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L'Eglise : L'Eglise en France

En France, plus de 12 000 hommes ont marché pour approfondir leur foi, leur masculinité et leur paternité

En France, plus de 12 000 hommes ont marché pour approfondir leur foi, leur masculinité et leur paternité

Un article d’Antoine Bordier :

En 2020, la Covid-19 les avait empêchés de se réunir en masse pour marcher ensemble, le temps du 1er we de juillet. C’est leur rendez-vous annuel, « entre mecs ». Du nord au sud, de l’est à l’ouest, ils marchent pour redorer leur masculinité et leur paternité, mises à mal par les idéologies du genre et du wokisme. Ces idéologies ont le vent en poupe aux Etats-Unis, et, s’infiltrent chez nous, jusqu’au sommet de l’Etat. Enquête au cœur de ces nouveaux aventuriers du 3è type.

Certains papas sont partis dès le jeudi 30 juin, pour rejoindre soit le Mont Saint-Michel, en Normandie, soit le Mont Bessillon et le Mont Verdaille à Cotignac, dans le Var, soit Lourdes, dans les Pyrénées, soit Vézelay, en Bourgogne, soit la vingtaine d’autres endroits en France. Sur une carte, les pèlerinages des pères de famille se dessinent en une soixantaine de lieux (des sanctuaires la plupart du temps). Pour quoi et dans quel but marchent-ils, donc ? Dans une France où les pères ont de moins en moins leur place et sont en quête de masculinité, face à une féminité elle-même blessée, et, parfois « castratrice et débridée », les papas se (re)mettent en marche. Au-delà de l’exploit sportif, où les kms défilent aux pas des hommes. Il y a l’exploit sociétal : celui de réunir tous les milieux sociaux et tous les horizons culturels. Le patron d’entreprise parisienne marche avec l’ouvrier agricole de Provence, le croyant avec le jeune converti. Ils sont jeunes et vieux, mariés, divorcés, séparés, pères de famille, grands-pères, et, jeunes fiancés. La plupart vivent une aventure pédestre personnelle « pour remettre les compteurs à zéro », comme le dit Nicolas, notaire lillois, qui a choisi de marcher vers Cotignac. Mais, les 25, 30 et 35 km que certains avalent par jour, comme une petite promenade de santé, sont un véritable parcours du combattant pour d’autres. Quoiqu’il en soit, pour la plupart, c’est une école de vie à ciel ouvert.

Leurs murs d’école ? Des paysages à couper le souffle. Imaginez le Mont Saint-Michel au petit matin, à marée-basse. Attention aux sables mouvants qui pourraient en surprendre plus d’un. Mais le guide-expert est là. Tout va bien se passer. Imaginez les crêtes boisées de pins qui entourent Cotignac, sous le champ des cigales. Parfois, un chemin de souffrance s’ouvre à vous, parce que poussiéreux. Il est fait de dénivelés sous le soleil torride du Var. Sur les chemins pierreux de Provence, sur les chemins herbeux de Normandie, de Bourgogne et d’ailleurs, ces milliers de papas redeviennent les « grands aventuriers du monde moderne », comme aimait à les appeler Charles Péguy.

Pas à pas, casquette ou chapeau sur la tête, sac-à-dos au dos, chapelet (ou pas) au poignet, et, les pieds bien calés dans leurs chaussures de randonnées, ils marchent en silence, en parlant, en chantant, en priant, ou, en rigolant. Au bout du chemin, que vont-ils recevoir en posant leur sac-à-dos ? L’espérance, la foi, la fraternité, la force masculine retrouvées ? La joie conjugale et paternelle de revoir les siens ?

