, le nombre de prêtres est en chute libre. Quand il y a encore un curé, il administre dans le meilleur des cas six ou sept églises, souvent cest une vingtaine de lieux de culte sous sa responsabilité, parfois plus. Malgré la réunion de dizaines de clochers, lassemblée dominicale est bien clairsemée, surtout à la campagne. La moyenne d’âge élevée de ceux qui pratiquent encore laisse craindre le pire pour les cinquante prochaines années. Dans les diocèses plutôt que d’épuiser les rares prêtres en leur faisant parcourir des centaines de kilomètres chaque semaine, l’époque est aux pôles. Des lieux fixes où les prêtres ne sont pas seuls et où les paroissiens se déplacent pour les rencontrer. Des choix sont donc posés, certaines églises ne connaissent plus quune messe annuelle.

Dans ce contexte, est-il réellement moral quune municipalité qui nest responsable en rien de la confiscation de l’église se voit demander des millions pour lentretien dun lieu de culte qui ne sert plus ? L’âme dune église et sa raison d’être réside dans le Saint Sacrement au tabernacle et la célébration de la messe. En son absence, le lieu de culte nest plus quun tas de pierre symbole dun âge dor révolu où la France était chrétienne. Que le lecteur ne se fourvoie pas, touché par la situation actuelle je ne demande pas que les églises vides soient rasées. Il me semble pourtant quune solution transitoire doit être recherchée. Il faut permettre que les bâtiments soient sauvegardés en attendant (et espérant) un refleurissement de la pratique religieuse en France. Je vois ici deux solutions qui passent à chaque fois par la désacralisation des églises. La première serait la réaffectation par la municipalité de ces lieux de cultes en lieux culturels lucratifs, musées, salles de concert, cinémaLa deuxième consisterait à vendre ces églises en protégeant par une charte ce qui fait lintérêt du bâtiment. Là encore les nouvelles destinations peuvent être diverses : restaurant, brasserie, résidence, espace de travail partagé, etc.

Le premier pas doit être posé par lEglise. Les diocèses doivent recenser les églises menacées à moyen et long terme, sans intérêt majeur, et engager les négociations avec les municipalités avant que les sommes nécessaires à la sauvegardes des bâtiments soient telles que plus personne ne sera intéressé.

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12 commentaires

  1. Ce n’est pas en supprimant les églises et donc la présence réelle qui s’y trouve que l’on fera revivre la foi en France.
    Il appartient aux fidèles de faire vivre leur église, même s’il n’y a plus de messes fréquentes, par des veillées de prières, des chapelets, des chemins de Croix et c’est ainsi que l’espérance sera entretenue, mais certainement pas en en faisant un lieu profane.
    Les églises appartiennent aux communes et elles ont le devoir de les entretenir et le plus souvent les travaux deviennent trop chers par négligence de l’entretien régulier OBLIGATOIRE.
    Pour ce qui concerne la Baconnière, elle a pu construire une salle omnisports (pour moins de 2000 habitants), un EPHAD et fonctionne avec un budget annuel d’environ 1,7 M € et une dette à peu près équivalente.
    Qui peut croire qu’elle n’avait pas les moyens d’entretenir une toiture en ardoises ?
    Le problème a été un choix d’investissement au détriment de ses obligations légales et de son patrimoine historique. Certes la commune n’est pas responsable du vol des biens de l’Eglise, mais elle est responsable du patrimoine qui lui a été donné.
    Si l’Eglise avait un tant soit peu de courage, elle devrait leur demander des comptes.

    • Entièrement d’accord avec vous , Pitoune ! Mais voilà , vous l’avez dit , l’Eglise n’a aucun courage , et se fout éperdument du sort de ces charmantes petites églises ! Celle-ci aurait sûrement fait le bonheur de la Tradition qui aurait su la garder debout , mais hélas , nos “prélats” préfèrent l’anéantissement total de tout ce qui se réfère au catholicisme ante-V2 ………………..

  2. Ne pourrait-on pas plutôt confier ou revendre ces églises à des associations de fidèles, œuvres et instituts religieux ?

    Je pense notamment aux instituts ex-Ecclesia Dei ou FSSPX. Des prêtres et communautés recherchent des églises, qu’ils sont prêts à acheter au prix fort, mais on refuse de leur vendre ! Quel scandale !

