Deux jours après l’échec retentissant du sommet de Bruxelles, deux commissaires européens ont estimé que les non français et néerlandais à la Constitution traduisent une méfiance face à l’élargissement sans fin de l’UE.
Le commissaire italien chargé de la Justice et des Affaires intérieures, Franco Frattini, a déclaré dans un entretien publié lundi par le quotidien Il Messagero que le processus devait désormais être ralenti pour tenir compte de cet état d’esprit. Frattini a ajouté que Sofia et Bucarest, dont l’adhésion reste prévue pour le 1er janvier 2007, avec une année de délai en cas de problème, risquaient d’être affectées.
Le commissaire à l’Elargissement, Olli Rehn, a insisté sur le même thème dans un discours prononcé à Bruxelles devant un club de réflexion européen. Tout en insistant sur le fait que la date du 3 octobre n’était pas remise en question, il a estimé qu’Ankara devait faire plus de progrès sur les droits de l’homme avant de pouvoir entamer des négociations qui s’annoncent longues.
Le moment de vérité viendra quand un mandat de négociation devra être défini pour la Commission européenne. Cette dernière présentera une proposition à ce sujet le mois prochain. Olli Rehn a toutefois minimisé le risques que fait peser la crise actuelle sur le processus d’élargissement.
Le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy, a souligné dimanche sur Europe 1 qu’il fallait être "plus dur". "Aujourd’hui, nous avons une difficulté pour trouver le mode de vie à 25 et il est évident que nous devons être de plus en plus durs sur les critères qui font que tel pays ou tel autre entre dans l’Union européenne". "L’opinion publique est globalement contre l’élargissement. Quand vous voyez les dégâts du manque de pédagogie sur l’élargissement sur dix pays qui étaient encore en dictature il y a dix ans, eh bien vous vous rendez compte qu’il faut faire très attention sur les critères".