Valeurs actuelles consacre un dossier aux relations entre l'Eglise et les franc-maçons. Mgr Rey y est longuement interrogé. Extraits :
"il n’est pas possible de faire partie d’une loge franc-maçonne et en même temps de professer la foi catholique. L’appartenance à la franc-maçonnerie, c’est l’adhésion à un système de pensée qui s’inscrit dans le relativisme, dans une négation de la place de la grâce de Dieu par rapport à l’effort de l’homme, dans un système qui relativise la place de l’Église aussi, et qui peut se définir comme l’exaltation d’une intelligence coupée de l’amour. C’est une nouvelle forme de gnosticisme.
Mais ne faut-il pas distinguer différents types de maçonneries ?
Il y en a en effet pour qui l’attestation de Dieu est tout à fait fondamentale, en une forme de déisme : mais de quel Dieu parle-t-on ? Pour nous, chrétiens, on parle de Dieu manifesté en Jésus-Christ, qui se révèle à travers le magistère de l’Église. Dieu ne relève pas simplement de la subjectivité mais s’est manifesté comme logos, c’est-à-dire comme raison, comme sagesse. Et c’est en lui qu’on trouve le critère suprême de l’intelligence, la pleine explication du sens de la vie. La franc-maçonnerie, en revanche, est marquée par le rationalisme : tout ce qui ne se justifie pas par la raison raisonnable n’a pas de valeur intrinsèque ; la foi est vite reléguée dans le subjectivisme et, pour certains, dans l’obscurantisme. Cela veut dire que, dans son essence même, au-delà des différenciations, la franc-maçonnerie est un principe qui porte atteinte à l’enseignement de l’Église.
[…] [P]our les maçons, il n’y a pas de vérité absolue ; tout part de l’intelligence de l’homme, de l’explication que l’homme donne de lui-même et du sens des choses ; la vie n’est plus reçue, mais elle est construite. C’est l’homme qui est chargé de transformer le monde par une connaissance intime des lois de l’Univers (c’est toute la vision de l’architecte), c’est l’homme qui se sauve par son intelligence, il n’a pas besoin de Dieu. Le recours à Dieu relève alors plus de l’émotion intérieure que de la grâce qui, pour nous, chrétiens, est au contraire le premier ressort de notre action."