 La fraternité en ligne de mire

Ce jeudi 30 juin, il est 21h00 passé, lorsque les premiers papas arrivent de Lille, de Paris, de Nantes et de Bourg-en-Bresse. En tout, ils seront une cinquantaine de papa-marcheurs à parcourir les 60 kms en deux jours pour rallier Cotignac, depuis le Cannet-des-Maures. Loïc Calamel et Bertrand de Kerangat sont les principaux organisateurs de cette marche. Une parmi la cinquantaine qui converge vers ce lieu où serait apparue la Sainte Famille (Jésus, Marie et Joseph). Loïc et Bertrand, s’occupent, également, de l’accueil des 1 700 autres pèlerins qui vont les rejoindre en partant de routes (on parle de chapitres) différentes. Le plus souvent, les chapitres représentent des paroisses (celles d’Aix-en-Provence, de Bordeaux, de Boulogne, d’Houilles, en région parisienne, de Paris, de Nanterre, de Marseille, de Toulon, etc.).

Bertrand a l’habitude de se frotter aux sujets qui tournent autour de la masculinité. Ce père de famille nombreuse de 45 ans (il a 5 enfants) est un militaire expérimenté. Pour lui, ce pèlerinage est le rendez-vous incontournable. De retour de mission, début mai, il a peaufiné l’organisation avec Loïc, Matthieu et Tanguy.

« Pour moi, en tant que pèlerin, j’attends ce rendez-vous annuel du 1er we de juillet avec hâte. En tant qu’organisateur, c’est beaucoup de travail. J’arrive à faire la part des choses avec ma vie de couple et ma vie de famille. C’est une vraie joie pour tous. Mes enfants y participent en me confiant leurs intentions de prière. Ainsi que mon épouse, Marie-Do. »

Bertrand évoque ensuite la fraternité vécue entre les pèlerins :

« Chacun vient pour des raisons différentes, personnelles, qu’il veut partager ou pas. Tout au long de ces 3, 4 jours, la confiance, la convivialité et la simplicité emboitent le pas de chacun. Les pieds souffrent, les cœurs s’ouvrent et les langues se délient. Les échanges fraternels vécus aux pas des pèlerins font partie des moments les plus forts de ce pèlerinage. »

La grande muette (comme on appelle l’armée) n’est plus si muette que cela…

Loïc Calamel, 47 ans, est, lui-aussi, une force de la nature. Marié, depuis 22 ans, avec Sara, ils ont quatre enfants. En habitant, près de Cotignac, la figure de saint Joseph l’a fortement marqué. Pour lui, à l’enfance blessée,

« saint Joseph, c’est un peu mon second papa. Je me confie souvent à lui. Il est très efficace. Il faut juste s’abandonner, lâcher prise, marcher et lui faire confiance. »

Avec son sac-à-dos de 12 kilos, ce plongeur en eaux profondes, avalera les 60 kilomètres de marche tout en souriant, presqu’en bondissant. Pour lui, l’exploit n’est pas sportif.

« Il est, certes, viril. Car, c’est important de se retrouver entre hommes. Surtout en ce moment où nous sommes discrédités, jusque dans notre masculinité la plus profonde. Entre hommes, nous échangeons sur nos difficultés, nos peines et nos joies. Ce qui fait que nous sommes des hommes…debout.  Nous parlons de notre vie de foi, de notre couple, de nos enfants, de nos galères professionnelles. »

Avec le recul, son manque de confiance et sa timidité se sont transformées au fil des marches et des responsabilités.

« Je n’aurais imaginé, l’année dernière, pouvoir m’exprimer, devant plus de 1 000 papas, à la fin du pèlerinage à Cotignac. »

Après 13 ans de responsabilités, au sein du chapitre, et, 5 ans au service du sanctuaire de Cotignac, il a décidé de passer le relais.

Le Vatican, les papes, et, saint Joseph

Du côté du Vatican, il y a 2 ans, le pape François surprenait le monde entier, en annonçant le 8 décembre 2020 qu’il ouvrait une année dédiée à saint Joseph. Dans sa Lettre apostolique « Patris Corde », publiée le jour-même, à l’occasion du 150è anniversaire de la déclaration de saint Joseph comme Patron de l’Eglise Universelle, il invitait tous les pères à avoir un « cœur de père ». Dans sa lettre, il présentait Joseph comme modèle. Il rappelait qu’il est le « père aimé », le « père dans la tendresse », le « père dans l’obéissance », le « père dans l’accueil », le « père au courage créatif », le « père travailleur », et, enfin le « père dans l’ombre ».

