Pourquoi, prêtre de Jésus-Christ, je veille?
Ce soir, toute l'Eglise Catholique, unie à nos frères Chrétiens, va vivre la Vigile Pascale, cette grande Veillée durant laquelle la Vie à vaincu la mort, la Lumière a dissipé les ténèbres, la Vérité a remplacé l'erreur. Le Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité, Alleluia !
Comment en cette nuit de victoire ne pas penser à tous ceux qui, depuis maintenant plus d'un an, veillent pacifiquement et silencieusement, en écoutant de beaux textes, religieux ou non, pour dire oui à la famille, au mariage entre un homme et une femme, au grand don qu'est l'enfant, à la Vie ? Est-ce du temps perdu ? Non, car tout ce qui dit Oui est plus fort, même si les apparences peuvent sembler dire le contraire, que toutes les négations d'un monde qui désespère de lui-même. C'est ce qui s'est passé pour le Christ : le scandale de la mort sur la Croix a été vaincu dans le silence de la nuit de Pâques.
Mais demandera-t-on, est-ce la place d'un prêtre ? N'a-t-il pas mieux à faire ? Oui, c'est sa place. Le Pape François a dit récemment que le berger doit avoir sur lui l'odeur du troupeau. Comment l'aura-t-il s'il s'en tient éloigné ? Certes le troupeau qui lui est confié n'est pas seulement là où l'on veille, mais il y est aussi. Il a effectivement beaucoup à faire par ailleurs, mais il peut avoir aussi à intégrer cela en plus dans son agenda. Le prêtre est le serviteur d'un Dieu qui nous a montré comment prier, comment aller vers les foules, comment les soigner et les guérir de toute maladie, mais aussi d'un Dieu qui a veillé, bien souvent durant sa courte vie ici-bas, et spécialement le soir du Jeudi Saint, durant son agonie. Et le Christ n'est-il pas en agonie encore aujourd'hui dans notre monde et dans notre pays qui, par des lois mortifères, ne cessent de Le crucifier dans les petits et les faibles ? Le prêtre est donc appelé à sortir de son bureau, de ses réunions, pour prier et célébrer la Ste Liturgie, aller vers les foules, mais aussi à veiller avec son Maître. Cette veille peut prendre bien des formes, et celle des Veilleurs en est une.
Le mouvement des Veilleurs est aconfessionnel et apolitique. Le prêtre n'y est pas pour faire de l'apostolat ni pour prêcher. Sa présence se veut simplement le signe de la présence de Dieu dans notre monde à tout homme et à toute femme de bonne volonté.
Chers Amis Veilleurs à travers notre beau pays, continuez sans vous lasser à veiller pour dire Oui à la famille, au mariage, à l'enfant, à la Vie, quels que soient votre foi et vos opinions politiques. Ici et là, des prêtres se joignent à vous. Ils sont parmi vous, simplement, apportant leur sacerdoce là où vous apportez vous-mêmes les différentes réalités de vos vies. Avec vous ils veillent, chantent l'Espérance, priant aussi dans leur coeur. Ils désirent apporter discrètement la présence du Christ vainqueur de la mort, du mal et du péché, Lui qui nous dit: «Courage, j'ai vaincu le monde».
En cette Vigile Pascale, l'Eglise chante dans sa Liturgie :
«Voici cette nuit dont il est écrit: Et la nuit brillera comme le jour, et la nuit sera la lumière de ma joie. Voici la sainteté de cette nuit qui disperse les crimes, qui efface les fautes, qui rend l'innocence aux coupables et aux affligés l'allégresse ; elle dissipe les haines, elle apporte la concorde et courbe les orgueilleux impérieux».
Oui, chers Amis Veilleurs, le Christ est vraiment ressuscité, Alleluia !
Abbé François-Marie Blaïn du Poët+ (diocèse d'Orléans)