En Espagne, la Communion Traditionaliste Carliste (ou CTC), une organisation politique espagnole fondée en 1986, donne un avis intéressant en vue des prochaines élections législatives (le 20 novembre) :
"Le système politique espagnol s’enferme chaque fois plus dans une espèce de « tournisme » dans lequel les deux grands partis et leurs satellites nationalistes, au delà des nuances, partagent une même vision du monde, de la société et de la politique. L’urgence d’expulser le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) est l’excuse qui aveugle beaucoup de nos compatriotes. Mais dans le fond ils savent que le PP (Parti Populaire) va être plus que la même chose, même s’ils ont peur de l’exprimer.
Le carlisme, la voix de l’Espagne traditionnelle, manque actuellement d’une basse sociale suffisamment structurée pour affronter en solitaire des élections générales. Nous pourrions utiliser la campagne électorale, – comme nous l’avons fait dans d’autres occasions, pour faire de la propagande, mais avec cela nous ne donnerions pas de réponse à un besoin urgent : que dans les institutions entrent des voix pour défendre des principes pré-politiques de base (comme sont le droit à la vie, le droit de la famille, de la liberté d’éducation pour les parents et le bien commun).
Dans ce sens, nous avons pris la décision de ne pas présenter à cette occasion de candidatures en solitaire. Nous entendons que l’électorat catholique en Espagne ne veut plus de propagande : elle veut des résultats. […]
Javier Garisoain, secrétaire général de la CTC, déclare à InfoCatólica :
"nous sommes en train de dénaturer l’acte de vote en le traitant comme s’il était quelque chose de sacré. C’est un piège du système partitocratique, un leurre pour donner une apparence respectable à un système chaque fois plus tyrannique. Que chacun vote pour ce qu’il peut, ou qu’il considère la possibilité d’une abstention active (qui soit peut-être l’authentique « moindre mal » à ce moment là), mais surtout, s’il veut aider dans la lignée des principes non négociables, qu’il fasse quelque chose pour que cela ne passe pas aux prochaines élections… Ou qu’il nous aide pour que nous essayons de faire quelque chose.
InfoCatólica : À quoi doit-on qu’en Espagne, où il y a une majorité de catholiques, il n’y a aucun parti politique qui les représente? En d’autres termes, comment expliquez-vous la démobilisation actuelle des catholiques, pratiquement totale, dans la vie politique ?
Le problème c’est le libéralisme. Une idéologie naturaliste, désacralisatrice, laïciste, individualiste, volontariste… qui renie la tradition de nos peuples, qui enferme la transcendance dans le domaine intime de la conscience individuelle, qui exclut la foi de la vie publique. Et le problème le plus grave c’est le catholicisme libéral qui nous a amenés à cette situation absurde, – et également très « antidémocratique », dans laquelle une nation avec une majorité de chrétiens n’a pas de lois chrétiennes."
Rom Dyli
On peut encore reprocher le manque de précision de la langue francaise. En effet, quand ce cher Monsieur parle de libéralisme, qu’est ce qu’il sous entend?
Liberalisme en francais, cela signifie la liberté economique. Peut être est-ce une erreur de traduction… On pourrait traduire ce qu’il décrit par “libertaire”, ou “individualiste” au sens pejoratif du terme.
Dans ce domaine, l’Anglais est plus précis, et le mot “liberal” a un sens gauchiste.
Il faut donc être plus précis dans les termes que l’on utilise…
[Le texte original est ici :
http://infocatolica.com/?t=noticia&cod=10296
Il reste à connaître le sens précis de liberalismo en espagnol.
MJ]
PK
C’est rafraîchissant… et comme par hasard, on pourrait coller mot pour mot l’article pour la France…
[C’est bien pour cela qu’il m’a semblé utile. MJ]
PG
Dire que c’est le libéralisme qui dénature la conscience catholique est une erreur d’analyse grave. Elle produit la démobilisation qu’elle dénonce, par erreur de ciblage du danger réel pour la morale naturelle : l’étatisme du socialisme soft.
Car le libéralisme n’a pas été au pouvoir en Espagne depuis au moins 80 ans, si ce n’est plus. Idem dans la plupart des pays européens.
