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Religions : L'Islam

Distinguer les musulmans modérés des musulmans terroristes, c’est confondre foi et engagement politique

Distinguer les musulmans modérés des musulmans terroristes, c’est confondre foi et engagement politique

Nous avons interrogé Marie-Thérèse Urvoy, suite à la parution de son dernier ouvrage sur Islam et islamisme. Frères ennemis ou frères siamois? (voir aussi notre article ici).

Pourquoi n’existe-t-il pas de magistère en islam ?

Deux raisons principalement expliquent l’absence de magistère en islam; 

1- La première se rattache à la sphère théologale du culte ; l’islam, en effet, est une orthopraxie, c’est à dire que c’est un certain nombre d’actes qui définissent le croyant (le seul musulman, dès le Coran) et jaugent le degré de sa foi. Le premier de ces actes est la profession de foi qui contient toute la dogmatique essentielle : unicité d’Allah et prophétie de Muhammad. Par commodité, on appelle clergé, en islam chiite, ce qui est une hiérarchisation des fonctions de type sacral, telle la classe suprême constituée d’ayatollahs (signes d’Allah), ou celle des hujatolislam (preuves de l’islam), ou celle de simples mollahs (serviteurs d’Allah). L’attachement passionné des fidèles chiites à une autorité religieuse, basée sur le principe de la référence (marjaʽ) va jusqu’à la constitution de nombreuses milices privées.

L’islam sunnite est géré par une catégorie d’experts, car le principe entendu est que toute communauté, si réduite ou isolée (deux croyants représentent déjà la communauté , Umma), doit avoir au moins une personne susceptible de garder et de transmettre le savoir religieux. Dans les sociétés islamiques ordinaires, il y a une répartition selon les disciplines : exégètes, juges, prédicateurs, etc. Les personnes sont choisies selon des critères moraux et techniques, tels que la capacité de mémoriser les textes sacrés, la connaissance solide de l’arabe, et des règles de traitement des textes fondamentaux. Appartiennent à cette catégorie :

  • l’imam, il est recteur d’une mosquée, assure le prêche du vendredi, et dirige la prière collective du vendredi ;
  • le mufti, il prononce des fatwas. La fatwa est une consultation juridique, analogue à la consultation du prudens en droit romain. Une fatwa est prononcée sur n’importe quel sujet, civil ou religieux ; c’est abusivement que média et journalistes la réduisent à une condamnation à mort. 
  • Le cadi, est le juge qui prononce les sentences au tribunal islamique et fait appliquer les peines légales. Ici, il convient de rappeler qu’en islam, le péché est transgresser la loi de Dieu, et non offenser Dieu comme en christianisme.

Ces trois titres sont des fonctions et non des grades. Ils donnent des qualifications : un faqîh, jurisconsulte, connaisseur des textes en matière juridique. Un shaykh (francisé en cheikh) est le sage et pieux, souvent – mais pas nécessairement – l’aîné du groupe. Il peut vivre à la mosquée après avoir accompli le Pélerinage (hajj). On peut l’appeler hajjî, musulman ayant fait le hajj.

2- La seconde raison est d’ordre théologique. Elle est d’une importance capitale puisqu’il s’agit de la Révélation même en islam, qui est sans progression.

L’islam se heurte cependant à la question fondamentale de tout monothéisme : comment la transcendance peut-elle intervenir dans l’immanence. Aussi, l’ange Gabriel est-il l’intermédiaire qui dicte le texte au Prophète.  Mais cela ne suffit pas lorsqu’il faut expliquer l’apparition même du texte.  Or l’islam qui se présente souvent comme une religion sans mystères, ne peut éluder le mystère fondamental de l’irruption du divin dans le monde. Le débat théologique restera figé tant que la fixité du texte sacré coranique de l’islam n’ait pas cédé à une évolution progressive. C’est seulement de nos jours qu’en Occident une critique historique a vu le jour. 

S’il n’y a pas de magistère, comment un politicien non croyant peut-il estimer que telle ou telle pratique ne relève pas de l’islam ? 

Il n’y a pas de magistère en islam, mais il y a ses textes et ses référentiels qui détaillent scrupuleusement, dans une casuistique phénoménale, pour renseigner ce qui est islamique et ce qui ne l’est pas. Bien sûr, pour accéder aux textes-sources, cela exige un lourd investissement intellectuel et une ascèse désintéressée. 

Au fond, l’islam est-il compatible avec notre pays de religion chrétienne et de tradition gréco-latine ?

Tant que l’islam se présentera arrimé farouchement à un Coran où les versets prônant la paix et les versets exhortant à la guerre ont la même valeur théologique, sans espoir de réel aggiornamento, l’islam demeure résolument incompatible. C’est la projection dans le monde de « la promesse (rétribution) et la menace divines », lesquelles font partie de l’appareil dogmatique et son déterminantes dans la praxis islamique. Car l’amère réalité nous rappelle chaque jour qu’à force d’être sécularisé et laïcisé, l’Occident a rendu les occidentaux – et pas seulement en France – étrangers à leur propre société historique et traditionnelle.  Plus la France cédera de son identité et plus elle laisse de l’espace à l’identité islamique conquérante. Distinguer les musulmans modérés des musulmans terroristes, c’est confondre foi et engagement politique. Nul ne peut enjoindre à un croyant d’être modéré dans sa foi, en regard comment présumer qu’un bon musulman est un musulman modéré, quand tous les musulmans, du plus violent au plus pacifique, sont nourris et vivent des mêmes textes sacrés fondamentaux ?

Les musulmans sur lesquels on peut compter, même très rares, sont ceux qui ont ramené leur croyance à la sphère privée et personnelle, à une morale et une spiritualité sans juridisme, sans revendications propres à l’islam religion de la masse et de la foule. Ces musulmans, bien que tristement minoritaires, sont compatibles avec toute société moderne. Ils se sont affranchis de tout ethnocentrisme ravageur ou sociocentrisme vindicatif caractéristique de l’islam.

Dans les années 50 un éditorialiste arabe et musulman, vivant chez lui et non en France, dit : « l’islam est une religion agressive et conquérante … Comme Robespierre il condamne jusqu’aux indifférents ». De nos jours, Boualem Sansal, depuis son Algérie où il vit, ne nous dit pas moins.

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