Texte de M. l’abbé François-Marie Blaïn du Poët, prêtre du diocèse d’Orléans, ordonné en 1993, pour les lecteurs du Salon Beige :
"Voilà la réflexion que je me suis faite, après avoir lu ce matin comme chaque prêtre catholique à l'Office des Lectures ce passage de l'Homélie de St Quodvultdeus (nom significatif!): «Un petit enfant vient de naître: c'est le grand Roi. (…) Quand les mages annoncent la naissance du Roi, Hérode est pris d'inquiétude; pour ne pas perdre son trône, il veut le tuer, alors que, s'il avait cru en lui, il aurait été ici-bas en sécurité, et dans la vraie vie, il aurait régné sans fin. Pourquoi as-tu peur, Hérode, en apprenant la naissance du Roi? Il ne vient pas pour te détrôner, mais pour triompher du diable. Et comme tu ne comprends pas cela, tu es inquiet et tu entres en fureur; et afin de perdre le seul enfant que tu cherches, tu es assez cruel pour en faire mourir un si grand nombre.»
Etais-tu un homme, Hérode, pour agir de la sorte? Etais-tu un homme, pour t'en prendre à l'Enfant Dieu, et afin de l'atteindre plus sûrement, de t'en prendre à tous ces petits innocents qui n'ont eu que le défaut d'avoir l'âge de Celui qui te faisait si peur? Quel homme en effet, d'une force et d'un courage tels qu'un tout petit venant au monde suffit à te rendre inquiet et en fureur!
Malheureusement, rien de nouveau sous le soleil. Aujourd'hui, on cherche des hommes, du genre masculin. On les cherche partout, et souvent en vain, dans le monde politique, certes, où ils sont absents depuis des décennies, mais aussi parfois dans la Sainte Eglise et dans nos familles.
De qui avez-vous donc peur, vous qui dirigez successivement notre pays, en laissant tuer chaque années ces foules innombrables de petits innocents dans le ventre de leur mère, et qui aujourd'hui cherchez à atteindre les vieillards pour leur offrir une soit-disant 'heureuse mort' (euthanasie)? Vous, les Hérodes d'aujourd'hui, de quoi, de qui avez-vous donc peur? Votre pouvoir est-il si chancelant qu'il vous faille l'asseoir sur tant de cadavres de faibles et d'innocents?
Oui, nous cherchons des hommes dignes de ce nom, qui nous gouvernent en ne travaillant qu'à chercher le bien commun, celui de la vie étant le premier et le plus essentiel à promouvoir et à défendre. Mais de qui a-t-on peur aujourd'hui? On s'inquiète, à juste titre, du respect de l'étranger et de l'exclu, et l'on appelle les fidèles à voter en conséquence, mais sans rappeler dans le même temps, ou si timidement, que le premier exclu est l'enfant dans le sein de sa mère ou le vieillard dépendant dans son lit d'hôpital et que cela, avant toute autre considération, doit orienter le devoir électoral d'un catholique.
Nous cherchons des hommes qui, sans crainte du martyr, c'est-à-dire du témoignage, enseignent à notre monde avec force que la vie est sacrée, qu'elle nous est donnée de Dieu et qu'en aucun cas on ne peut y porter atteinte. Il y a eu un homme, un vrai, qui était une femme, pour le clamer au monde il y a quelques années. C'était un petit bout de femme, mais d'une force… Mère Thérésa! Elle disait à Oslo en recevant le prix Nobel de la paix: «Le plus grand destructeur de la paix, aujourd'hui, est le crime commis contre l'innocent enfant à naître. Si une mère peut tuer son propre enfant, dans son propre sein, qu'est-ce qui nous empêche, à vous et à moi, de nous entretuer les uns les autres? L'Écriture déclare elle-même: 'Même si une mère peut oublier son enfant, moi, je ne vous oublierai pas. Je vous ai gardés dans la paume de ma main.' Même si une mère pouvait oublier… Mais aujourd'hui on tue des millions d'enfants à naître. Et nous ne disons rien. On lit dans les journaux le nombre de ceux-ci ou de ceux-là qui sont tués, de tout ce qui est détruit, mais personne ne parle des millions de petits êtres qui ont été conçus avec la même vie que vous et moi, avec la vie de Dieu. Et nous ne disons rien. Nous l'admettons pour nous conformer aux vues des pays qui ont légalisé l'avortement. Ces nations sont les plus pauvres. Elles ont peur des petits, elles ont peur de l'enfant à naître et cet enfant doit mourir; parce qu'elles ne veulent pas nourrir un enfant de plus, élever un enfant de plus, l'enfant doit mourir. (…) C'est pourquoi, aujourd'hui, en présence de Sa Majesté et devant vous tous qui venez de pays différents, je vous le demande: prions tous d'avoir le courage de défendre l'enfant à naître et de donner à l'enfant la possibilité d'aimer et d'être aimé. Et je pense qu'ainsi – avec la grâce de Dieu – nous pourrons apporter la paix dans le monde.»
Enfin, nous cherchons des hommes au confessionnal. Je parlais récemment avec un confrère de la grâce que faisait le St Père au monde, en l'Année sainte de la Miséricorde, de donner à tous les prêtres la faculté d'absoudre le péché grave de l'avortement et de relever de l'excommunication qu'il fait encourir ipso facto. Mais tous deux nous faisions la même constatation: nous n'avons jamais eu d'hommes venant s'accuser ce cette faute en Confession. Et pourtant!!! Où sont-ils donc ces hommes lâches, qui souvent sont les coupables, plus que ces femmes qui contraintes et sans liberté, commettent un acte, qui certes est grave, mais dont elles ne sauraient porter la culpabilité, ayant déjà à porter toute leur vie le traumatisme qu'il engendre. Mais ces hommes, pères, maris, compagnons, ont-ils seulement conscience de ce qu'ils infligent à leur fille, épouse, compagne? Ont-ils conscience de l'acte abominable qu'ils commettent? Du moins, s'ils en prennent conscience, qu'ils sachent que le Père des Miséricordes les attend à son tribunal d'amour qui est celui de la Confession et que les prêtres, ministres de cette divine Miséricorde, seront toujours là pour les aider à redevenir des hommes, en acceptant tout simplement de se reconnaître à nouveau enfants aimés de Dieu.
En ce jour, que les Saints Innocents, si petits et si faibles, aident les hommes à redevenir des hommes. C'est le souhait d'un prêtre pour la nouvelle Année civile."