Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
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Dans le missel de 1962, les dimanches per annum situés après l’Épiphanie et avant la Septuagésime sont appelés dimanches après l’Épiphanie. Après les deux grandes fêtes de Noël et de l’Épiphanie, nos livres liturgiques comptent six dimanches dits « après l’Épiphanie » et qui constituent une sorte de transition entre les fêtes de Noël et le Carême. Le célébrant revêt des ornements verts. Ce IIe dimanche prolonge néanmoins la grande fête de l’Épiphanie puisque avec le 1er miracle de Notre Seigneur, aux noces de Cana, lu à l’Évangile, l’Église veut mettre encore en lumière devant le monde son « Épiphanie ».
► Introït : Omnis terra
Tous les chants du propre de la messe de ce deuxième dimanche après l’Épiphanie sont donc encore consacrés à l’adoration, la louange et la jubilation, acclamant la divinité et la royauté de Notre Sauveur, que nous contemplons encore petit enfant dans la crèche et qu’en même temps nous suivons déjà dans sa mission rédemptrice.
L’Introït est tiré du psaume 65, Jubilate Deo, qui est un grand cantique d’action de grâce du peuple d’Israël pour la délivrance d’Égypte et de la Mer Rouge, figure par excellence de la Rédemption, et pour tous les bienfaits dont Dieu l’a comblé. Après les bergers de Bethléem et les mages d’Orient, c’est toute la terre, c’est à dire tous ses habitants, qui est invitée à se prosterner devant l’enfant et à proclamer sa reconnaissance.
Omnis terra adoret te, Deus, et psallat tibi : psalmum dicat nomini tuo, Altissime.
Que toute la terre Vous adore, O Dieu, et qu’elle Vous chante, qu’elle dise un psaume à votre nom, O Très Haut.
On s’attendrait à une mélodie enthousiaste et triomphale ; nous la trouverons tout à l’heure dans l’Offertoire qui est tiré du même psaume. Celle-ci est, certes, solennelle mais assez calme et retenue avec un certain caractère contemplatif : c’est vraiment une adoration. Cet Introït est accompagné par le premier verset du psaume 65 que nous retrouverons tout à l’heure à l’Offertoire :
Jubilate Deo omnis terra, psalmum dicite nomini ejus : date gloriam laudi ejus.
Poussez des cris de joie pour Dieu, toute la terre, chantez un psaume à son nom, donnez gloire à sa louange.
► Graduel : Misit Dominus
Le texte du Graduel du deuxième dimanche après l’Épiphanie est tiré du psaume 106, un des grands psaumes qui commencent par ” Louez le Seigneur car Il est bon, car sa miséricorde est éternelle “. Il relate en plusieurs épisodes les malheurs que les hommes se sont attirés par leurs infidélités, puis comment ils se sont tournés vers le Seigneur et comment dans sa bonté Celui-ci les a sauvés. Le verset qu’on trouve ici se rapporte à la guérison d’une grave épidémie, et il est suivi d’une acclamation de reconnaissance qui revient comme un refrain à la fin de chaque épisode :
Misit Dominus verbum suum, et sanavit eos : et eripuit eos de interitu eorum. Confiteantur Domino misericordiæ ejus : et mirabilia ejus filiis hominum.
Le Seigneur a envoyé sa Parole et Il les a guéris, et Il les a arrachés à la mort. Qu’ils proclament sa miséricorde et ses merveilles en faveur des fils d’Israël.
Le peuple d’Israël de l’Ancien Testament ne savait pas encore que cette parole toute puissante et agissante du Seigneur qu’ils célébraient était une personne, le Verbe, Fils de Dieu, deuxième personne de la Sainte Trinité, notre Rédempteur. C’est Lui qui est venu sur la terre pour nous sauver, et que nous adorons aujourd’hui sous les traits d’un petit enfant.