Le 19 mars 1966, le jour de la fête du saint, le pape Paul VI avait écrit : Saint Joseph a fait « de sa vie une oblation de soi, de son cœur, et, de toute sa capacité d’amour pour servir le Messie ». Plus tard, le pape Jean-Paul II, il y a 21 ans, le 19 mars 2001, alors qu’il ordonnait 9 nouveaux évêques, disait :

« “Voilà donc l’intendant fidèle, avisé, que le maître a établi sur ses gens” (cf. Lc 12, 42). C’est ainsi que la liturgie nous présente aujourd’hui Saint Joseph, Epoux de la Bienheureuse Vierge Marie et Gardien du Rédempteur. Lui, le serviteur fidèle et sage, a accueilli avec une docilité obéissante la volonté du Seigneur, qui lui a confié “sa” famille sur terre, afin qu’il en prenne soin avec un dévouement quotidien. Saint Joseph persévéra dans cette mission avec fidélité et amour. »

Son successeur, le pape Benoît XVI, il y a 10 ans, le 19 mars 2012, proposait son portrait :

« Saint Joseph était juste, il était plongé dans la Parole de Dieu, écrite, transmise à travers la sagesse de son peuple, et c’est précisément de cette manière qu’il était préparé et appelé à connaître le Verbe incarné – le Verbe venu parmi nous comme un homme – et prédestiné à garder, à protéger ce Verbe incarné ; cela demeure sa mission pour toujours : protéger la sainte Eglise et Notre Seigneur. »

Enfin, lors de la Messe de son intronisation, le 19 mars 2013, le pape François, dont le papa s’appelait Mario Jose (Marie Joseph) déclarait :

« Nous avons entendu dans l’Évangile que « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse » (Mt 1, 24). Dans ces paroles est déjà contenue la mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être custos, gardien. Gardien de qui ? De Marie et de Jésus ; mais c’est une garde qui s’étend ensuite à l’Église, comme l’a souligné Jean-Paul II :‶ Saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s’est consacré avec joie à l’éducation de Jésus Christ, de même il est le gardien et le protecteur de son Corps mystique, l’Église, dont la Vierge sainte est la figure et le modèle ″ (Exhort. apost. Redemptoris Custos, n. 1). Comment Joseph exerce-t-il cette garde ? Avec discrétion, avec humilité, dans le silence, mais par une présence constante et une fidélité totale, même quand il ne comprend pas. Depuis son mariage avec Marie jusqu’à l’épisode de Jésus, enfant de douze ans, dans le Temple de Jérusalem, il accompagne chaque moment avec prévenance et avec amour. »

Des apparitions uniques au monde ?

Dans le Var, en ce vendredi 1er juillet 2022, alors que les paroles des papes résonnent, encore, dans le cœur des pèlerins, leur flot a grossi pendant la nuit. Les derniers pères sont arrivés en provenant de Paris et de Bourg-en-Bresse. L’heure du réveil va bientôt sonner. Il est 4h30, départ du Cannet-des-Maures. Nuit blanche pour certains, d’autres ont très bien dormi. Comme Antoine, qui vient de Bourg-en-Bresse : « J’ai dû dormir 4 ou 5 heures. Mais ce n’est pas grave. Je suis en forme. » La troupe de pèlerins se réveille en marchant. Dans moins de 33 heures, ils rejoindront le pas lourd, l’âme, peut-être, allégée, le Mont Verdaille, qui culmine à 700 m. 360° de paysages varois s’offrent à eux pendant une dizaine d’heures.

