Le Dicastère pour la doctrine de la foi a publié une Note doctrinale sur la valeur du mariage en tant qu’union exclusive et appartenance mutuelle. Extrait :
[…] Saint Jean-Paul II , parlant de la monogamie, affirmait qu’elle « mérite d’être étudiée toujours plus profondément » [2] . Son indication de la nécessité d’un traitement plus large de ce thème est l’une des motivations qui ont incité le Dicastère pour la Doctrine de la Foi à préparer cette Note doctrinale . De plus, ce texte trouve son origine, d’une part, dans les différents dialogues menés avec les évêques d’Afrique et d’autres continents sur la question de la polygamie, dans le cadre de leurs visites ad limina [3] , et, d’autre part, dans le constat que diverses formes publiques d’unions non monogames – parfois appelées « polyamorie » – se développent en Occident, en plus des formes plus privées ou secrètes qui ont été courantes tout au long de l’histoire.
3. Mais ces raisons sont subordonnées à la première, car, bien comprise, la monogamie n’est pas simplement l’opposé de la polygamie. Elle est bien plus que cela, et une compréhension plus approfondie nous permet de concevoir le mariage dans toute sa richesse et sa fécondité. La question est intimement liée à la finalité unificatrice de la sexualité, qui ne se limite pas à la procréation, mais contribue à enrichir et à renforcer l’union unique et exclusive ainsi que le sentiment d’appartenance mutuelle.
4. Comme l’affirme le Code de droit canonique lui-même : « les propriétés essentielles du mariage sont l’unité et l’indissolubilité » [4] . Ailleurs, ce même Code déclare que le mariage est « un lien qui, par sa nature, est perpétuel et exclusif » [5] . Il convient de noter l’abondante bibliographie consacrée à l’indissolubilité de l’union conjugale dans la littérature catholique : ce thème a occupé une place beaucoup plus importante dans le Magistère, notamment dans l’enseignement récent de nombreux évêques face à la légalisation du divorce dans divers pays. Sur l’unité du mariage – le mariage entendu comme une union unique et exclusive entre un homme et une femme –, on constate, au contraire, un développement de la réflexion moins approfondi que sur le thème de l’indissolubilité, tant dans le Magistère que dans les manuels qui y sont consacrés.
5. C’est pourquoi, dans ce texte, nous avons choisi de nous concentrer sur la propriété d’unité et son reflet existentiel : la communion intime et totale entre époux . Aussi, afin de ne pas attendre de cette Note ce qu’elle n’a pas l’intention de développer, il convient de préciser que, dans les pages qui suivent, il ne sera question ni de l’indissolubilité du mariage – union qui dure jusqu’à ce que la mort sépare les époux chrétiens – ni de la finalité de la procréation : ces deux thèmes sont abondamment traités en théologie et dans le Magistère. La Note portera uniquement sur la première propriété essentielle du mariage, l’unité, que l’on peut définir comme l’union unique et exclusive entre une femme et un homme, autrement dit, comme l’appartenance mutuelle des deux, qui ne peut être partagée avec autrui.
6. Cette propriété est si essentielle et primordiale que le mariage est souvent défini simplement comme « union ». Ainsi, la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin affirme que « le mariage est l’union conjugale ( coniunctio ) de l’homme et de la femme, contractée par des personnes légitimes, qui implique une communion de vie indissoluble » [6] , et qu’« il est évident que dans le mariage existe une union par laquelle l’un est appelé mari et l’autre femme ; et cette union est le mariage » [7] . Une définition similaire se trouvait déjà chez Justinien, qui a rassemblé des opinions antérieures : « c’est l’union ( coniunctio ) de l’homme et de la femme qui contient une communion de vie indissoluble » [8] . Plus près de nous, Dietrich von Hildebrand soutient que le mariage « est l’union la plus profonde et la plus intime entre les personnes humaines » [9] . […]
