De Christian Daisug dans Présent :
"Un aspect de ces primaires a été presque totalement occulté par la grosse presse : c’est l’enthousiasme du public républicain à chaque fois qu’il est sollicité pour exprimer son avis sur tel ou tel candidat. Jamais les votants n’ont été aussi nombreux. Jamais les urnes n’ont été aussi pleines. En Caroline du Sud, 603 000 républicains se sont déplacés pour choisir entre sept candidats, soit 20 % de plus qu’en 2012. Dans le Nevada, 34 000 personnes ont apporté leur soutien à Trump : de mémoire d’homme, on n’avait jamais vu un tel résultat pour le vainqueur local. Chez les démocrates, c’est le contraire. La baisse de participation se situe à 30 % en moyenne. Il est vrai que l’on chercherait vainement les raisons que pourraient avoir Hillary Clinton et Bernie Sanders de déchaîner les foules. Ce contraste entre les deux partis constitue l’une des nouveautés de ces primaires.
– L’argent coule à flots depuis un mois et sans doute ce flot grossira-t-il démesurément jusqu’aux conventions nationales des partis. L’argent fait partie du scénario et du décor. Tous les quatre ans, des montagnes de dollars fondent en quelques mois sur la route des primaires. Il a fallu deux milliards de dollars pour la réélection de Barack Obama en 2012. Combien faudra-t-il cette année pour que l’Amérique ait un(e) président(e) ? L’argent est comme une drogue dans le système électoral. Mais, parfois, sa présence tombe dans le grotesque. On a dépensé en quelques semaines 150 millions de dollars avant de s’apercevoir que Jeb Bush n’avait pas l’étoffe d’un chef d’Etat. Pourquoi cette obstination ? Jeb a un père et un frère qui furent président. Et qui ont conservé des relations dans la haute finance. Autre caractéristique de ces épreuves pas comme les autres : le gaspillage.
– Jamais les Américains ne se sont sentis aussi frustrés, méprisés, trahis par le régime et le système. Les sept années écoulées sous la conduite d’Obama ont dramatisé tous les défis lancés à la nation : des problèmes laissés sans solutions et des solutions qui créent d’autres problèmes. L’Amérique est en crise – une crise structurelle – parce qu’on ne croit plus au bon fonctionnement de ses institutions. La présidence a perdu son lustre et le Congrès son aura. Pour la première fois dans l’histoire des primaires, un homme sans expérience politique, sans mandat électif, sans approche du pouvoir est parvenu en tête du peloton. Il a déjà réussi à éliminer cinq gouverneurs. Il va en écarter un autre ainsi que deux sénateurs. Pourquoi cette hécatombe alors que depuis 1789, l’homme qui entre à la Maison Blanche est toujours un homme public ayant occupé de flatteuses fonctions ? Les Américains veulent du neuf, de l’anti-régime, de l’anti-système. Ils veulent un homme qui sait négocier et gagner. D’où le succès de Trump."