Analyse de Maxime Tandonnet, ex-conseiller immigration de Nicolas Sarkozy :
"Le droit de vote des étrangers non communautaires est une promesse du parti socialiste qui remonte à 1981. Pourquoi ne l’ont-ils jamais appliquée ? Simplement parce qu’ils ne le pouvaient pas : une révision constitutionnelle est nécessaire et le Sénat s’y serait opposé. Or, le Sénat vient de basculer à gauche et en cas de victoire socialiste aux élections présidentielles et législatives de 2012, la voie serait toute ouverte au droit de vote des étrangers. Ils le feraient et ce serait même l’une de leurs premières décisions avant les municipales de 2014. L’idéologie dominante pousse fortement dans le sens de cette réforme qui correspond à l’image d’un monde ouvert, aplani, d’un homme interchangeable, transparent et sans frontière. De nombeux rapports des Nations-Unies ou de l’Union européenne l’ont recommandée aux gouvernements. Les étrangers, nous dit-on, vivent et travaillent, payent des impôts, pourquoi les exclure de la participation à la vie citoyenne ?
Le droit de vote des étrangers serait, me semble-t-il, une faute politique aux conséquences désastreuses. La tradition républicaine française associe la citoyenneté (la participation à la vie politique) et la nationalité. Le droit de vote est une qualité qui se rattache, par définition, à la nationalité française. Remettre en cause ce lien aurait un effet inverse à celui recherché en vidant de son contenu, en banalisant, en neutralisant la qualité de national et donc en affaiblissant l’idée de nation, de communauté nationale, de République. Aujourd’hui, 150 000 personnes de nationalité étrangère obtiennent chaque année le droit de vote en devenant français. Si le droit de vote est accordé à tout le monde, y compris aux étrangers, l’intérêt de devenir français se trouve à l’évidence diminué, réduit à presque rien. Cela joue dans le sens, non pas de l’unité, mais de la division et du morcellement. En effet, nous verrions émerger dans la vie politique des partis se rattachant à tel où telle nationalité d’origine, accentuant ainsi la tendance au communautarisme, au fractionnement et aux déchirures."