Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
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L’Office de ce dimanche est rempli tout entier des sentiments d’espérance et de joie que donne à l’âme fidèle l’heureuse nouvelle de la prochaine arrivée de celui qui est son Sauveur et son Époux. L’Avènement intérieur, celui qui s’opère dans les âmes, est l’objet presque exclusif des prières de l’Église en ce jour : ouvrons donc nos cœurs, préparons nos lampes, et attendons dans l’allégresse ce cri qui se fera entendre au milieu de la nuit : Gloire à Dieu ! Paix aux hommes ! (Dom Guéranger)
Le temps de l’Avent, qui nous prépare à Noël, se place dans la perspective d’un triple avènement :
– avènement historique, la naissance du Fils de Dieu dans la crèche de Bethléem.
– avènement mystique en nos âmes, avec les grâces propres à la fête de Noël.
– avènement eschatologique, le retour du Seigneur à la fin des temps, non plus comme Sauveur mais comme juge
Les chants de la messe de ce deuxième dimanche de l’Avent sont plus particulièrement tournés vers ce troisième avènement : jour de colère pour les ennemis de Dieu, mais jour d’allégresse pour les élus qui recevront leur récompense. Aussi un autre caractère commun aux chants de cette messe est la joie. Tous les textes parlent d’allégresse, de bonheur, de beauté, ce qui nous rappelle que l’attente de l’Avent est joyeuse car elle est pleine d’espérance. Enfin la plupart de ces textes nous parlent de Jérusalem ou Sion, la montagne sainte, la maison du Seigneur, qui représente l’Église, le peuple de Dieu, mais aussi le ciel auquel nous aspirons, l’Église triomphante. Tout cela se trouve dans l’Introït, dont le texte regroupe plusieurs passages du prophète Isaïe…
Introït : Populus Sion
Populus Sion, ecce Dominus veniet ad salvandas gentes : et auditas faciet Dominus gloriam vocis suæ, in lætitia cordis vestri.
Peuple de Sion, voici que le Seigneur va venir pour sauver les nations. Le Seigneur fera entendre sa voix glorieuse dans la joie de vos cœurs.
On reconnaît dans la première phrase l’annonce du premier avènement : Dieu qui vient pour sauver tous les peuples, puis dans la deuxième phrase celle du dernier avènement, avec la voix majestueuse du Seigneur dans sa gloire ; enfin la joie de nos cœurs c’est l’avènement mystique dans nos âmes à Noël.
La mélodie, joyeuse et enthousiaste dans son ensemble, est très affirmative dans la première phrase, puis elle culmine avec éclat dans la deuxième, évoquant la voix glorieuse, et elle se termine en une dernière montée très expressive traduisant l’allégresse des élus.
Cet Introït est accompagné par le premier verset du psaume 79, un des grands psaumes de l’Avent que nous retrouverons dimanche prochain au Graduel et à l’Alléluia.
Qui regis Isræl, intende : qui deducis velut ovem Ioseph.
Tendez l’oreille Vous qui conduisez Israël et guidez Joseph comme une brebis.
Graduel : Ex Sion
Le texte du Graduel du deuxième dimanche de l’Avent est tiré du psaume 49 qui est très peu utilisé dans la liturgie ; c’est peut-être même le seul emprunt, que lui font les chants de la messe. Il met en scène de façon grandiose Dieu lui-même venant juger la conduite de son peuple, récompensant les bons et punissant les méchants.
Ex Sion species decoris ejus : Deus manifeste veniet. Congregate illi sanctos ejus, qui ordinaverunt testamentum ejus super sacrificia.
De Sion apparaît l’éclat de sa beauté ; Dieu vient se manifester visiblement.
Rassemblez devant Lui ses fidèles, ceux qui ont conclu alliance avec Lui par des sacrifices.
Dans ces deux versets nous voyons Dieu venant de Sion, le temple de Jérusalem où il est présent symboliquement, pour juger son peuple d’Israël, avec lequel il a fait alliance sur le Sinaï par le sang des victimes offertes en sacrifice. Dans la liturgie il s’agit évidemment du jugement dernier, quand Dieu viendra du ciel dans sa gloire pour juger tous les hommes rachetés par le sang du Christ.
Ce chant s’applique donc essentiellement au troisième avènement, mais dans la liturgie de l’Avent les trois perspectives sont intimement liées.
