François Hollande, et accessoirement Jean-Marc Ayrault, sont vraiment des champions du monde. Jean-Dominique Merchet nous livre un article très intéressant sur l'Opinion (avec un dessin de Kak) :
"Se fâcher en même temps avec la Pologne et la Russie, les deux sœurs ennemies, « c’est un doublé sans précédent historique », soupire Georges-Henri Soutou, historien des relations internationales. La séquence diplomatique française de ces derniers jours restera sans doute dans les annales du Quai d’Orsay. « Une fin de cycle, sans ressort ni autorité », tranche un vieux routier de ces affaires.
Les deux dossiers, polonais et russe, sont extrêmement différents, mais ils se soldent par le même résultat : une forte montée de la tension dans les relations entre la France et chacun de ses deux pays, à la fois rivaux et importants pour la sécurité en Europe. « Dans l’Histoire, la France a toujours hésité et balancé entre la Pologne et la Russie : aujourd’hui, elle est fâchée avec les deux », résume Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe.
Ainsi, vendredi, l’Elysée annonçait que François Hollande « reportait » sine die la visite qu’il devait effectuer à Varsovie ce jeudi 13 octobre, à la suite de l’annulation d’un contrat portant sur 50 hélicoptères militaires. Puis, dimanche, François Hollande s’interrogeait (…) sur le fait de savoir s’il accueillerait Vladimir Poutine le 19 octobre, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle cathédrale orthodoxe, quai Branly : « Je me suis posé la question. Est-ce utile ? Est-ce nécessaire » de recevoir le président russe ? (…)
Paris l’a mauvaise après le veto mis par Moscou, samedi, aux Nations Unies à un projet de résolution française visant à faire cesser les bombardements à Alep. A New York, Jean-Marc Ayrault en a même perdu sa placidité. Depuis ce week-end, l’Elysée a beau expliquer que la Russie se retrouve seule contre tous, la réalité est un peu plus nuancée. Au Conseil de sécurité, un texte russe a été soutenu par la Chine et l’Egypte – ce dernier pays étant par ailleurs un « partenaire stratégique » de Paris… Et Vladimir Poutine était, ce lundi, reçu en hôte de marque à Istanbul par le président turc Recep Tayyip Erdogan. On a connu des isolements plus solitaires.
Paris se retrouve ainsi à couteaux tirés avec la Pologne et la Russie, alors que traditionnellement, les tensions avec l’une rapprochaient de l’autre. « C’est comme si on fâchait en même temps avec les Turcs et les Kurdes », note un diplomate.
En Pologne, tout est parti de la décision du gouvernement, annoncée mardi, de mettre fin aux négociations sur l’acquisition de 50 hélicoptères Caracal, un contrat de 2,3 milliards selon Paris, remporté en avril 2015 par Airbus à la suite d’un appel d’offres. Le désaccord porte sur les « offset » (compensations) que la France était prête à consentir à la Pologne.
L’affaire fait grand bruit en Pologne, notamment parce que le gouvernement national-conservateur (PiS) a annulé la décision du gouvernement précédent et que l’armée a un besoin urgent d’hélicoptères (…) À Varsovie, la politique française n’est guère appréciée, même dans les milieux hostiles au pouvoir conservateur. « Nous sommes allés en Afrique avec les Français, d’abord au Tchad, puis en RCA et au Mali. Mais au sein de l’Otan, la France est le principal opposant au renforcement du flanc Est » contre la Russie – un sujet essentiel pour la Pologne, note une source tenue à l’anonymat. La Pologne n’a pas non plus digéré d’être « exclue » des négociations sur l’Ukraine, dans le cadre du format de Normandie (Paris, Berlin, Kiev et Moscou). « À Varsovie, c’est vu comme une grande trahison », ajoute cette même source polonaise.
Côté français, on explique pourtant avoir été des « alliés exemplaires », allant jusqu’à annuler la vente des Mistral à la Russie pour rassurer la Pologne. Las ! Tout cela n’a servi à rien et Paris dramatise aujourd’hui le clash avec Varsovie sur le ton : « Ce n’est pas ainsi que l’on parle à la France ». « Nous allons réexaminer l’ensemble de la coopération, notamment militaire, que l’on a avec la Pologne », explique un diplomate qui ne donne pas cher de l’avenir du « Triangle de Weimar » (Paris, Berlin, Varsovie) avant une alternance politique en Pologne."
Lucho
Ce qui est triste c’est de voir à quel point Hollande tente de copier son maître Obama…
Obama, septembre 2016 à propose de sa visite avec Duterte (qui venait de la traiter de “fils dde pute” déclarait :
“Je veux toujours m’assurer, si j’ai une rencontre prévue, que cela va être vraiment productif”
Hollande, un mois plus tard, à propose de Poutine (qui ne l’a pas vraiment traité de “fils de pute” assurément) déclare :
” Je me suis posé la question. Est-ce utile ? Est-ce nécessaire ?”
Peut-on avoir aussi peu d’assurance pour copier à ce point les éléments de langage de ces pairs !
Irishman
Se fâcher à la fois contre les polonais et contre les russes… Faut l’faire ! C’est de la haute voltige, ça madame, et sans filet !
Vraiment, on est en droit de se demander si Moi, président et sa bande de pieds-nickelés sont seulement capables de penser simplement et d’agir dans le sens des intérêts de notre pays ?
En fait, il n’ y a même pas à se demander… Ils ne sont capables de rien de bon… Ah, si il y a quand même quelque chose : les catholiques commencent doucement (trop doucement selon moi) à se réveiller !
Se fâcher à la fois contre les polonais et les russes, faut l’faire ! c’est de la haute voltige, ça madame, et sans filet !
oula
Cet épisode me rappelle que les contrats “Mistral” pour la Russie ont été annulé, en partie, pour se rapprocher de la Pologne, qui nous achèterait des hélicoptères …
Caramba, encore raté !
hercule
Comme le dit Jean Gabin dans “les Vieux de la vieille” : Hollande et Ayrauly : “je m’en vas faire un beau doublé de connards”.
Alpha
Il ne manque plus que l’IRAN, pour que le set soit complet;
Cela ne saurait tardé.
GJV
Ces sont vraiment des PAUVRES TYPES, des ruines politiques. Minables and Co !!
Long John Silver
D’un autre côté, les Polonais (leur gouvernement) ne sont pas tous blancs non plus : annuler des contrats sur le point de se conclure… pour privilégier des helicoptères américains, c’est assez énervant pour FH et les dirigeants d’Airbus. Après l’épisode (vieux) des F16, l’armée polonaise s’équipe un peu plus chez l’oncle Sam.
FH n’aurait pas du lacher les Mistral sans assurance d’un rapprochement avec les Polonais et Ukrainiens. Certains diront qu’il n’aurait pas du les lacher du tout. Mais comment resister aux pressions?
Boubou
Ne dites pas “la France” mais “le gouvernement et le président de la France”. Parce que nous, les Français, on les aime bien les Russes et les Polonais (enfin…certains !), on n’a pas envie de se fâcher avec eux.