Anne Coffinier est interrogée par Atlantico sur l'équilibre entre enseignement public et privé sous contrat. Extraits :
"il faut revenir sur la règle des 80% / 20% qui est d’ailleurs au cœur du débat qui nous occupe. Cette règle n’a plus aucune existence juridique, depuis la loi de finance rectificative de 1985. C’est une idée qui s’est consolidée sous forme d’une coutume politique. Ce supposé équilibre n’est en réalité par accepté par les extrémistes de gauche, le parti « laïcard », acquis au slogan « à école publique, argent public et à école privée, argent privé ». Pour eux, tout l’argent public – c’est-à-dire celui des contribuables – doit aller au profit exclusif de l’école publique ; les 20% ne sont dans ces conditions que la limite haute de ce qu’ils envisagent concéder au privé, à titre de tolérance et lorsqu’ils estiment ne pas avoir le choix.
Pour notre part, à la Fondation pour l’école, nous ne souscrivons pas à cette fascination quasi religieuse pour les 80 / 20%. Il s’agit avant tout d’un compromis de circonstance, pas d’une règle d’or à graver dans le marbre. Cette pseudo-règle est née dans un contexte précis qui est l’après 1984 avec un gouvernement de gauche qui avait fait face à une mobilisation exceptionnelle de la population et qui a abouti à une impasse qui s’est soldée par la démission d’Alain Savary et la nomination de Jean-Pierre Chevènement. A la suite de cela, il fallait trouver une solution d’apaisement qui s’est matérialisée dans le gel de la situation telle qu’elle était à l’époque. C’est-à-dire que l’Etat répartisse la création de poste à 20% pour le privé et 80% pour le public, sans tenir compte des besoins effectifs constatés dans les écoles au regard du nombre d’inscrits.
Mais ce qui correspondait à un compromis à un moment donné, dans un contexte précis n’a pas de raison d’être valable ad vitam aeternam, et on voit mal pourquoi cette règle d’or devrait s’étendre indéfiniment dans le temps en matière de répartition des ressources financières publiques. […] Les moyens devraient être octroyés aux écoles au prorata des demandes d’inscriptions reçues et de leur évaluation par les familles. En démocratie, c’est la demande des parents qui devrait primer. […]"
Cosaque
C’est règle est effectivement un des verrous dictatoriaux à faire tomber pour donner de l’air à l’Ecole Libre.
HS
Un carcan dont seul le chèque-éducation pourra libérer l’enseignement “libre”…Après 1984 , un objectif trentenaire pour 2014 ?
C.B.
Et pourquoi pas une règle 80% pour les hôpitaux et centres de santé et seulement 20% pour les praticiens libéraux, qui leur serait versé directement: vous allez vous faire soigner les dents chez un dentiste libéral, hé bien, payez le, mais vous ne serez pas remboursé… Ça hurlerait vite!
lama12
C’est un véritable scandale; mais qui va le faire cesser ?
A vue humaine personne, malheureusement (pour les enfants).
jo Lebout
Madame Coffinier, je suggère que vous ne tombiez plus dans le piège du langage “à école publique, argent public et à école privée, argent privé ».
Vos écoles sont ouvertes à tous, donc tout à fait publiques… Seule l’initiative de les créer est privée.
Il faudrait donc trouver une appellation qui tienne compte de cela. Par exemple, (mais ce n’est pas encore très bon) “École publique d’initative privée” par opposition à “École publique d’État”.
À vos neurones…
Merci de ce que vous faites (une de mes filles est instit formée par vous).