60 km les sépare de ce mont où Notre-Dame de Grâces est apparue (selon l’Eglise) en 1519, avec l’Enfant Jésus, à un simple bûcheron, Jean de la Baume. Elle s’adresse à lui :

« Je suis la Vierge Marie. Allez dire au clergé et aux Consuls de Cotignac de me bâtir ici même une église, sous le vocable de Notre-Dame de Grâces et qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre. »

Plus d’un siècle plus tard, le 7 juin 1660, vers 13h00, c’est au tour de saint Joseph d’apparaître en terre de Provence, au Mont Bessillon, qui se situe à 3 km du Mont Verdaille. Il apparaît à un berger, Gaspard Ricard, assoiffé. Il lui dit : « Je suis Joseph, soulève ce rocher et tu boiras. » Gaspard obéit, soulève le rocher, que 9 hommes ne pourraient pas. Une source d’eau se met à jaillir. Les habitants de Cotignac construisent une chapelle sur le lieu de l’apparition et protège la source. Ces apparitions seraient uniques au monde. Elles ne s’arrêtent pas là.

La France et Louis XIV

La France serait le seul pays au monde à bénéficier d’une telle attention ! Une troisième apparition, d’ailleurs, est à prendre en compte : celle du 3 novembre 1637. A Paris, à Notre-Dame des Victoires, dans un monastère qui n’existe plus, la Vierge Marie apparaît à un religieux augustin, le frère Fiacre. Elle lui dit :

« N’ayez pas peur, je suis la Mère de Dieu, et l’enfant que vous voyez est le Dauphin que Dieu veut donner à la France. Pour marquer que je veux qu’on avertisse la Reine de faire trois neuvaines en mon honneur, voilà la même image qui est à Notre-Dame de Grâces, en Provence et la façon de l’église. »

Frère Fiacre accompagné d’un autre moine, se rend à Cotignac. Il lui faut trois mois, à l’époque, pour traverser le Royaume de France, qui est couvert de bois, de forêts et de monastères. En arrivant sur place, il trouve sous la forme d’un tableau roulé dans une cave, l’image présentée trois mois plus tôt par la Vierge lors de son apparition. Il a prié, au long du chemin, les 3 neuvaines demandées par la Vierge : celle de Notre-Dame de Grâces, de Notre-Dame de Paris, et, de Notre-Dame des Victoires.

Le 5 septembre 1638, alors que Louis XIII et Anne d’Autriche n’arrivaient pas à avoir de descendant, nait Louis-Dieudonné, le futur Louis XIV. A 21 ans, le jeune roi, accompagné de sa mère, se rend, à son tour, à Cotignac. Nous sommes le 21 février 1660, mère et fils prient ensemble aux pieds de Notre-Dame de Grâces. Le chemin qu’a emprunté Louis XIV existe toujours. Il porte son nom. Tous les pèlerins du Cannet-des-Maures, et, ceux provenant d’autres diocèses qui marchent en direction de Cotignac, connaissent les grandes lignes de cette incroyable histoire « sainte ». Une franche camaraderie les anime. Certains, comme Antoine, Bertrand, Éric, Laurent, Manuel, Mickaël, Nicolas, et, Philippe, sont des sportifs avertis. Ils se connaissent depuis longtemps, et, sont des habitués de ce pèlerinage du Cannet-des-Maures, qui fête ses 12 ans. Ils aiment Cotignac.

Correns et Saint-Joseph du Bessillon

Le samedi matin, le réveil est plus tardif : 6h30. Les pèlerins discutent entre-eux, 2 par 2, 3 par 3. D’autres prient le chapelet, d’autres chantent. Certains, comme Antoine, se souviennent de la venue, l’année dernière, de Mgr Sylvain Bataille, évêque de Saint Etienne. « Ensemble, nous avons parlé de théologie et évoqué la question de la liturgie. C’était important, surtout avec ce qui se passe dans l’Eglise. » Ils ne sont pas hors-sol, ils voient bien, et, ils le vivent, que l’Eglise de France est en crise. Ils sont, parfois, victimes du relativisme ambiant. Ils ont besoin de repères.  Ils ont soif de réponses simples face à leur questionnement naturel.

