Comme le remarque Huntington dans Qui Sommes-Nous, l’immigration est le sujet sur lequel le décalage est le plus important entre les élites américaines et l’ensemble de la population : les premiers, y compris les Républicains, regardent souvent avec bienveillance l’immigration clandestine qui dynamise une économie proche du plein-emploi; les seconds considèrent que la présence de plus de 10 millions d’illégaux aux Etats-Unis méprise l’Etat de Droit.
George Bush, soucieux de ne pas s’aliéner un électorat hispanique solidaire des illégaux, s’est jusqu’ici montré particulièrement complaisant envers cette immigration sauvage. Mais les manifestations massives d’illégaux ces dernières semaines ont peut-être changé la donne, en leur défaveur, comme nous l’indiquions en mars.
Bush doit en effet faire ce soir un discours sur l’immigration, dont on attend qu’il marque un tournant légaliste : il devrait notamment annoncer une mesure symboliquement forte, le déploiement d’unités de la Garde nationale pour surveiller la frontière avec le Mexique.
Si ce changement de cap de Bush se confirme, il sera intéressant de voir si sa cote de satisfaction (aujourd’hui à 29%) en est affectée.