De Hervé Bry, président de la CFTC métallurgie des Yvelines, à propos du décès d'Edmond Maire, mort dimanche 1er octobre à 86 ans :
"Ce petit témoignage personnel, éditorial qui n'engage que son auteur : Edmond Maire restera associé pour moi à André Bergeron et à Georges Séguy, comme figures du syndicalisme français de mon enfance. André Bergeron m'apparaissait alors avoir discours intelligent et pragmatique, il avait chez nous les faveurs paternelles. Edmond Maire me paraissait très "à gauche" par rapport au référentiel social de ma famille qui était plutôt centre-droit (gaullisme social). Edmond Maire était toujours associé à Georges Séguy, de la CGT : ces noms étaient synonymes de "grève" , feu de palettes et de pneus. J'avais entre 5 et 15 ans : ces souvenirs sont à prendre avec recul, bien sûr.
Edmond Maire avait été, entend-on aujourd'hui, le réformateur de la CFDT. C'est tout à fait vrai. Mais il était aussi un ancien de la CFTC, un de ceux qui ont œuvré au virage à gauche toute des années 1960-1964 : abandon de la référence chrétienne, création de la CFDT, alliance avec la CGT dans les années 1965-1972, même si il n'a été le secrétaire général de la CFDT qu'à partir de 1971 et artisan de la prise de distance d'avec la CGT.
C'est l'homme qui, ayant renié l'anthropologie chrétienne pour une anthropologie marxiste, puis ayant infléchi la CFDT vers un matérialo-pragmatisme dans le sillage de la refondation mitterrandienne du socialisme à la française, est l'archétype de la CFDT : fascinée par les pays socialistes du temps de la guerre froide, synchrone avec l'air du temps contestataire et libertaire (droit à l'avortement, mariage pour tous…), ce qui garantit une audience certaine à défaut d'un cap constant et parfois, reconnaissons-le, des prises de position courageuses et justes.
Une personnalité nous quitte – nous espérons pour elle la paix et la lumière – le syndicat CFTC présente à sa famille notre sympathie, parce qu'un homme est passé dans l'Histoire de France, y laissant certainement une trace durable, et que la perte d'un être cher est toujours un vide, une tristesse mais à la fois une fierté, qui a sa part de légitimité, nonobstant ce qui nous sépare."
Tonton Jean
Très bon commentaire.
J’ai été syndiqué à la cftc à partir de 1958, et ce que dit notre ami est véridique.
Au moment de la scission, je suis resté fidèle à la CFTC, et nous l’avons relancée pas facilement mais surement.
Mais aujourd’hui où en est-elle, notre CFTC?
Albert
Edmond Maire était le prototype-même du laïc chrétien post-conciliaire, au cerveau lavé à la doxia de Vatican II – dont on ne soulignera jamais assez les dégâts causés à l’Église et aux sociétés – qui, au nom d’une fumeuse “pastorale”, prônait l'”enfouissement” comme mode d’évangélisation, avec les brillants résultats que l’on sait, notamment en face d’un islam conquérant et terroriste…
Tonton Jean
Cher Albert,
M. Edmond Maire n’est pas issu de Vatican-Deux.
il a fait partie de ceux qui ont fabriqué V-II.
je me souviens en 1953, un de mes professeurs, un père lazariste, nous conseillait, lorsque nous serions dans le monde du travail, de rentrer à la CGT pour la convertir de l’intérieur. C’est ce qu’avaient fait les prêtres-ouviers, par la suite interdits par le vénérable Pie XII.
Irishman
Bonjour, Tonton Jean !
Je suis trop jeune pour avoir connu les prêtre ouvriers, mais je crois bien, au vu et au su de l’expérience, que c’est plutôt la CGT (et donc les communistes) qui ont converti ces braves prêtres… bien naïfs.
L’idée était excellente, mais il y a eu une énorme erreur de la part de l’Eglise : elle a oublié que la classe ouvrière (encore existante à l’époque) était surveillée et contrôlée par le PCF et ses nervis ! Et quand le PCF contrôlait quelque chose, halte-là, on ne passe pas ! Pas touche !