Nous retrouvons les mélodies habituelles des Graduels très voisines de celles de Noël et de l’Épiphanie, mais on remarquera particulièrement dans la deuxième partie des grandes vocalises des mots confiteantur et misericordiæ avec des motifs répétés qui indiquent une insistance très marquée.
► Alléluia : Laudate Deum
Les deux premiers chants du propre du deuxième dimanche après l’Épiphanie invitaient toute la terre et les hommes qui l’habitaient à louer le Seigneur. Dans l’Alléluia qui suit, ce sont les anges et toutes les puissances des cieux qui y sont invités à leur tour.
Laudate Deum omnes Angeli ejus : Laudate eum omnes virtutes ejus.
Louez Dieu tous ses Anges, louez Le toutes ses armées célestes.
C’est le début du psaume 148, un des derniers du psautier, qui passe en revue toutes les créatures, depuis les plus élevées dans les Cieux jusqu’aux plus humbles sur la terre, pour les inviter à cette louange du Créateur et Sauveur. La mélodie est encore une fois une mélodie type que l’on retrouve dans plusieurs Alléluias et que nous avons déjà entendue au troisième dimanche de l’Avent. Elle est douce et contemplative, pleine d’une joie légère comme il convient pour s’adresser à de purs esprits.
► Offertoire : Jubilate Deo
Nous retrouvons dans l’Offertoire du deuxième dimanche après l’Épiphanie le même psaume qu’à l’Introït, le psaume 65 Jubilate Deo, mais ce sera vraiment cette fois une jubilation éclatante et triomphale et non pas, comme c’est souvent le cas à l’Offertoire, une méditation intérieure et contemplative. Cette pièce dépasse d’ailleurs par ses proportions et son amplitude les limites habituelles du répertoire : c’est vraiment un enthousiasme qui ne peut plus se contenir.
La première partie reprend le début du psaume :
Jubilate Deo universa terra : psalmum dicite nomini ejus.
Jubilez pour Dieu, terre entière, chantez un psaume à son nom.
La première phrase est répétée deux fois, et la reprise contient une vocalise assez extraordinaire qui s’élève en un immense crescendo du Do grave au Fa aigu. La deuxième partie reprend des versets de la fin du psaume, qui ont un caractère plus intime et plus personnel.
Venite et audite, et narrabo vobis, omnes qui timetis Deum, quanta fecit Dominus animæ meæ,
Venez, écoutez, et je vous raconterai à vous tous qui craignez Dieu ce que le Seigneur a fait pour mon âme.
La mélodie commence encore dans l’enthousiasme puis à partir du mot narrabo, elle s’apaise et s’adoucit progressivement pour se terminer dans une ambiance plus calme et détendue.
► Communion : Dicit Dominus
Le chant de Communion du deuxième dimanche après l’Épiphanie est tiré de l’Évangile du jour qui relate, rappelons le, le miracle des noces de Cana, la troisième des manifestations de la divinité de Notre Seigneur qui constituent son Épiphanie.
Le texte est un résumé de cette page de l’Évangile.
Dicit Dominus : implete hydrias aqua et ferte architriclino. Cum gustasset architriclinus aquam vinum factam, dicit sponso : Servasti vinum bonum usque adhuc. Hoc signum fecit Jesus primum coram discipulis suis.
Le Seigneur dit : emplissez les urnes d’eau et portez-en au maître d’hôtel. Quand le maître d’hôtel eut goûté l’eau changée en vin, il dit à l’époux : Tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. Tel fut le premier miracle que fit Jésus en présence de ses disciples.
La mélodie est un véritable petit tableau contrasté qui exprime à merveille les différents épisodes du récit. La parole du Seigneur au début est grave et souveraine. Puis l’étonnement du maître d’hôtel se traduit par une mélodie contournée jusqu’à ce qu’il éclate sur les mots servasti vinum bonum. La conclusion, on pourrait dire la morale de l’histoire, se traduit par une mélodie simple et dépouillée presque syllabique qui se termine d’une façon un peu abrupte.