Dans Paix Liturgique, Christian Marquant dresse un bilan du développement de la messe traditionnelle. Extraits :
Pour les années 2020 et même 2021 la crise sanitaire n’aurait pas permis ce compte-rendu. Vous savez que pendant cette période il était difficile de voyager et les enquêtes menées sur le terrain devenaient impossibles alors que beaucoup d’institutions (séminaires ou communautés religieuses) tournaient au ralenti. Et puis, il y eut aussi la promulgation en juillet 2021 du motu proprio Traditionis custodes qui a obligé à reprendre toutes les données.
Les évêques qui n’avaient jamais accepté d’appliquer les mesures bienveillantes proposées par le pape Benoit avec Summorum Pontificum ont demandé à leurs fidèles de cesser « sur l’instant » leurs demandes. Ceux qui étaient sur le point d’accorder quelques miettes après plus de 14 ans d’attente ont le plus souvent jugé qu’il était urgent d’attendre.
Donc tout à disparu ?
Pas du tout ! Nous n’avons eu de cesse de répéter que l’immense majorité des pasteurs ont évité d’entreprendre une nouvelle guerre fratricide et ont le plus souvent laissé avec sagesse les situations tout à fait apaisées perdurer.
Mais avec un coup de frein tout de même pour les créations de nouveaux lieux ?
Globalement, c’est vrai. D’ailleurs beaucoup de groupes qui étaient en train d’officialiser leur demande de célébration ont pensé également d’eux-mêmes que mieux valait attendre des jours meilleurs. […] Concrètement, le développement dans l’espace diocésain c’est tassé, sans cesser complètement. Et au niveau planétaire le nombre des nouvelles célébrations n’est pas négligeable. Vous noterez, par ailleurs, que les communautés périphériques, comme la FSSPX qui ne dépendent pas directement des décisions de Traditionis custodes, ont continué à étendre leurs apostolats en France, En Europe et dans le monde. […]
La liturgie traditionnelle était devenue, dans le paysage ecclésial, un sujet encore irritant pour beaucoup, mais en quelque sorte banalisé, depuis Summorum Pontificum du 7 juillet 2007 et ne tourmentait plus les hommes de bonne volonté. Mais la tentative de la supprimer à la hache par la publication successive de trois textes (Traditionis custodes, Les Réponses de la Congrégation pour le Culte divin, Desiderio desideravi) n’a tout simplement pas été comprise par beaucoup de fidèles catholiques qui généralement connaissaient mal le sujet, mais qui se sont mis à s’y intéresser et souvent à y prendre goût (sans parler de l’effet Covid, alors que les paroisses « ordinaires », à la différence des « extraordinaires » ne fonctionnaient plus), cette liturgie s’avérant finalement correspondant à leur foi catholique.
Donc un regain d’intérêt.
Que l’on retrouve dans la tenue d’un nombre non négligeable, tant aux États-Unis qu’en Europe, notamment en France, de colloques et congrès militants organisés autour du thème de la liturgie traditionnelle à défendre et à développer. Comme ce fut le cas à Paris le 24 septembre 2022, et comme ce sera à nouveau le cas le 23 septembre 2023, avec un colloque organisé par Renaissance Catholique, Oremus, Una Voce, Notre-Dame de Chrétienté et Lex Orandi sur le thème : « Quel avenir pour la messe traditionnelle ? » (2ème colloque : Quel avenir pour la messe traditionnelle ? |’Association Renaissance Catholique (assoconnect.com)). Le regain touchant aussi le catéchisme traditionnel, car messe et catéchisme sont toujours liés.
[…] En fait, Traditionis custodes est un document décalé. Il est en décalage flagrant avec les convictions des fidèles catholiques qui pratiquent encore aujourd’hui. D’où la croissance plus importante encore, depuis le motu proprio, des entrées dans les séminaires traditionnels. Et ces effets non voulus par les promoteurs de Traditionis custodes ne font que commencer.