  3. Et la 3° solution serait de remplacer les sinistres “célébrations eucharistiques” par la sainte messe, la vraie, celle qui fut instituée par St Pie V en consécration de la liturgie de toujours. Partout où elle est célébrée, les églises se remplissent.

    • Vous avez fort bien dit , Collapsus ! ” Partout où est célébrée la Sainte Messe , les églises se remplissent ” ! ! ! C’est justement ce que ne veulent pas les curés ” V2 ” ! ! ! Si ces pseudo-curés ne réalisent pas très vite qu’ils sont en train de tout anéantir , avec leur ” liturgie ” à 2 sous le kilo , c’est à se demander jusqu’à quel point ils n’en font pas exprès pour dégoûter à tout jamais les gens avec leurs ” célébrations ” …………….

  4. On supprime l’entretien des églises et in fine les églises elles-mêmes pour construire des EPHAD.
    C’est tout un symbole. Notre société est mourante.

  5. L’église est en premier l’ensemble des disciples et frères adoptifs du Christ. Bien sur matérialisé dans un bâtiment. Ce n’est pas le bâtiment qui fait l’Eglise, mais la communauté des croyants. Au 19ème siècle de nombreuses églises ont été construites dans un style peu avenant. La destruction de telles églises est peut être une chance pour faire un bâtiment plus convivial et priant.

    • Une église n’est pas faite pour être un lieu de convivialité. Sinon il vaut effectivement mieux la remplacer par un restaurant.
      Les églises ont été construites pour rendre gloire à Dieu, c’est l’unique motif de notre création à répondre par tous les moyens possibles. La beauté et la dignité du lieu doivent être là pour y contribuer.
      C’est très rarement le cas des églises modernes. Le problème de fond est que nous avons perdu le sens de notre passage sur terre que pourtant ceux qui nous ont précédés avaient bien compris. Entre la joie de la naissance et la tristesse de la mort, quel autre sens et quelle autre joie indéfectible pourrait-on trouver ? Quand les fondations ne sont plus là, il n’est pas étonnant que l’édifice s’écroule.

  6. S’il l’État est incapable d’entretenir les biens volés à la faveur de la révolution, qu’il les rende à l’Église. C’est à l’Église que nos ancêtres ont confié leur argent pour l’édification de ces lieus de culte. Ce n’est donc ni à l’État ni aux municipalités de décider aujourd’hui ce qui doit advenir de ces églises.

  7. Trop peu de nos concitoyens sont conscients que ce patrimoine a été volé à l’Église. Trop peu aussi ignorent que les communes ont l’obligation de les entretenir mais n’ont aucun droit à les utiliser pour autre chose que ce pour quoi elles ont été construites, à savoir le culte catholique.
    Que l’État fasse adopter une loi où il reconnaît être incapable de tenir ses engagements et restitue purement et simplement TOUS ces bâtiments à leur légitime propriétaire, après les avoir remis dans l’état où il les a pris. Par exemple en prenant modèle sur la Russie, qui restitue petit à petit à l’Église orthodoxe les biens dont l’URSS l’a spoliée.
    Si nos évêques n’ont pas besoin de ces bâtiments, nul doute que la fraternité Saint-Pierre, l’ICRSP et d’autres seront ravis d’en devenir affectataires (voire seront en capacité de les racheter et de les entretenir ensuite). Cela “débarrasserait” nos éminences de moutons dont ils n’ont pas envie de sentir l’odeur…

  8. en effet il s’agit ni plus ni moins que d’un gigantesque hold up perpétré 2 fois en 1789 et en 1905, le premier devant boucher les trous de la finance nationale engagée dans des guerres, et lamentablement terminé par la déroute de la spéculation et des assignats.. c’est bien de cet héritage frauduleux que les communes sont tributaires et refusent ensuite d’assumer. tout ceci fut mis en œuvre tout en déclarant solennellement que la propriété était “sacrée”, si ce mot avait encore un sens pour ces sans culottes. beaucoup d’autres bâtiments (séminaires, prieurés, etc) ont été reconvertis (en casernes ou collèges) et ceux là sont bien entretenus, car ils n’ont rien couté a l’État prédateur….

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