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Valeurs chrétiennes : Education

Ecole : une circulaire pour donner plus de liberté aux chefs d’établissement

Ecole : une circulaire pour donner plus de liberté aux chefs d’établissement

Dans une tribune publiée dans Le Figaro, Michel Valadier est directeur de la Fondation pour l’école et ancien chef d’établissement, salue le projet de circulaire précisant le rôle des directeurs d’école :

Comme chacun sait, l’école publique va mal. Une des principales causes internes de cette crise vient de la double hiérarchie qui s’exerce sur le professeur – inspecteur et directeur – et qui empêche trop souvent ce dernier de faire ce qui serait bien pour son école et pour ses élèves. Depuis 2023, les ministres qui se sont succédé cherchent à faire évoluer le « référentiel métier des directeurs d’école ». Une nouvelle version en préparation provoque l’ire des syndicats alors que ce document précise et adapte le rôle des directeurs d’école, leur permettant de mieux œuvrer au service des élèves et des familles.

Le journal L’Humanité sonne la charge en publiant le 27 juin dernier un article intitulé : « Le gouvernement veut transformer les directeurs d’école en contremaîtres ». Le ton fleure bon la lutte des classes en nous servant la caricature du contremaître hurlant ses ordres aux pauvres ouvriers, pour le compte du patron exploiteur. Loin d’être infamant, le parallèle soulève finalement la question centrale : qu’attend-on d’un chef ? Qu’il incarne une vision, qu’il s’occupe de ses collaborateurs, qu’il sache faire preuve d’autorité et fasse grandir les personnes qui lui sont confiées en veillant au bien commun.

Le texte prévoit de renforcer le rôle d’accompagnement pédagogique du directeur pour mieux l’inciter à homogénéiser les méthodes employées dans son école. Les syndicats s’inquiètent du « rôle de surveillance » que cela entraînerait et qui mettrait en danger la liberté des professeurs. Plus grave à leurs yeux, les directeurs « se substitueraient aux inspecteurs de l’Éducation nationale, seuls agents aujourd’hui légitimes pour évaluer les pratiques pédagogiques des professeurs ». Le fait que le directeur se préoccupe de la cohérence et de la progression des enseignements d’une classe à l’autre leur semble inacceptable. Et l’on se demande pourquoi l’école va si mal ! Il est également saisissant de constater que les grands absents dans les arguments développés par les opposants à cette circulaire sont les élèves. Ce projet est-il bon pour eux ? Ce n’est apparemment pas le sujet…

En réalité, les syndicats ne souhaitent pas que le directeur… dirige. Pour eux, le directeur doit rester un pair désigné pour organiser la vie de l’école, mais sans autorité. Le supérieur hiérarchique des professeurs doit rester l’inspecteur et tant pis si celui-ci passe très rarement dans chaque école. Ils appellent de leurs vœux le retour de la première circulaire qui date de… 1908. Le système de primum inter pares a peut-être fonctionné à l’époque, mais en 2025 presque tout a changé : l’implication des parents, le niveau scolaire, le respect de l’autorité, l’arrivée d’un nombre important d’élèves non francophones, la gestion des smartphones, de l’IA, etc.

Tout le monde s’accorde sur le fait que l’école publique traverse une crise terrible. L’école privée s’en sort mieux, entre autres parce que le directeur exerce une responsabilité managériale assumée sur les professeurs même si, dans les écoles sous contrat, il n’a pas la responsabilité hiérarchique. Et le succès grandissant des écoles libres dites hors contrat vient en grande partie de là.

Loin d’aggraver la situation, préciser le rôle du directeur, ses responsabilités et lui donner le pouvoir correspondant est sans doute l’atout maître qui peut aider l’école publique à mieux régler le quadruple défi existentiel qui se pose à elle aujourd’hui : sécurité, autorité, cohérence, résultats. Laisser diriger et décider le responsable qui est sur le terrain est un principe simple qui fait ses preuves dans toutes les organisations humaines.

Par ailleurs, pourquoi voir une menace pour les professeurs si l’élaboration du projet pédagogique est placée sous la responsabilité du directeur alors qu’il est déjà chargé de sa mise en œuvre ? Au contraire, une plus grande cohérence des enseignements donnés aux élèves ne peut que renforcer l’esprit d’équipe parmi les professeurs tout en améliorant les progrès des élèves. Certains opposants à cette réforme craignent enfin que le rôle accru du directeur entraîne un esprit de compétition entre écoles par « une mise en concurrence implicite du fait que le directeur serait chargé d’analyser les résultats des élèves aux évaluations nationales ». Cette crainte, purement hypothétique, fait fi de la nécessité de se remettre régulièrement en cause, d’accepter de comparer ses pratiques et de s’inspirer du succès des autres.

Il y a toutefois un point soulevé par les syndicats qui mérite l’attention : pour exercer correctement sa mission, le directeur a besoin de temps pour diriger ; ce qui suppose d’augmenter sa disponibilité. Il est indéniable que ce texte constitue une avancée qu’il convient de saluer car – sans aller encore jusqu’au bout de sa logique propre – il va dans le bon sens, ce qui profitera in fine aux élèves. Alors, tenez bon madame Borne, mettez cette circulaire en œuvre !

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