Le cardinal Angelo Scola, patriarche de Venise, signe une tribune dans Le Figaro, sur l’épineux concept de laïcité :
"Selon des principes qui varient d’un pays à l’autre, que ce soit en France, en Italie et en Espagne – des pays dans lesquels le débat sur la laïcité est particulièrement fiévreux -, on explique normalement que l’État contemporain doit être laïc et neutre. Mais il convient de bien interpréter cette formule. Dans ses acceptions les plus communes, en effet, l’adjectif «laïc» ne signifie pas seulement «areligieux», mais il résonne parfois comme un synonyme d’«antireligieux». […]
Obliger les croyants à se comporter et si Deus non daretur […] n’est-ce pas un prix trop élevé pour vivre en société ? Il n’est pas possible d’exclure, du moins dans les principes, que la motivation religieuse puisse être importante dans l’espace public. Il est acquis que la marginalisation de la religion dans la sphère sociale n’est pas acceptable pour les cultures non européennes. Pour ces dernières, en effet, la religion est fondamentalement un acte public. […]
Que pourrait être alors le nouveau profil public que les circonstances historiques actuelles exigent des religions, du moins en Occident ? Avant tout, il me semble souhaitable d’affirmer la nécessité d’une sphère publique plurielle et religieusement qualifiée, dans laquelle les religions rempliraient un rôle public, bien différencié des institutions de l’État et distinct de la société civile elle-même.
Le dialogue entre les grandes religions a plus que jamais besoin de cette nouvelle physionomie sociale. Il exige que le pouvoir politique, face aux religions, passe d’un comportement de tolérance passive à une attitude d’«ouverture active», qui ne réduit pas l’importance publique de la religion aux espaces accordés par l’État."
rheracles
Tout cela est sûrement très vrai, mais toutes ces sphères plurielles ça donne le tourni…
Il faudrait retrouver cette limpidité merveilleuse, cette simplicité toute bête mais si efficace, par exemple:
“Le salut de la France ne peut être obtenu que par la reconnaissance du règne du Christ sur la nation” (st Pie X)
hb
D’accord avec Rheracles, mais aujourd’hui, même chez les catholiques bien pensant ou croyant l’être, qui parle du “règne de Dieu sur les nations”?
Un règne est sans partage, total, absolu, sans opposants acceptés.
Bref très antidémocratique.
Illusion, disent les libéraux et les démocrates chrétiens.
Dictature, disent les centristes et les bénis oui oui.
Fascisme disent les gôôchistes.
Ils oublient tous une chose: Dictature oui, mais dictature de l’Amour.
mobix
Le gouvernement français a une attitude d’ouverture active vis-à-vis de l’Islam, c’est certain.
Pascal G.
A noter : ce sont les pays du sud de l’Europe, catholiques, et dans lesquels même sous Concordat (Italie, Espagne) l’Eglise a perdu tout rôle dans l’enseignement, la médecine, les hôpitaux etc….. (comme en France sous régime de séparation) que le laïcisme est le plus agressif.
En Allemagne où l’Eglise gère de nombreuses institutions médicales et sociales, et où la théologie est enseignée dans des facultés d’Etat comme une matière à part entière, ce débat est bien moindre.
Leçon : puis l’Eglise se rallie au monde, en renonçant à tout rôle et missions sociales, plus le monde la rejette. On reconnaît l’arbre à ses fruits.