Robert Ménard déclare au Rouge & Noir :
"[…] il y a urgence à prendre le pouvoir. Cela n’exclut donc que ceux qui le veulent ou les quelques-uns qui préfèrent s’enfermer dans le témoignage ou la provocation.
Que l’on se sente proche du FN, de Philippe de Villiers, des Républicains, de Nicolas Dupont Aignan, je crois que sur l’essentiel, et notamment l’identité, nous sommes d’accord. La question pour 2017 est donc : qu’allons-nous faire de cette convergence théorique ? Allons-nous laisser un Juppé venir au pouvoir ? Sommes-nous incapables de peser ?
Voilà pour le souhaitable. Pour ce qui est du réalisable, nous en saurons davantage après le rendez-vous de Béziers. Nous sommes à un an de l’élection. Par définition, tout est possible. Même le meilleur.
Pourquoi avoir choisi comme slogan pour cette manifestation « Pour ne pas attendre 2022 » ?
En réaction à une sorte de résignation que je sens gagner de nombreux gens de droite. L’incapacité du FN à prendre une région en décembre dernier, la place de Juppé très haut dans les sondages, tout concourt à décourager certains de nos amis, à penser que 2017 est déjà perdu.
Or, je pense, au contraire, que la victoire est possible. Encore faut-il changer de stratégie. Majoritaires idéologiquement, nous devons réaliser la synthèse pour l’être politiquement. Seul contre tous, le FN ne peut rien, sinon s’en remettre à de graves circonstances. Quand on voit que Hollande est unanimement rejeté mais que, dans les sondages, il bat Marine Le Pen ou n’est battu que de très peu, cela en dit long sur le chemin qu’il y a à parcourir. […]
Marine le Pen, président du Front national, affirme que ce dernier n’est pas un parti de droite. Êtes-vous d’accord et, si oui, ce positionnement ambigu est-il soutenable à moyen terme ?
Ce n’est pas l’opinion de ses électeurs. Dans leur immense majorité, ceux qui votent Le Pen se positionnent à droite. Par ailleurs, il faut distinguer le positionnement idéologique et le politique. Se dire ni de droite ni de gauche, c’est un petit jeu à la Macron. Je ne pense pas que Marine Le Pen soit sur cette ligne…
Il me semble, en l’espèce, que le « ni droite ni gauche » traduit une sorte de confusionnisme, plus ou moins organisé, qui, laissant planer toutes les ambiguïtés possibles, permet toutes les postures imaginables. Plus prosaïquement, on a l’impression de pouvoir ratisser plus large.
Or, c’est une erreur. D’un point de vue politique, au regard du fonctionnement de la Ve république, refuser d’être de droite, c’est se condamner à rester sur la dernière marche avant le pouvoir. La chose pouvait se concevoir quand le FN était à 10 % ou même à 20. L’isolement ne permettait pas un rapport de force favorable. A 30 %, le rapport de force devient possible. Encore faut-il le préparer. Encore faut-il savoir tendre la main. Encore faut-il comprendre qu’il y a plus d’avantages à prendre le risque de s’ouvrir qu’à rester dans la quiétude d’un splendide isolement. […]"