L’abbé Loiseau, supérieur des Missionnaires de la Miséricorde divine, est interrogé dans Présent. Extraits :
Quelle est l’histoire de la communauté ?
Elle est née en 2005, à la suite du décès de Jean-Paul II. J’avais fait part à mon évêque, Mgr Rey, d’un certain nombre d’intuitions missionnaires. Un soir, il m’appelle en me disant : « Il faut que tu fondes pour mettre en œuvre tes projets apostoliques. » C’est avec deux séminaristes et trois recrues que nous avons pu commencer la communauté. Trois charismes caractérisent la communauté : la Miséricorde Divine telle qu’elle fut révélée à sainte Faustine, la liturgie dans la forme extraordinaire avec l’adoration eucharistique tous les jours pendant une heure, et l’esprit missionnaire, avec une intention particulière pour les musulmans.
La communauté assure elle-même les cours pour l’année de propédeutique. Les séminaristes suivent ensuite leur formation au séminaire diocésain de la Castille et rentrent à la paroisse pour bénéficier de la messe dans la forme extraordinaire. C’était un défi que des prêtres soient formés dans un séminaire diocésain, alors qu’ils vont célébrer dans la forme extraordinaire. En outre, chaque trimestre, nous suivons une session de philosophie ou de théologie au Barroux. Nous avons déjà eu deux ordinations sacerdotales. Nous aurons deux nouveaux prêtres ordonnés à la cathédrale dans la forme extraordinaire le jeudi de l’Ascension. Nous sommes quatorze en tout et nous attendons des propédeutes pour l’année prochaine.
Où exercez-vous votre apostolat ?
L’évêque nous a confié, depuis 2005, l’église Saint-François de Paule, sur le port de Toulon, qui est devenue la première paroisse personnelle en France avec la forme extraordinaire. C’était deux ans avant le motu proprio Summorum Pontificum, ce fut prophétique. C’était vraiment le souhait de Mgr Rey de donner la possibilité à des fidèles attachés à la forme extraordinaire d’avoir une vie paroissiale authentique et missionnaire.
Nous assurons aussi, à Toulon, des aumôneries d’universités et d’écoles, ainsi que des services diocésains. Nous exerçons également notre apostolat à l’église Saint-Charles de Marseille, où la messe dans la forme extraordinaire est célébrée tous les dimanches. En septembre prochain, nous aurons un nouveau lieu d’apostolat dans le diocèse de Toulon. Enfin, nous prêchons des retraites et nous organisons des camps pour les enfants (camp Saint-Michel), pour les adolescents (camp Jean-Paul II) et des camps de formation et d’évangélisation des plages (camp Spes) pour les étudiants et jeunes professionnels."
A propos de l'islam :
"C’est le grand défi de notre époque. La progression de cette religion est indéniable en Europe. Il existe plusieurs causes : l’immigration, les conversions d’Européens à l’islam, un plus fort taux de natalité parmi ces populations. Aujourd’hui, en France, tout catholique est confronté à la question musulmane. Si la question politique de l’intégration et de la maîtrise de l’immigration se pose, les catholiques ont le devoir d’annoncer la foi aux musulmans. Or une certaine conception du dialogue interreligieux a bloqué l’évangélisation auprès des musulmans. Pourtant, Jean-Paul II et Benoît XVI ont encouragé la mission auprès des hommes des autres religions. Il existe donc une urgence à proclamer l’Evangile aux musulmans, c’est une question de survie pour l’avenir du christianisme dans notre pays. Si l’islam est une religion complexe qui comprend plusieurs courants, il ne faut pas oublier qu’elle repose en priorité sur une opposition au Dieu trinitaire, à l’Incarnation et à la Rédemption, en des termes souvent extrêmement violents. De plus, sa conception de la révélation comme parole incréée a favorisé au cours de son histoire les courants les plus fondamentalistes, d’où la difficulté pour les musulmans d’envisager les questions de la liberté religieuse, de la distinction entre les pouvoirs temporel et spirituel, et de la dignité de la personne humaine.
Beaucoup de musulmans se considèrent aujourd’hui dans une période eschatologique où l’ensemble du monde doit devenir terre d’islam. En effet, l’islam a toujours profité des situations où le christianisme était plus faible ou divisé. C’est donc un devoir pour les catholiques de considérer l’islam comme une priorité missionnaire. […]
Il importe de créer une culture de la mission vis-à-vis des musulmans, car il existe encore un blocage dans plusieurs secteurs de l’Eglise. Il me paraît important de ne pas en rester à un dialogue interreligieux horizontal. Le dialogue doit conduire à l’annonce, il faut retrouver le sens de la vraie disputatio, une recherche de la vérité dans la Révélation, car sinon beaucoup de musulmans risquent de mépriser les chrétiens. Les catholiques peuvent affirmer paisiblement leur foi vis-à-vis de leurs frères musulmans sans leur manquer de respect. Je pense même que cette annonce est un devoir. Mais il importe aussi que nos communautés paroissiales soient particulièrement accueillantes vis-à-vis des personnes issues de l’islam. Il faut bien saisir, en effet, le poids psychologique de « l’oumma » (la communauté musulmane) qui considère le changement de religion comme le péché le plus grave méritant la mort. […]"