C’est l’avis de Laurent Dauré et Dominique Guillemin :
"Sean Penn souhaitait récompenser un « film politique ». Politique, le film de Laurent Cantet l’est assurément. […] [O]n peine à déterminer ce que Cantet sauve, dénonce ou prescrit dans l’école qu’il montre à l’écran. Une ambiguïté qui se retrouve dans les nombreux entretiens qu’il a accordés. Ainsi, il a affirmé que
«le débat sur l’école est suffisamment idéologisé pour que nous nous soyons montrés très vigilants à ce qu’aucun discours idéologique ne se glisse dans le film».
Les critiques ont loué cette posture neutre, mimant le documentaire, ainsi que le réalisme social de son cinéma. Mais Cantet déclare aussi :
«Mes positions politiques transparaissent à travers ma vision de l’école, c’est certain.»
Un film politique pourrait ainsi se soustraire à toute idéologie… Que Laurent Cantet en soit conscient ou non, son film repose sur des prémisses idéologiques. […] Il a voulu faire part de son
«désir d’une école plus ouverte à la réalité qui nous entoure, plus ouverte au langage, à la diversité, à la transmission, au fait de vivre ensemble, d’une école qui ne soit pas un sanctuaire où les élèves pourraient se débarrasser de ce qu’ils vivent et de ce qu’ils sont».
[…] Pour commencer, il faudra bien se pencher un jour sur cet usage omniprésent du terme « diversité », mot de passe privilégié du jargon de la mondialisation. Présentée comme le remède à tous les maux de la société française, la diversité se substitue à l’égalitarisme républicain jusqu’à devenir une fin en soi. Mais de quoi s’agit-il au juste ? Pour Laurent Cantet, c’est la
«diversité de profils dans la classe [qui] en fait la richesse. J’ai passé ma scolarité dans une petite ville de province. Nous étions entre « petits Blancs », de la classe moyenne, parce que le collège unique n’existait pas encore. (…) Mes enfants me semblent beaucoup plus ouverts sur le monde en allant au collège à Bagnolet, dans une classe ressemblant à celle que je décris, que moi à leur âge».
De tels propos entretiennent une confusion malvenue entre la mission de brassage social de l’école et une vision ethniciste de la société. Les jeunes Français issus de l’immigration sont enfermés dans le rôle d’éléments « exotiques » d’une civilisation mondiale fantasmée dont l’école serait le microcosme. […]
Rejetant la mise à distance […], le professeur adopte une approche compassionnelle qui relègue au second plan la transmission des connaissances. Qu’enseigner en effet lorsqu’il s’agit d’abord «d’accepter une remise en question du savoir par les élèves» ? […] Ainsi, flattant les petites individualités – la sienne y compris –, il adopte une pédagogie de la séduction qui révèle un désir de fusionner avec une éternelle adolescence qu’incarneraient ses élèves. […] Cet esprit de démission s’explique par la volonté d’instaurer un rapport d’égalité entre le professeur et ses élèves. […] Avant même d’enseigner quoi que ce soit, les prérequis de la transmission des connaissances sont eux-mêmes discutés (silence, discipline, autorité – rien ne va de soi). Or, l’enseignement est une activité inégalitaire par essence, le savoir et la responsabilité étant d’un côté et pas de l’autre. Ceux qui par commodité intellectuelle n’assument pas cette position se justifient souvent à la manière de Cantet lorsque celui-ci dit, par exemple, que l’école serait «un terrain d’expérimentation de la démocratie, de la citoyenneté». […]
Quoi qu’en dise Laurent Cantet, Entre les murs est un film idéologique. S’il s’en défend, c’est pour mieux contredire le «fantasme actuel de la faillite scolaire» et couper court à toute critique. Comme chacun sait, l’idéologue, c’est toujours l’adversaire. Ainsi, neutre mais engagé, dans le confort de ses idées vagues, il célèbre les manifestations du désastre éducatif faute de vouloir les dénoncer."
Michel Janva (merci à DG)
trahoir
Les extraits de ce film sont tellement ridicules qu’on se demande bien qui cela sert….ou dessert. Quel DRH voudra embaucher ces “jeunes” si naturels (“M’sieur, Msieur, pourquoi que c’est qu’y faut apprendre des choses”)? Une fois de plus la gauche caviar embourbe les “chances pour la France” en les ridiculisant. Elle est pas belle la vie ? Merci à la gauche, une fois de plus !