D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
Je pense qu’il est arrivé à certaines personnes, en voyageant à travers l’Italie, de se trouver devant des églises et des basiliques qui exigent un billet d’entrée pour y accéder ou pour les visiter. Certes, cela ne concerne pas la participation aux célébrations liturgiques mais, si quelqu’un souhaite y entrer pour une visite pieuse (c’est-à-dire non pas strictement touristique, mais inspirée par un désir spirituel) afin de prier devant les œuvres d’art conservées dans ces églises, il doit payer un billet.
Or, pour être tout à fait honnête, les églises et les basiliques doivent parfois faire face à des coûts d’entretien très élevés ; on peut donc comprendre que certaines d’entre elles doivent se débrouiller comme elles peuvent pour trouver les fonds nécessaires à un entretien adéquat. Cela dit, le fait de faire payer l’entrée d’une église n’est pas exempt d’inconvénients. Une note du 31 janvier 2012 du Conseil épiscopal permanent de la Conférence épiscopale italienne déclare :
« L’adoption d’un billet d’entrée payant n’est admissible que pour la visite touristique de certaines parties du complexe (crypte, trésor, baptistère autonome, clocher, cloître, chapelle isolée, etc.), clairement distinctes du bâtiment principal de l’église, lequel doit rester accessible à la prière. »
Je suis sûr que les évêques ne manqueront pas de remarquer que, dans la réalité, dans certaines églises, il faut payer précisément pour accéder au bâtiment principal. Mais, répétons-le, on peut comprendre cette situation, compte tenu du contexte ecclésial dans lequel nous vivons.
Cependant, si nous acceptons le principe selon lequel nos églises doivent parfois recourir à de telles mesures pragmatiques — aussi parce qu’elles sont de plus en plus désertées à cause de la baisse massive du nombre de fidèles (et donc des offrandes) — pourquoi ne pas accepter avec le même pragmatisme que, lorsqu’on y organise des concerts avec des musiques adaptées au lieu et interprétées par des musiciens professionnels, on puisse faire payer un billet d’entrée afin de permettre à ces musiciens de vivre de leur travail ? Un travail qui, grâce au pouvoir de la véritable musique sacrée (et non pas de celle que nous sommes malheureusement contraints d’entendre dans beaucoup de nos églises), élève les âmes vers les réalités célestes.
Il existe une Instruction de la Congrégation pour le Culte Divin de 1987 qui stipule que l’entrée aux concerts doit être libre et gratuite. Cette disposition peut cependant être remise en question à la lumière de la Doctrine sociale de l’Église, qui enseigne que l’ouvrier a droit à son salaire. Dans la même Instruction, il est précisé que l’organisateur du concert est tenu de rembourser d’éventuels dommages causés à l’église — ce qui peut être juste —, mais il n’est jamais fait mention des coûts qu’une organisation musicale de haut niveau doit supporter pour organiser un concert dans une église : cachets des chanteurs et instrumentistes, matériel publicitaire, programmes, etc. Il s’agit déjà de plusieurs milliers d’euros qui, à cause d’une disposition inéquitable, ne peuvent être remboursés, rendant l’apostolat de ceux qui se consacrent à l’évangélisation par la grande musique extrêmement difficile.
Il ne faut pas non plus oublier qu’aux dépenses mentionnées ci-dessus s’ajoute souvent celle de la soi-disant « offrande » pour l’église elle-même, une « offrande » qui n’est pas toujours si spontanée et qui, parfois, est même directement fixée. Ainsi, le message qui passe est le suivant : « Vous, les musiciens, n’avez droit à rien, car vous devez travailler gratuitement, tandis que tout nous est dû ! » Chacun peut percevoir la profonde injustice qui se cache derrière une telle situation.
