Le 1er juin, la sociologue Nathalie Heinich recevait le prix Pétrarque de l’essai 2017, décerné par France Culture et Le Monde. Cette décision n’a pas fait l’unanimité au sein de la communauté des sciences humaines, acquise au lobby LGBT. Nathalie Heinich répond dans Limite à ses détracteurs. Extraits :
"« Homophobe » : si tous ceux qui s’interrogent sur la légitimité, les fondements et les effets possibles du mariage homosexuel, ainsi que de leurs conséquences prévisibles que sont la légalisation de la PMA et de la GPA, sont « homophobes », alors doivent être aussi considérés comme tels les membres du Comité national d’éthique qui viennent de déclarer leur opposition à la PMA au motif qu’elle fabriquerait institutionnellement deux situations considérées aujourd’hui comme délétères pour les enfants, à savoir les familles mono-parentales (pour les célibataires) et l’impossibilité de connaître ses origines ; homophobes également, les signataires (Caroline Eliacheff, Françoise Héritier, Aldo Naouri, Heinz Wissmann) de la pétition « Ne laissons pas la critique du PACS à la droite » que j’avais initiée dans Le Monde en 1999 pour suggérer des solutions plus satisfaisantes aux problèmes rencontrés par les couples homosexuels ; ainsi que les nombreux intellectuels qui ont salué mon analyse des arguments problématiques à propos de la loi sur le mariage homosexuel, parue dans Le Monde en janvier 2013 ; homophobes enfin, les contributeurs (notamment le pédo-psychiatre Maurice Berger et la psychanalyste Catherine Dolto) du dossier « Les enfants du mariage homosexuel » paru dans Le Débat (n° 180, mai-août 2014). Le refus de débattre manifesté par tous ceux qui réduisent d’emblée la discussion sur ce sujet à de l’homophobie est une forme d’obscurantisme malheureusement très pratiquée dans les milieux militants : à la diffamation s’ajoute une tentative de censure par la stigmatisation publique, qui devrait évoquer à leurs praticiens non pas la démocratie dont ils se réclament mais, bien plutôt, un passé pas si lointain de totalitarisme, de stalinisme et de fascisme, où les « ennemis du prolétariat », les « suppôts du grand capital » ou les « traîtres à la patrie » assumaient la fonction aujourd’hui occupée par les « homophobes ».
[…] En faisant comme si les militants LGBT représentaient l’ensemble des homosexuels, et donc comme si un désaccord avec leurs causes constituait une déclaration de guerre à l’homosexualité en tant que telle, on accrédite une prise en otage, par des militants très radicaux, de la cause, parfaitement légitime, que constitue la lutte contre les discriminations envers les homosexuels. Or tous les homosexuels n’approuvent pas la revendication du « mariage pour tous » et ses conséquences – certains d’entre eux ont d’ailleurs manifesté leur soutien à mes analyses. Comme toujours, ce sont les plus radicaux qui font le plus parler d’eux : cela ne signifie pas qu’ils soient représentatifs de la « communauté » dont ils se réclament. […]"