C’est la social démocratie, le socialisme keynésien de l’état devenu église laïque, et donc pourvoyeur de sens et créateur de morale collective qui a émoussé la conscience des catholiques concernant le Bien et le Mal : l’Etat créateur du droit, l’Etat ingénieur social, l’Etat promoteur des formes de vie et des moeurs ”modernes”, l’Etat chargé du monopole de la sante et s’arrogeant donc la définition de ce qu’est la Vie et donc la mort, etc…
En quoi cela est-il libéral ? Si le libéralisme de TOSQUEVILLE ou CONSTANT a entériné après la Révolution la fin de la société d’ordres, qui ne fonctionnait plus avant 1789, il n’a pas accepté la terreur d’état dont découle le jacobinisme. Il a récusé le système napoléonien des monopoles étatiques que la France a offert comme modèle repris ensuite par tous les états européens et au delà même, modèle qui sera .loué et encensé pat l’hegélianisme dont sont issus à des degrés divers le marxisme et le nazisme.
Chaque empètement de l’Etat sur la sphère de libertés individuelles crée de la morale d’Etat, de la dépendance à l’Etat, intellectuelle, morale et financière : cela crée des modes de vie dont l’essence morale s’éloigne de la morale évangélique, mais en quoi le libéralisme, qui demande la séparation de la société et de l’Etat en est-il à l’origine ?
Il est étonnant chez la plupart des catholiques, qu’ils soient carlistes, traditionnalistes, conservateurs, progressistes, démocrate-chrétiens, que le relativisme soit toujours censé être issu du libéralisme, tandis que le socialisme serait lui un objet non identifié moralement, alors que c’est lui qui a façonné les sociétés européennes depuis le 19 ème siècle, particulièrement depuis 1945.
Il faudrait peut-être examiner pourquoi les catholiques et les pro-vie en général, outre les libéraux et les ennemis du TOUT ETAT, s’insurgent contre l’Obamacare : en ayant le monopole financier de la santé, l’Etat américain pourra imposer (ce qui était contenu dans le projet) la définition des droits de la Vie.
En l’occurrence, c’est l’Etat ”protecteur” mais par le monopole (étrange définition que celle d’un état reprenant le monopole de la violence de ”protection” qui est le fondement de la MAFIA) qui crée du relativisme.
Appliquons cela à l’école, la culture, etc…. voire même au fait national, qui préexiste à l’Etat : qui est créateur de relativisme institutionnel, le libéralisme ou le socialisme ?
Le libéralisme offre la possibilité de s’en abstraire par l’édification de contre modèles et de corps sociaux libres qui rendent le monopole étatique obsolète.
La DSE ne rejette pas l’Etat, mais elle promeut la responsabilité individuelle et les libertés qui s’y rattache : l’inverse exact du modèle des sociétés étatistes européennes et de l’eurofédéralisme socialisant.
Jadis quand un ménage ne fonctionnait pas on disait mécaniquement : ”Cherchez la femme”
Aujourd’hui quand les catholiques examinent une question contemporaine : ils commencent toujours par le sempiternel : ”Cherchons le libéralisme”.
Comme exemple de cécité intellectuelle et de collaboration morale avec le socialisme, il sera difficile de faire mieux.
Emmanuel
Beaucoup de choses véritablement intéressantes en effet.
Il est d’autant plus dommage que les auteurs n’aient pas pu maitriser le réflexe de Pavlov et de terminer par la ritournelle habituelle et obligatoire : “Le problème, c’est le libéralisme.” (….)
Ah bon? Alors voyons:
Une idéologie naturaliste? Bien sûr que l’on en trouve des traces dans le libéralisme. Tout comme on trouve des traces d’idolatrie dans le Christianisme. C’est en l’espèce tout à fait secondaire.
Désacralisatrice? Le libéralisme ne s’occupant que bien peu du sacré, on ne voit pas bien comment il pourrait être désacralisateur.
Laïciste? Le libéralisme est pour les libertés, donc aussi pour la liberté religieuse. Le libéralisme ne peut donc pas être en faveur du laicisme.
