Alors que Sandro Magister s'est ému de la présence de Jeffrey Sachs, un néo-malthusien conseiller de Ban Ki Moon, au symposium sur le climat et le développement durable au Vatican, l'ancien patron de la banque du Vatican Ettore Gotti Tedeschi a adressé au pape François, fin mai, une lettre dans laquelle il fait du malthusianisme l'origine de la crise actuelle de l'environnement. Jeanne Smits l'a traduite :
"(…) comment le PIB (produit intérieur brut) peut-il croître réellement et de manière « durable » si la population de grandit pas ? En réalité, toute illusion mise à part, cela ne peut se produire qu'en faisant augmenter la consommation individuelle. C'est bien pour corriger et pour compenser les risques de l'effondrement proportionnel de la croissance du PIB que l'on a adopté ce qu'on appelle le modèle consumériste. Dans une société mûre, avec une morale relativiste, nihiliste, il n'a pas été difficile de proposer à l’homme occidental, en tant que véritable et principale satisfaction, cette satisfaction matérielle et consumériste. Mais pour satisfaire à l'exigence d'un consumérisme largement répandu on a créé en même temps les conditions de la pauvreté et de l'exploitation de l'environnement. Cela s'est fait au moyen de la désindustrialisation de pays occidentaux, où la production coûte trop cher, et en délocalisant, c'est-à-dire en transférant la production vers des pays à bas coûts de main-d'œuvre, qui n'étaient pas prêts pour les technologies qui protègent l'environnement.
Pour faire consommer davantage on a aussi favorisé la transformation de l'épargne en consommation, en soustrayant au système bancaire une base monétaire pour le crédit et surtout en privant les familles de leurs moyens d'autoprotection. La croissance zéro de la population, souhaitée par les néo-malthusiens (deux enfants par couple), a ensuite provoqué le phénomène du vieillissement de la population, avec la croissance consécutive des coûts fixes, (santé et retraites), compensé par une croissance en proportion des taxes, qui ont entraîné une réduction des revenus, des investissements et la croissance de la dette.Pour éviter l’effondrement subséquent de la croissance économique, on a forcé toujours plus sur la croissance de la consommation, toujours plus à crédit. Mais on a aussi forcé la progression de la production délocalisée, moins attentive à l'exploitation de l'environnement. L'origine de la crise économique, de la pauvreté qui lui est liée et des déséquilibres de l'environnement, est la conséquence de cette doctrine néo-malthusienne.Comment donc cette même doctrine pourrait-elle résoudre le problème qu’il a créé ? (…)Le risque que nous courons, en tolérant la mise en place de solutions malthusiennes environnementaliste, est de permettre à l'environnementalisme de s'affirmer comme religion universelle dans un monde globalisé où coexistent différentes cultures religieuses. Cet environnementalisme malthusien risque de créer une plus grande pauvreté, de plus grands déséquilibres socio-économiques, et une moindre protection véritable de l'environnement."