Un lecteur nous fait suivre la réponse de Benoît Hamon, député PS et candidat à la primaire PS, suite à l'appel à destituer François Hollande :
"Vous avez souhaité m’alerter sur le projet de résolution déposée à l’Assemblée Nationale par le groupe Les Républicains pour engager une procédure de destitution du Président de la République. Vous me demandez de m’y associer. Je vous remercie pour votre interpellation et me félicite que les nouvelles technologies facilitent ainsi la participation des citoyens au débat public.
Les faits qui sont reprochés au Président de la République dans le projet de résolution sont graves. J’ai eu l’occasion d’exprimer mon désaccord avec le principe et le contenu du livre d’entretiens du Président de la République, je n’y reviendrai pas ici. Mais je comprends qu’il ait pu troubler voire choquer certains de nos concitoyens.
Pour autant, la démarche du groupe Les Républicains me semble avant tout politicienne car, à quelques mois voire semaines de la fin de la session parlementaire, elle n’a aucune chance d’aboutir. Elle ne fera qu’engorger l’ordre du jour, alors même que des propositions de lois importantes, déposées par des députés de tous bords, ne seront jamais examinées.
Le mandat du Président de la République arrive à son terme dans moins de six mois. En avril et en mai prochains, vous pourrez directement exprimer votre confiance ou votre défiance à son endroit, s’il se représente. Je suis aujourd’hui candidat à l’élection présidentielle entre autres parce que je souhaite proposer un renouveau démocratique. Je mesure le désenchantement et parfois l’exaspération de nos concitoyens face aux gouvernants, qui s’affichent tout-puissants et se veulent providentiels, mais font preuve au quotidien d’une impuissance volontaire à apporter des solutions aux problèmes économiques, écologiques ou sociaux. Je regrette que les instigateurs de ce projet de résolution soient bien silencieux sur ce sujet et ne voient dans la défiance démocratique généralisée que la conséquence d’une erreur de casting, plutôt que celle d’un système en bout de course.
Pour ma part, je pense que le mal est plus profond et qu’il appelle des réponses innovantes
Pour redonner une voix aux Français entre deux élections, je propose ainsi d’instaurer un “49.3 citoyen”, qui permettra à 1% du corps électoral d’imposer qu’un projet de loi soit soumis à référendum ou que la promulgation d’une loi déjà votée soit suspendue. A l’avenir, les pouvoirs du Président de la République devront par ailleurs être plus encadrés et contrôlés, s’agissant notamment des nominations les plus importantes. Ainsi nous en finirons avec l’irresponsabilité d’un monarque républicain, qui a nourri le ressentiment et la frustration de nos concitoyens, sans avoir été un gage d’efficacité. Ce changement de paradigme vers une démocratie moins verticale et intermittente est à mon sens la seule façon de redonner aux Français le pouvoir dont ils se sentent aujourd’hui privés."