François Bert analyse l'affaire Benalla et décrypte le comportement de Macron :
"[…] J’ai fait un parallèle très direct avec l’affaire de Villiers, qui a eu lieu il y a juste un an, et l’affaire Benalla. Un bon chef est obsédé par la mission. Il choisit donc des gens capables de le confronter, car son obsession est d’avoir un maximum d’éléments lui permettant de garantir la réussite de la mission.
Nous avons l’exact opposé de quelqu’un qui choisit des gens à sa dévotion, des disciples et des gens qui l’adulent. Mais c’est amusant de se rendre compte que ce sont ceux-là mêmes qui vont le perdre. Voir comment il a maltraité un grand serviteur de l’État qui a eu le malheur de lui rappeler son devoir, et voir comment il couvre quelqu’un qui a comme seul mérite d’être à sa dévotion, cela dit beaucoup de la personnalité d’un chef.
Privilégie-t-on la cour des admirateurs au détriment des capacités ?
Exactement. Il est très intéressant de voir le choix tel qu’il est fait, avec un rapport à la mission très problématique. Il y a également une absence totale de discernement dans la gestion de l’événement et de capacité à voir les enjeux.
Les différentes façons d’aborder les deux affaires à un an d’intervalle sont frappantes. La première avec une violence totale et la deuxième avec un silence absolu. Emmanuel Macron ne se positionne pas pour construire une équipe opérationnelle pour servir la France, mais positionne un système à sa dévotion. C’est un peu un voleur de gloire. Nous l’avons vu avec Johnny, Beltrame et les Bleus. Il s’agglutine à tous les endroits qui vont lui permettre de réfléchir sa superbe. En revanche, il est absolument absent du cloître du discernement qui lui permettrait de choisir une vision. Nous ne voyons pas où il en est dans sa vision.
On ne veut pas des transes, on veut du sens. Et le sens, c’est l’action de bon sens et en silence.
Le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron a pourtant vanté les capacités et les qualités d’Alexandre Benalla. Il est, selon lui, un spécialiste en matière d’organisation. La pression peut-elle expliquer que cet homme, qui a peut-être beaucoup de qualités, a tout simplement pété les plombs ?
La plupart des gens sont remplaçables. La seule chose qui ne l’est pas, c’est la capacité, étape après étape, à voir les enjeux et à les conduire. C’est là-dessus que l’on attend un chef. Les gens sont remplaçables. Même les héros sont remplaçables, et les héros tout seuls ne servent à rien. En l’occurrence, là, nous n’avons pas du tout un héros.
Cette personne a certainement des qualités, mais je pense que je peux vous présenter trois mille légionnaires capables de faire l’affaire, et avec beaucoup plus de retenue dans la violence. Ces liens plus que particuliers avec Emmanuel Macron sont, eux, en revanche, très troublants et inquiétants.
Le fait que son maintien enclenche un tel danger d’image et de fonctionnement au niveau de l’État montre la légèreté de notre conception de l’action politique."