D'Olivier Bault dans Présent :
"[…] Quand la croissance française est retombée à un rythme annuel de moins de 1% au premier semestre de cette année, la croissance hongroise atteignait un rythme annuel de 4,7% contre 5,1% pour la croissance polonaise. En 2017, le PIB hongrois a crû de 4%, le PIB polonais de 4,6% (la deuxième plus forte croissance de l’UE, après la Lettonie) et le PIB français de 2,2%. Chose intéressante, la croissance des économies hongroise et polonaise s’est accélérée depuis l’arrivée des « populistes » au pouvoir. Les politiques de la coalition des socialistes et des libéraux au pouvoir à Budapest jusqu’en 2010 avaient réussi à réduire la croissance à des taux quasi nuls de 2007 à 2010, avec même une contraction de près de 7% en 2009 sous l’effet de la crise financière de l’automne 2008. Depuis 2013, les politiques « populistes » d’Orbán ont fait revenir la croissance économique, avec des taux compris entre 2,1 et 4% par an. En Pologne, où le PiS est arrivé au pouvoir à l’automne 2015, la croissance atteinte en 2017 était la plus forte depuis 2011.
Et le chômage dans tout ça ? En France, selon les statistiques Eurostat, il était encore de 9,2% de la population active en juin 2018, et le deuxième trimestre a marqué une légère hausse par rapport au premier trimestre. En Hongrie, selon les mêmes statistiques (et donc selon la même méthode de calcul), le taux de chômage en juin était de 3,6% contre 3,7% en Pologne. Dans les deux pays de l’ex-Europe de l’Est, le chômage n’avait jamais été aussi bas. En Hongrie, le chômage était à 11% à l’arrivée du Fidesz au pouvoir. En Pologne, il faut remonter à l’époque communiste pour trouver des taux de chômage plus bas.
Les déficits publics, me direz-vous ! Tout le monde sait bien que les libéraux sont de bons gestionnaires tandis que les populistes dépensent sans compter. Eh bien, non. Malgré la mise en place par le Fidesz et le PiS de politiques natalistes qui coûtent cher par rapport aux capacités financières de leur pays, la Hongrie comme la Pologne ont fortement réduit leurs déficits depuis que les libéraux ont été remerciés par les électeurs. Viktor Orbán avait hérité à son arrivée au pouvoir en 2010 d’une dette publique équivalant à plus de 80% du PIB. Cette dette a depuis été réduite à 72% du PIB, avec un déficit des finances publiques à 2% du PIB en 2017. Quant aux gouvernements de Beata Szydło et de Mateusz Morawiecki en Pologne, ils ont, grâce à une lutte efficace contre la fraude à la TVA qui avait pris une ampleur énorme sous les gouvernements de Donald Tusk, ramené sur deux ans la dette publique de 54 à 50% et réduit le déficit des finances publiques de 2,6% en 2015 à 1,7% en 2017. La recette donnée par Mme Szydło aux libéraux pour réduire les déficits : « il suffisait de ne pas voler ». Dans la France de Macron, pourtant plus riche, le déficit des finances publiques a été de 2,6% du PIB en 2017 avec une dette publique équivalant à 97% du PIB, contre 96,6% en 2016 !"