Après un peu plus de deux heures de marche, la première halte se fait à Correns. Ce petit village varois où coule l’Argens est niché dans un écrin de vignes. D’autres pèlerins les rejoignent. « Bonjour vous venez d’où ? » interroge l’un des pèlerins. « De Port-Marly », répond un autre. L’arrêt au bord de la rivière se transforme vite en baignade. « Il reste 3 heures de marche avant l’arrivée au Bessillon », prévient Loïc. « Nous repartons dans 10 mn. » Cette année, la sécheresse est nettement perceptible : « le niveau d’eau a baissé de 20 cm », constate Manuel, qui travaille dans un vignoble.

« Se renouveler dans le Christ »

Il est 12h45 quand tous arrivent au Bessillon. Le lieu d’apparition de 1660 a été transformé en sanctuaire, avec sa fontaine et un joli petit monastère, tenu par des sœurs en provenance d’Argentine. Les 1 700 autres pèlerins vont les rejoindre. A l’arrivée, certains se mettent à genoux devant la statue de saint Joseph à l’Enfant, qui marque l’endroit où il est apparu. Ils déposent des intentions de prière. Le nombre de pèlerins grossit rapidement. Tous vont converger vers Notre-Dame de Grâces, au Mont Verdaille, où une Messe est célébrée, à 19h00 par Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges.

Ce Normand depuis plusieurs générations est évêque depuis 5 ans. Il vient pour la première fois à Cotignac, à l’invitation d’un jeune pèlerin qu’il a marié, il y a une vingtaine d’années : Bertrand de Kerangat ! Sur l’esplanade du sanctuaire de Notre-Dame de Grâces, là où les 1 750 hommes-pèlerins (derniers chiffres officiels) vont prendre place pour la Messe, Mgr évoque la raison d’être de sa présence, alors que le bruit des trompettes, qui s’ajustent, retentissent de l’autre côté.

« Je viens en pèlerin d’abord. J’ai besoin, moi-aussi, de demander à Notre-Dame de Grâces, ses grâces pour mon ministère et mon diocèse. Pour mon ministère de paternité aussi. Nous avons en commun un ministère de paternité, car nous, les prêtres, sommes pères selon l’Esprit. Même si je n’ai pas marché, je viens d’abord en pèlerin. Puis, je viens en pasteur. »

Mgr Bozo se souvient du journaliste Philippe Oswald, qui avait écrit à la fin des années 90 Debout les pères !

« Je viens, également, encourager les pères de famille qui sont malmenés, parce que la paternité est malmenée, et, parce que l’identité sexuelle est malmenée. Depuis Philippe Oswald, il y a eu d’autres livres sur la paternité, celui de Fabrice Hadjadj (NDLR : auteur du livre Etre père avec saint Joseph). Et, le pape François a écrit aussi sur saint Joseph. »

L’évêque invitera lors de son homélie les pères de famille à « se renouveler dans le Christ ». Il appelle tout homme à renouveler sa vie intérieure, tant malmenée au profit du bien-être décorrélée de toute dimension christique. Enfin, il cite saint Paul, homme viril par excellence :

« Toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom de la paternité de Dieu, devant qui on fléchit le genou. »

Mgr Dominique Rey parle de « courage »

Le lendemain, le dimanche 3 juillet, c’est Mgr Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, où se situe Cotignac, qui préside la Messe.