La mélodie est très ornée, comme celles de tous les Graduels, avec de grandes vocalises, surtout dans la deuxième partie ; elle est très expressive, pleine de noblesse et de majesté. On ne peut s’empêcher, en entendant toutes les notes répétées sur le mot congregate qui veut dire ” rassemblez “, de penser à la trompette du jugement dernier appelant tous les hommes au grand rassemblement.
Alléluia : Lætatus sum
Contrairement au psaume 49 que l’on trouve dans le Graduel, le psaume 121 dont est tiré le verset de l’Alléluia revient assez souvent dans la liturgie. C’est un de ceux que les hébreux chantaient en montant au temple de Jérusalem pour leur pèlerinage annuel.
Lætatus sum in his quæ dicta sunt mihi: in domum Domini ibimus.
Je me suis réjoui de ce qui m’a été dit : Nous irons dans la maison du Seigneur.
Le Temple de Jérusalem, la maison du Seigneur, nous l’avons dit, c’est la figure de l’Église mais c’est surtout ici la figure du ciel, et nous retrouvons encore une fois la perspective du troisième avènement qui doit nous remplir de joie si nous sommes fidèles.
La mélodie de cet Alléluia est originale, ce qui est assez rare en ce début d’année liturgique ; avant la Septuagésime (où l’Alléluia sera suspendu jusqu’à Pâques), la plupart des Alléluias ont des mélodies types, que l’on retrouve à plusieurs reprises dans le répertoire. Cette mélodie exprime la joie d’aller au ciel de manière ample et lyrique, avec de belles courbes pleines de souplesse.
Offertoire : Deus tu convertens
Comme c’est souvent le cas, l’Offertoire du deuxième dimanche de l’Avent est un peu à part dans les chants de cette messe. On y trouve la joie mais ni Jérusalem ni la fin des temps. En revanche il se situe très bien dans l’ensemble des chants du temps de l’Avent, puisque son texte est tiré du psaume 84, qui était déjà utilisé à l’Alléluia et à la Communion du premier dimanche, et que nous retrouverons à l’Offertoire du troisième dimanche. La deuxième partie de l’Offertoire d’aujourd’hui reprend d’ailleurs exactement le texte de l’Alléluia de dimanche dernier.
Deus tu convertens vivificabis nos, et plebs tua lætabitur in te : ostende nobis, Domine, misericordiam tuam, et salutare tuum da nobis.
Ô Dieu Vous Vous tournerez vers nous pour nous donner la vie, et votre peuple se réjouira en Vous. Montrez-nous Seigneur votre Miséricorde et donnez-nous votre Salut.
Ici la prière de demande suppliant le Seigneur de nous envoyer le Sauveur est précédée d’un acte de confiance et d’espoir dans la joie à venir. Elle est donc pleine d’assurance puisqu’on commence par affirmer qu’on obtiendra ce qu’on a demandé. Cette assurance se traduit par une mélodie très ferme avec de nombreuses notes longues et tenues ; elle est pleine de mouvement, tout en restant dans l’ensemble recueillie et contemplative.
Communion : Jerusalem surge
Le texte du chant de Communion du deuxième dimanche de l’Avent est tiré du prophète Baruch, très peu utilisé dans la liturgie, comme le psaume 49 du Graduel. Baruch était un disciple de Jérémie qui, se trouvant en captivité à Babylone, envoya un message aux habitants de Jérusalem pour leur annoncer le prochain retour des captifs, les invitant à monter sur la montagne pour les voir venir de plus loin ; tel est le bonheur que Dieu leur envoie.
Jerusalem surge, et sta in excelso : et vide jucunditatem quæ veniet tibi a Deo tuo.
Jérusalem lève-toi, tiens-toi sur la hauteur et regarde le bonheur qui vient vers toi de ton Dieu.
Ici encore Jérusalem est la figure de l’Église, le peuple de Dieu qui doit s’élever au-dessus de ses passions et de tout ce qui l’attache à la terre, pour voir venir de loin le bonheur du salut que Dieu va lui envoyer à Noël. On notera pour la troisième fois dans cette messe, après l’Introït et le Graduel, le mot veniet qui est encore un de ces mots clef de l’Avent. La mélodie commence par un bel élan sur le mot surge, puis se poursuit d’une manière assez solennelle pleine d’une joie contenue.