Lors de son décès récent, le pasteur fondamentaliste Jerry Falwell, fondateur de la Moral Majority dans les années 1970, a été présenté comme celui qui a réconcilié les Américains évangéliques avec la politique, en faisant un des piliers de l’électorat Républicain. Chiffres à l’appui, un spécialiste de la droite religieuse conteste cette version sur le blog de First Things : personnage haut en couleurs, le Rev. Falwell correspondait sans doute surtout à la caricature des évangéliques que la gauche laïciste aimait entretenir, et a vu son rôle sur-évalué par les médias.
Pour l’auteur, le vrai tournant a eu lieu dans les années 1990, avec la Christian Coalition sous Ralph Reed. Cette dernière a pris ses distances avec le fondamentalisme abrasif de Fallwell, nouant des contacts avec des protestants non-évangéliques et avec des catholiques, et a privilégié l’action de terrain à la présence dans les médias. C’est au cours de ces années que les évangéliques ont retrouvé le chemin des urnes : leur taux de participation aux élections a grimpé de 19 points, rejoignant celui du reste de la population. Pour le plus grand bien des politiques pro-famille et pro-vie.