Individualiste? Il est en effet très certain que le libéralisme est tout le contraire du collectivisme.
Volontariste? Mais bien sûr, le libéralisme croit en l’homme et ses capacités.
Les reproches imputés au libéralisme lèvent le voile sur l’état d’esprit et la vision politique au sein de la CTC: il faut éradiquer le naturalisme, sacraliser de force tout ce qui peut l’être, combattre la laicité, étouffer l’individualisme et, bien évidemment, ne pas faire confiance en la volonté de l’homme d’agir et de faire le bien.
Quelle belle et réjouissante perspective… Au fond, ces gens du CTC sont les mêmes que les tenants du “grand soir”. Ils ont juste un faux nez en usant et abusant de la qualité de Catholique.
Rom Dyli
@ PG et Emmanuel:
A mon avis, dans cette analyse, liberalisme = libertaire, liberté des moeurs.
Je ne pense pas que l’auteur accuse la liberté économique. Comme vous l’expliquez si bien, ce serait un non sens d’accuser de tous ces mots le liberalisme économique.
Du fait que je ne suis pas hispanophone, j’ose esperer qù’un lecteur du SB puisse nous expliquer si liberalisme en espagnol a le meme sens que liberalisme en francais.
e
Je pense que le “libéralisme” tel qu’il est compris dans ce texte c’est dans un refus de la créature de reconnaître le Créateur, et la confusion des genres. Cela se situe au dessus de la notion politique ou économique stricto sensu.
Le dictionnaire de la Royale Académie espagnole donne la définition suivante (traduction):1.-
Libéralisme: idées que professent les partisans du système libéral; 2.- Ensemble des partisans de ce système; 3.- Système politico-religieux qui proclame l’absolu indépendance de l’État, dans ses organisations et fonctions, de toutes les religions positives (sic !).
En espagnol les mots libéralisme et libertaire, liberté des moeurs etc. existent tout comme en français, et ils peuvent s’employer avec précision mais aussi avec l’élasticité que l’on peut donner aux mots, en fonction de celui qui les prononcent!
Donc nous sommes bien ici dans une idée transcendante et pas une définition très temporelle et locale. C’est ce qui ressort aussi de la devise historiques du mouvement, qui met bien Dieu d’abord, puis l’organisation locale et politique ensuite (la patrie, et le Roi)et qui me paraît bien comprendre le sens du catholique, dans le monde mais pas de ce monde et la doctrine sociale de l’Église.
e
annule et remplace mon précédent msg
Je pense que le “libéralisme” tel qu’il est compris dans ce texte c’est dans un refus de la créature de reconnaître le Créateur, et la confusion des genres. Cela se situe au dessus de la notion politique ou économique stricto sensu.
Le dictionnaire de la Royale Académie espagnole donne la définition suivante (traduction):1.-
Libéralisme: idées que professent les partisans du système libéral; 2.- Ensemble des partisans de ce système; 3.- Système politico-religieux qui proclame l’absolu indépendance de l’État, dans ses organisations et fonctions, de toutes les religions positives (sic !).
En espagnol les mots libéralisme et libertaire, liberté des moeurs etc. existent tout comme en français, et ils peuvent s’employer avec précision mais aussi avec l’élasticité que l’on peut donner aux mots, en fonction de ceux qui les prononcent!
Donc nous sommes bien ici dans une idée transcendante et pas une définition très temporelle et locale. C’est ce qui ressort aussi de la devise historiques du mouvement, qui met bien Dieu d’abord, puis l’organisation locale et politique ensuite (la patrie, et le Roi)et qui me paraît bien comprendre le sens du catholique, dans le monde mais pas de ce monde et la doctrine sociale de l’Église.
Siderúrgico
Ce n’est pas compliqué, le liberalisme que Garasoáin critique est le même liberalisme condamné par Leon XIII et Pie IX entre autres.
Sancenay
ouf , merci à “e” et “siderurgico” qui font ressortir utilement que socialisme et libéralisme ont, au plan philosophique, la même funeste origine : les pensées révolutionnaires dirigées contre Dieu, faut-il le rappeler!…