Dans l’Orient-le-jour, Christian Merville analyse les émeutes en France :
"Une révolte ? Une révolution ? Gardons-nous d’exagérer : la Bastille n’est pas tombée et le 15 juillet 1789, ce n’était pas hier. Tout de même, ce qui se passe depuis onze jours est d’une gravité telle qu’il y a tout lieu désormais de craindre de difficiles lendemains, en France bien entendu, mais aussi un peu partout en Europe. C’est que des foyers d’incendie naissent déjà à Berlin, Brême et dans cette quiète Bruxelles." "Seuls, à ce jour, les Allemands ont vu le danger, qui qualifiaient hier, un peu tardivement, d’«avertissement pour toutes les démocraties les images qui nous viennent de Paris »."
"En œuvrant à l’assimilation, préalable indispensable à l’intégration, les gouvernements de la Ve République qui se sont succédé ces trente dernières années auront raté et l’une et l’autre, alors que s’accélérait le mouvement d’immigration. Au point qu’aujourd’hui, le déclencheur de l’«europintifada», pour reprendre l’expression de la presse roumaine, paraît de moins en moins être la mort de deux adolescents électrocutés à Clichy-sous-Bois et de plus en plus la nécessité d’entreprendre d’indispensables rectifications de parcours – sociales autant qu’économiques et pédagogiques – dont nul n’avait voulu voir l’urgence. Et il est permis de douter de l’efficacité des «propositions concrètes» formulées hier par Dominique de Villepin. Trop timides, tardives, incomplètes, elles surviennent à un moment où, de part et d’autre, les esprits sont surchauffés et refusent ce qu’ils estiment constituer des demi-mesures. Hélas, la guérilla urbaine a atteint une intensité telle que la riposte, il faut le craindre, nécessite, pour être pleinement efficace, une vigoureuse action sur le terrain et l’intervention de la justice."
"On l’aura compris : plus que jamais, c’est le fameux modèle français qui est remis en cause, une fois de plus, non plus par des manifestations ou des débats, mais par le biais d’incendies et de cocktails Molotov."