Ce billet m'a été envoyé par l'abbé Hyacinte-Marie Houard :
"On connaît la formule : un mot n’est pas le même dans un écrivain ou dans un autre : l’un le tire de la poche de son pardessus tandis que l’autre se l’arrache du ventre. De ce fait, on pourrait distinguer deux catégories d’individus : ceux qui s’engagent dans leur parole et les autres. Pourtant, cette distinction ne suffit pas quand il s’agit des responsables de la formation de la jeunesse. Un vieux praticien affirmait qu’on y trouvait, non pas deux, mais trois catégories : les enseignants, les professeurs et les maîtres. Les premiers, les plus nombreux, répètent ce qu’ils ont appris comme ils l’ont appris. Ce sont des manuels sonores. Les professeurs, on en trouve déjà moins, expliquent ce qu’ils ont compris. Ce sont des pédagogues soucieux de conduire leurs élèves à leur niveau. Les maîtres sont rares. Ils disent plus par ce qu’ils sont que par ce qu’ils savent. On ne sait dire ce qu’ils apportent mais ils sont seuls à l’apporter. Peut-être ce qu’on appelle la sagesse ?
À un jeune fonctionnaire qui brillait de tous ses feux, quelqu’un disait : «vous êtes infirme, vous n’avez pas eu de maître». Et la suite a démontré que ce jeune homme n’avait pas su prendre sa mesure. Tout ça est très joli, direz-vous, mais où trouver ces maîtres ? Est-ce parmi les titulaires des meilleurs diplômes ? Ce n’est pas exclu, mais ce n’est pas sûr, car la spécialisation est toujours un isolement. Est-ce alors parmi les pédagogues ? On a du mal à y croire ; leur science fait de l’élève un objet plutôt qu’un sujet. Un « cas » ! Ce n’est donc ni l’un ni l’autre mais ce peut être l’un ou l’autre, voire l’un et l’autre car ce n’est pas une question de savoir mais une question d’être, de ne chercher à paraître rien d’autre que ce qu’on est. Parlons donc de sincérité, ou de simplicité et pourquoi pas de naturel ? Pour le maître, si l’enseignement est un moyen de vivre, il est aussi, et sans doute d’abord, une raison de vivre. Il y engage sa personne tout entière avec ses connaissances et ses convictions. Comment, sous prétexte de laïcité, par exemple, pourrait-il faire mine d’être sceptique s’il est croyant ? Il serait contradictoire d’aider des élèves à devenir ce qu’ils sont, en dissimulant ce qu’on est. On mesure à la fois le handicap d’une idéologie laïque et la justification d’un enseignement en cohérence avec l’orientation spirituelle des familles. Alors vive le maître qui s’arrache du ventre tout ce qu’il dit mais soyons attentifs à ce qu’il a dans le ventre."
xav007
Ce cher Abbé, toujours vert !
PK
Cette théorie – dont je partage les grandes lignes – ne s’appliquent pas qu’à l’enseignement…
Vivez ce que vous êtes vraiment et montrez-le.
lama12
Très bel exemple d’un maître,le père de Lagrevol, -voir lien ci-dessous- qu’aucun de ses anciens élèves n’a oublié (y compris un certain Carlos Gohn, qui l’a eu comme professeur à Beyrouth,en a parlé dans un livre, et a fait son chemin depuis).
http://www.ndj.edu.lb/old/jesuites/lagrevotem.htm
caillault
Merci mon Père.
Votre enseignement nous toujours tres précieux.
Vous etes notre boussole
francois caillault