Sœur Ambroise-Dominique Salleron, dominicaine enseignante à Fanjeaux, petite-fille de l’écrivain Louis Salleron, publie la première biographie consacrée au grand moine normand Dom Gaston Aubourg (1887-1967), qui fut l’ami de son grand-père.
Grâce à l’importante correspondance du moine avec plusieurs amis, nous découvrons ce moine exilé de l’abbaye de Solesmes : en 1926, lors de la condamnation de l’Action française par Pie XI, l’abbaye de Solesmes, craignant d’être taxée d’insoumission, l’invite à s’éloigner de l’abbaye. Emportant avec lui son idéal monastique, son culte de la liturgie et du service de l’Église, il devient l’aumônier de la communauté des religieuses de Saint-Vigor-le-Grand, commune jouxtant Bayeux. Il étudie, enseigne, écrit, catéchise, donne des conférences et son rayonnement ne tarde pas à lui ouvrir les portes de l’Institution des Dames de la Vierge Fidèle de Douvres-la-Délivrande qui compte 120 élèves, plus une maison à Bruxelles et « La Maison » de la rue du Montparnasse à Paris.
En 1944, dom Aubourg sauve Bayeux de la destruction, lors du débarquement, en avertissant les Alliés que la ville a été évacuée par l’occupant. Il jouit pendant vingt-trois ans de la confiance et de l’amitié de Mgr François-Marie Picaud, évêque de Bayeux, mais son successeur prend rapidement ombrage de la personnalité et de l’action de Dom Aubourg. Il assiste à la déchristianisation, à l’effondrement des vocations et de la formation du clergé. L’auteur écrit ainsi :
La crise qui secoue l’Eglise lui paraît être en effet à trois niveaux. Le premier n’est que la conséquence, presque le symptôme des deux autres : ce sont les événements – comme l’affaire des prêtres-ouvriers – qui indiquent la démocratisation de l’Eglise, sa socialisation, son marxisme même. La crise s’arrêterait-elle là, elle serait grave déjà, mais non irrémédiable. Seulement, les deux autres étages sont plus graves, car plus fondamentaux. “Les âmes n’ont plus le goût de la Vérité” ; quant aux clercs, à tous les étages de l’administration ecclésiastique, ils ne savent plus penser, ne veulent plus penser, refusent la saine théologie. […]
Dom Aubourg ne condamne pas le peuple qui suit parce qu’il ne peut faire que cela. Il ne condamne pas les simples prêtres de paroisse, pasteurs là où ils sont. Il ne condamne pas même en premier lieu les prêtres-ouvriers, ceux qui ont tenté un essai honnête, sans donner dans le marxisme. En revanche, combien lourde est la responsabilité des évêques, de tous ceux qui savent et mènent le jeu, qu’ils soient prêtres ou non !
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