Dans un article consacré au décalage entre le microcosme politico-médiatique et les aspirations du peuple français, Polemia aborde le rôle d’Internet dans la campagne présidentielle :
"[D]ans l’équilibre des forces qui façonnent l’opinion, il y a un phénomène nouveau : Internet, qui n’est pas contrôlé par l’idéologie dominante.
Ainsi Internet a déjà changé, en 2005, le résultat du référendum sur la Constitution européenne en permettant aux partisans du Non de faire valoir leurs arguments, souvent de manière intellectuellement charpentée, en tout cas convaincante. Certes, l’élection présidentielle est radicalement différente d’une élection référendaire, l’électeur ne s’y prononce pas sur un texte mais sur un homme ; il choisit moins des idées que des images. Pour autant, Internet commence à peser sur l’élection présidentielle, ne serait-ce que par les blogs qui font remonter à la surface les préoccupations profondes de l’opinion.
[…] Internet est aussi l’une des causes de l’émergence de la notion, encore floue, de «démocratie participative». […] Jusqu’ici les grands médias avaient le monopole de la critique des candidats, voire de leur destruction/diabolisation par la juxtaposition d’images négatives. Mais la généralisation des courtes vidéos diffusées directement sur Internet, de poste à poste, démocratise ce procédé. […] Aujourd’hui, en se surexposant médiatiquement, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy font la course en tête dans les sondages mais ils risquent un effet boomerang si tel ou tel de leurs adversaires réalise un montage spectaculaire ou comique de leurs effets d’annonce successifs. […]
Là aussi c’est un effet du pouvoir égalisateur d’Internet : il ne suffira pas d’être le chouchou des grands médias pour être le vainqueur de la prochaine élection présidentielle !"
Un "montage spectaculaire ou comique de leurs effets d’annonce successifs" : qui s’y colle ?
furgole
Dans le cas de Sarkozy, je crois que le principal risque qu’il court tient au décalage entre l’image de “ministre à poigne” dont il a voulu se doter, et les résultats piètres et négatifs qu’il obtient après tant d’années à l’Intérieur. Il aurait dû se replier tactiquement il y a deux ou trois ans sur un ministère plus sûr comme un poste de Ministre d’Etat aux Anciens Combattants.
Pascal G.
A Furgole
Laissons à Sarkozy l’organisation de sa résistible ascension. Car pour ce qui est du “montage spectaculaire ou comique de leurs effets d’annonce”, l’actualité quotidienne le concernant s’en charge, de Clearstram aux incidents des banlieues, en passant par les preuves évidentes de son échec à Bercy, comme ministre de l’Economie, où il n’a rien entrepris ou mené à bien qui reste dans les faits, comme une éventuelle réduction de la dette. Il en sera de même de son passage place Beauvau. Ne rien laisser après de grands effets médiatiques, et de solennelles promesses, n’est-ce pas la marque du comique chiraquien, et du tragi comique gaullisme depuis les origines ?