Auteur d’une enquête sur la droitisation de l’électorat européen, Victor Delage, responsable des études de la Fondapol, est interrogé par Eugénie Bastié dans Le Figaro. Extraits :
De puissants courants de droitisation sont à l’oeuvre partout en Europe. Des majorités de droite sont à la tête de vingt et un gouvernements sur vingt-sept, sans compter le Royaume-Uni. C’est aussi la droite classique et conservatrice qui a le plus de sièges au Parlement européen depuis 1999. Les données de notre étude montrent que la proportion de Français se situant à droite de l’échiquier politique s’est accrue sous le mandat d’Emmanuel Macron, passant de 33 % en 2017 à 38 % en 2021, alors que la proportion des citoyens se situant à gauche est restée stable (25 % en 2017 et 24 % en 2021).
La France n’est pas une exception, puisque l’on fait face au même constat dans les trois autres démocraties étudiées : 44 % des Italiens se situent à droite (31 % à gauche), 40 % des Britanniques (25 % à gauche) et 36 % des Allemands (26 % à gauche). […]
Quel rôle joue particulièrement la question de l’immigration dans cette droitisation de l’électorat ?
Dans les quatre pays de l’étude, l’immigration est sujette à d’importantes résistances, voire à une vive hostilité. La majorité des répondants (60 % des Français, des Allemands et des Italiens, 57 % des Britanniques) considèrent qu’il y a trop d’immigrés dans leur pays. Cette opinion, longtemps mise au ban du débat politique et médiatique, s’est largement répandue dans l’ensemble des électorats. Les sympathisants des partis de gauche sont toujours plus nombreux à vouloir que leur pays se ferme davantage, à l’exception de ceux du Parti démocrate italien.
Les sociétés d’accueil sont d’autant plus préoccupées que ces flux concernent particulièrement des migrants de culture musulmane. En France, alors que l’opinion selon laquelle « l’islam représente une menace pour la République » est largement présente dans le bloc de droite (81 %), la gauche apparaît très clivée sur cette question : 55 % des sympathisants du PS, 48 % de ceux du PCF ou de LFI et 42 % de ceux de EELV partagent cette crainte. […]
On a souvent tendance à faire de l’électorat de droite un électorat vieillissant, tandis que la jeunesse serait plutôt acquise aux idéaux « woke » ou écolos. Que montre votre étude?
Nos données décrivent une réalité bien différente. Dans l’ensemble des pays, 41 % des 18-24 ans et des 25-34 ans se positionnent à droite, soit un niveau comparable à celui des 65 ans et plus (40 %), et même supérieur à celui des 50-64 ans (36 %). À l’inverse, seuls 26 % des 18-24 ans et 22 % des 25-34 ans se placent à gauche, contre 31 % chez les 65 ans et plus et 29 % chez les 55-64 ans. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette inclination à droite de notre jeunesse, notamment la déception liée aux promesses non tenues de la démocratie sociale : sécurité, justice sociale et progrès. Le désir d’un retour de l’ordre et de l’autorité participe également à ce phénomène. Sur le long terme, cette droitisation des jeunes électorats pourrait renforcer l’ancrage des partis libéraux et conservateurs en Europe. […]
Montalte
Est-ce que cela se traduit sur le sociétal? Mariage gay, PMA-GPA, avortement, euthanasie? Et que veut dire être “de droite” si l’on pense comme la gauche libertaire là-dessus, si on ne se marie pas et qu’on divorce, si on exclut le christianisme de nos sociétés? (je ne parle même pas de PRATIQUER la foi chrétienne)
Prout
Entièrement d’accord. Etre contre l’immigration ne signifie pas “être de droite”. Tout cela est vu par des “chercheurs” qui ne savent même pas ce que “droite” et “gauche” signifient
La vraie droite c’est la droite nationale, la droite de conviction et pas la “droite classique” “conservatrice” ou “libérale”