De Thomas Flichy de La Neuville :
La première mesure diplomatique du gouvernement Trump avait pour finalité de satisfaire un électorat âgé, qui conserve deux ennemis emblématiques au fond de sa mémoire. Il s’agit en premier lieu de la Russie, présente depuis plusieurs décennies dans les territoires chiites que sont la Syrie, l’Iran, le sud de l’Irak et le Yémen – et en deuxième lieu des quelques Etats dont les actions terroristes ont été médiatisées par la presse américaine: la Libye, la Somalie et le Soudan. De ce point de vue l’executive order donne des gages sérieux à l’opposition néo-conservatrice qui, malgré ses glapissements médiatiques, estime avoir eu plus de peur que de mal. Il est à noter que la mesure prise par le nouveau président sera sans effet sur l’économie américaine dont les relations avec les pays susvisés sont marginales. Ceci correspond bien à l’esprit de M. Trump qui transpose aux relations internationales ses réflexes d’homme d’affaires. L’executive order a eu un effet politique interne positif pour le président – puisqu’une majorité le soutient – sans avoir pour autant de conséquences économiques dramatiques. Il semble donc cohérent à la nouvelle équipe en place.
Pourtant – et ce n’est pas le moindre de ses paradoxes, 40% des pays visés par l’executive order sont devenus des foyers de terrorisme en raison d’interventions militaires américaines: il s’agit de l’Irak, de la Syrie et de la Libye. Mais nous étions prévenus de l’inflexion qui serait prise vis à vis des pays dévastés par les interventions militaires des Etats-Unis par le dernier rapport du National Intelligence Council dont les auteurs déclaraient avec un brin de cynisme : « Il serait tentant d’imposer l’ordre au sein de ce chaos apparent, mais cela coûterait trop cher à court terme et échouerait à long terme ». Quant aux effets de la mesure Protecting the Nation from foreign Terrorist entry, ils seront naturellement limités dans la mesure où le terrorisme chiite est quasiment inexistant. Dernier petit détail, les pays frappés forment une série d’impacts en forme de cercle autour de ce qui devrait être la véritable cible – l’Arabie Saoudite. Aux dires de certains esprits malicieux, ce pays exporterait en effet le terrorisme depuis bien longtemps à sa périphérie immédiate.