Dans Respublica Christiana -dont le premier numéro est consacré à l'Apôtre Paul- Catherine d'Arbren fait la recension d'un ouvrage sur La société de Saint Vincent de Paul au XIX siècle, un fleuron du catholicisme social et écrit notamment :
"Ce que l'auteur appelle le "don charitable" ne s'épuise pas dans l'équation du don (l'aide matérielle apportée aux pauvres) et du contre-don (la prière des pauvres au bénéfice de leurs bienfaiteurs) mais conduit à resacraliser le pauvre (en qui est vue la figure du Christ). C'est sous cet angle que la charité peut être appréhendée comme politique. En face de la modernité, qui réduit la sociabilité à un contrat passé entre individus, la charité réintroduit le divin dans le lien social et en fait même le fondement : dans un ordre naturel des choses, le prochain est le frère parce que le fils d'un même Père. Dans cette optique, la médiation divine est indispensable ; contrairement à la "simple" philanthropie, la charité fonde l'amour du prochain dans l'amour de Dieu.
Là, se manifeste l'influence du catholicisme social né dans les milieux contre-révolutionnaires et légitimistes largement représentés dans la société. Cependant, le confrère dissocie la cause politique de ses engagements charitables. La société n'est pas conçue ni vécue comme un parti (même "dévôt") : la charité doit (et peut) retisser le lien social indépendamment de la forme politique qui l'encadre. Cela illustre bien le fait que la charité (au sens fort du terme) ne peut être réduite à la notion de générosité ; tout en l'englobant, elle la dépasse…"