Guillaume de Prémare indique que nous avons fait exactement ce qu'attendaient les terroristes :
"(…) en attaquant Charlie Hebdo, les islamistes provoquent une sympathie généralisée pour Charlie Hebdo dans l’opinion publique française. Charlie devient le symbole de la France et la décomposition culturelle s’accélère : la France c’est Charlie et Charlie c’est la France. Dimanche, la France de Saint Louis, de Napoléon, de de Gaulle, d’Aragon et Hugo est devenue « Charlie », ce qui est une régression culturelle. A partir de là, dans le meilleur des cas le jeune musulman est poussé à faire une quenelle à la France, geste de mépris et de défi très populaire dans la jeunesse des banlieues, dans le pire des cas on fabrique les futurs jeunes djihadistes.
(…) Ensuite, devons-nous accepter, pour nous-mêmes, cette régression culturelle qui veut que « La France c’est Charlie », qui veut que le poids symbolique de nos valeurs, de notre identité et de notre unité repose sur Charlie ? Luz, un dessinateur de Charlie, a expliqué dans les Inrockuptibles que cette charge symbolique que l’on met sur Charlie Hebdo était à côté de la plaque.
Vous êtes en train de nous expliquer que nous avons fait exactement ce qui convient aux terroristes islamistes ?
Absolument. Au départ, il y a une excellente intention : dire sa compassion envers des victimes d’un assassinat terrible et inacceptable, dire son refus de la violence et du terrorisme. Mais le slogan « Je suis Charlie » est venu donner à ce bel élan un contenu hystérique à contre-emploi : la France c’est Charlie et Charlie c’est la France. Ensuite il y a eu la marche, ce bel élan populaire de citoyens qui ont besoin de se rassembler pour dire leur refus du terrorisme et rendre hommage à nos morts. Cet élan a été récupéré par une caste politico-médiatique décrédibilisée qui y a vu l’occasion de se refaire la cerise sur l’affaire Charlie Hebdo. En état de choc, on fait n’importe quoi, on est manipulable, le cerveau sur-sensibilisé jusqu’à l’hystérie est disponible à la manipulation. La broyeuse médiatique est passée par là et la France a défilé avec comme slogan « Je suis Charlie », comme image des caricatures insultantes et comme symbole suprême le crayon qui manie l’insulte. En gros, la caste politico-médiatique est parvenue à donner l’image d’un peuple réuni autour des valeurs, non pas de la France, mais des valeurs vides de sens de leur caste : ce que la propagande politique et télévisuelle a nommé « nos valeurs », « notre modèle », « notre mode de vie ». Le terme même de « marche républicaine » est insuffisant. La question n’est pas celle de la forme de gouvernement, acceptée par le plus grand nombre, mais celle de la France. La France est d’abord un pays, pas une forme de gouvernement.
La marche était donc une mauvaise idée selon vous ?
Non, c’était une bonne chose dans l’élan initial. Il aurait peut-être fallu faire une marche blanche, sans slogans ni pancartes, une marche citoyenne, de société civile. Une marche avec pour seul contenu le refus du terrorisme et l’hommage rendu aux victimes. Nous aurions alors gagné une bataille psychologique. Or, dimanche, nous avons perdu une bataille culturelle et psychologique. Ce qui s’est passé est grave et beaucoup de gens ne s’en rendent pas compte parce qu’une propagande sans précédent dans l’histoire de la France contemporaine a été diffusée par la télévision et démultipliée sur les réseaux sociaux comme un réflexe pavlovien. Nous sommes guidés et informés par des irresponsables, des aveugles qui guident des aveugles. Il est temps d’ouvrir les yeux. (…)"