D’Anne Coffinier sur Educ France :
Si gouverner, c’est prévoir, l’art politique peut réserver des surprises.
Le 3 avril dernier, Jean-Michel Blanquer annonçait que les lycéens des établissements hors contrat et des établissements d’enseignement à distance passeraient le bac dans les mêmes conditions que tous les autres, c’est-à-dire en contrôle continu. Pendant des mois, les établissements ont attendu la publication des décrets, pour savoir comment les notes de l’année devraient être communiquées au Rectorat. Le flou restait fort sur le brevet, le CAP, le BTS, mais le gouvernement n’avait-il pas donné le cap : aucune discrimination, et contrôle continu pour tous (hormis l’oral du bac de français, a priori maintenu et supprimé depuis).
Les décrets, tardifs, donnent un tableau beaucoup plus complexe et inattendu. Les bacheliers scolarisés dans des cours à distance privés, ceux qui passent un bac agricole dans un lycée hors contrat, les élèves scolarisés dans une école française à l’étranger non homologuée, pourtant rattachée et dûment déclarée auprès de rectorats français sont finalement exclus du bénéfice du dispositif de bac au contrôle continu. On peine à en voir la justification. Les notes de sport ne semblent pas prises en compte dans le bac au contrôle continu. Et le temps laissé aux lycées hors contrat par l’administration pour remplir tous les dossiers en ligne est simplement de… 4 jours, après des mois de tergiversations.
De l’annonce à la déclinaison concrète dans les textes règlementaires, il y a donc des distorsions, préoccupantes.
Les exemples sont légion dans l’histoire récente de l’Education nationale. Pensons au Ministre Robien, qui avait annoncé le retour pur et dur à la méthode syllabique avant de prendre des décrets qui aboutirent au quasi retour au statu quo ante, ou à la bronca de nombreux inspecteurs généraux, qui empêcha pratiquement tout espèce de progrès sur le terrain…
L’exemple de la réforme du bac par Jean-Michel Blanquer pourrait aussi être légitimement cité. Son idée générale était claire et largement soutenue, d’autant que l’examen était devenu à la fois trop coûteux et trop dévalorisé pour être maintenu en l’état. Mais la réforme devrait faire du bac 2021 un examen encore plus compliqué, plus inégalitaire et plus coûteux qu’auparavant encore.
Le temps des réformes top down affectant des millions d’enfants et d’enseignants à la fois est sans doute révolu. Trop massifié, trop centralisé, notre système scolaire est devenu irréformable. Un pilotage des décisions éducatives au plus près du terrain, au niveau des établissements, conformément au principe de subsidiarité semble donc plus que jamais adapté à la nécessité de relever rapidement et efficacement de grands défis, pour rendre à notre école française son efficacité, et sa justice.
F. JACQUEL
Et même quand les décrets sont publiés au JO, les recteurs d’académie et les inspecteurs font de la résistance en toute impunité, les parents étant rarement informés des subtilités des décrets, n’ayant aucun pouvoir décisionnel et les conseillers ministériels n’ayant aucune volonté d’un réel changement.
AFumey
Ne voit-on pas un nouvel exemple de la capacité de nuisance du “deep state” français? Rappelons, pour ceux qui l’ignoreraient encore, que le véritable patron de l’EN est la très maçonnique “ligue de l’enseignement”, créée justement à cet effet au début du XXème, et généreusement financée par le ministère de l’EN, à la fois directement (plus de 20 M€ annuels tout de même) mais peut-être davantage encore en ‘délégation’ de fonctionnaires – salariés donc par le MEN – en grand nombre (l’ordre de grandeur du millier ne semble pas exagéré).