Super-Gourou a encore frappé.
Comme d’habitude, il a fait le show, pardon la grand-messe, aussi bien lors d’un discours au Conseil de l’Europe à Strasbourg le 1eroctobre qu’à Rodez pour exposer le projet de réforme des retraites le 3 octobre. C’est ce qu’il fait le mieux, Super-Gourou, parler. Il fascine. Bien sûr, il a été à bonne école ayant eu dès assez jeune une certaine proximité avec son professeur de théâtre. Mais il a un charisme. Un talent naturel. Une gueule d’encore jeune premier. Une intelligence vive. Et un don de la parole. Une capacité au vocabulaire rare, précis, intéressant.
Super-Gourou croit. Il croit même très profondément, le Salon Beige l’a déjà relevé. Au Conseil de l’Europe, il a dit tout ensemble qu’il ne croit pas au hasard, qu’il croit très profondément que la situation collective que nous vivons aujourd’hui est inédite ; qu’il croit très profondément que les temps que nous vivons appellent une certaine force d’âme ; qu’il croit très profondément que c’est au Conseil de l’Europe que les fractures de notre continent peuvent être réparées ; qu’il croit très profondément que la réintégration de la Russie n’affaiblit en rien la détermination commune ; et qu’enfin il croit très profondément qu’il y a, en Europe, pour paraphraser RICOEUR, ce que j’appellerai une identité narrative … Super-Gourou a la foi. Ca ajoute à son magnétisme.
Comme d’habitude, Super-Gourou rappelle le socle de nos valeurs communes, une sorte de loi naturelle qui aurait remplacé le Décalogue ; sauf que le Décalogue, lui, était détaillé.
Comme d’habitude, son langage est assuré et martial : il appelle au courage, à la détermination et répète comme d’habitude qu’il ne cèdera rien. Et en plus, il assume, y compris une liberté de ton, une capacité à être cash. Qu’on se le dise, Super-Gourou est un dur, Super-Gourou est un pur.
Super-Gourou a même été annoncé par le service de presse de la Présidence de la République comme devant présider un service solennel en l’église Saint-Sulpice en hommage à Jacques Chirac. Super-Gourou fumerait-il de l’encens ?
Jusqu’au moment où, comme d’habitude, on s’apercevra que Super-Gourou n’a jamais utilisé ses super-pouvoirs qu’au bénéfice de ces élites auto-proclamées, celles qui se sentent plus d’affinités avec New-York qu’avec les villes Gilets Jaunes, avec les gay-friendly qu’avec les pères qui essaient modestement d’élever leurs enfants ; qui se sentent cosmopolites comme elles disent ; ces élites qui ont une identité portative et changeante (ou pas d’identité du tout parce qu’on a appris récemment que nous n’avons pas d’identité et ce qu’on se représente comme une souche n’est qu’un tas de feuilles mortes[1]…) définie par leur réussite et leurs réseaux intellectuels et professionnels ; qui sont les chantres de la tolérance et d’un monde ouvert sauf aux affreux populistes bien sûr. Super-Gourou ou le prophète clinquant du marché, de la planète, de l’universel.
On avait pourtant cru élire un Président de la République française.