« Depuis 22 ans, depuis que je suis évêque, je viens au moins une fois par an visiter, prier, célébrer dans les sanctuaires de Cotignac. Cette année, je vais dire aux pères : montrez-vous courageux. Faites preuve de courage dans votre vie personnelle, votre relation conjugale, votre responsabilité familiale et dans vos engagements professionnels. »

A 10h00, l’esplanade est remplie à craquer. Les 1 750 sont devenus près de 2 500 avec l’arrivée des épouses et des enfants (des environs). Le soleil baigne en partie l’allée centrale, le chant d’entrée est lancé. Tous se lèvent comme un seul homme. Au loin, on aperçoit la petite croix de procession portée par un membre des Chevaliers de Colomb, un mouvement qui regroupe exclusivement des hommes, et, qui vient des Etats-Unis. Son responsable sur Toulon, Raymond Manna, explique qu’il a été

« fondé à la fin du 19è siècle (NDLR : en 1882, il y a 140 ans) dans le Connecticut. C’est une communauté catholique, qui vit au cœur d’une région protestante. Le père Michael J. McGivney le fonde avec l’objectif de vivre la fraternité et l’entraide auprès des veuves et des orphelins. Il choisit avec humour ce nom de Chevalier de Colomb, qui rappelle que c’est un catholique (NDLR : Christophe Colomb) qui a découvert l’Amérique. »

En France, ce mouvement est arrivé il y a 7 ans. Et, il regroupe, aujourd’hui, plus de 1 000 membres. Sa vocation ? Venir en aide à l’Eglise, aux prêtres, aux paroisses et aux diocèses. Sur Toulon, ils sont une soixantaine. Dans son homélie, Mgr Rey rappelle le contexte :

« Toutes les entreprises actuelles qui visent à gommer la différence des sexes, au nom du gender, qui cherchent à fabriquer la vie ou à l’interrompre au gré des humeurs et selon des choix égocentriques, privent l’homme et la femme de cette image de Dieu trinitaire qu’ils portent en eux et ensemble. L’écrasement de la famille, cellule de base de la société, participe ainsi de la mort de Dieu. »

« Ne soyons pas lâches, poltrons ou froussards »

Puis, il parle du

« courage pour chaque époux d’assumer son identité à l’intérieur d’un amour fidèle soutenu par la grâce de Dieu.[…] A l’heure de la mise en cause de la figure paternelle et du principe d’autorité, à cause des contre-exemples d’abus de pouvoir destructeurs, ou a contrario d’absence du père en raison des ruptures familiales, le courage du père est d’assumer sa mission éducative jusqu’au bout : en premier lieu par son témoignage de vie, par la transmission de repères, et du mode d’emploi de l’existence, par la fidélité de son accompagnement. Hélas dans bien des cas, le père s’est désengagé, devenu le grand frère, le confident, plus que le référent. Le courage paternel doit inspirer confiance à l’enfant. La force d’âme du père, qu’il ne faut jamais confondre avec l’agressivité, constitue une sécurité et une protection dont l’enfant a besoin, une muraille, surtout quand cette force d’âme se conjugue avec la tendresse. Se blottir dans les bras d’un père courageux conditionne bien souvent la résilience de l’enfant. »

Il évoque Charles de Montalembert : « ce qu’il manque aux catholiques, c’est le courage ».

Il termine par ces mots qui sonnent forts et qui seront suivis d’un silence où seul le chant des cigales a sa place :

« Ne soyons pas lâches, poltrons ou froussards, aussi bien dans la société que dans l’Eglise. Il nous faut assumer nos choix jusqu’au bout, toujours dans la vérité, toujours dans la charité, toujours dans la constance et l’humilité, en acceptant également de se remettre en cause. Le courage brave la bien-pensance, les jeux de pouvoir et les modes. Ce courage est la colonne vertébrale de cette espérance dont notre monde a tellement besoin. Ce courage a pour sommet la Croix. »

« Soyez forts, prenez courage, vous qui espérez le Seigneur » (Ps 30, 25).

Dans l’assistance de ce dimanche 3 juillet, il y a de nombreux enfants. Certains jouent, d’autres dessinent quelques croix à même le sol poussiéreux. D’autres, enfin, écoutent attentivement ses paroles de courage. Peut-être, finalement, qu’il faudrait revenir à l’esprit d’enfance, et, faire confiance en se revêtant de leur innocence ? Jésus leur dit : « Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. » (Matthieu, chap.19, vers.14).

Reportage réalisé par Antoine BORDIER

Copyright des photos A. Bordier

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