Interrogé dans Paris Match sur son accord avec le RN, Eric Ciotti déclare :
Je ne regrette rien, pas une seconde. Je suis convaincu d’avoir été un précurseur en vue de la prochaine échéance électorale. J’ai été fidèle à mes convictions alors que d’autres se sont alliés avec Emmanuel Macron et la gauche.
C’est ainsi que 32 députés sortants LR se sont retrouvés sans candidat macroniste face à eux. Le spectacle donné par ces législatives anticipées est contre-nature. Ils ont conduit, quelque part, au chaos institutionnel dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.
Depuis votre élection à la tête de LR fin 2022, vous avez pourtant prôné une ligne d’indépendance intransigeante, assurant que votre objectif était de faire gagner LR en 2027. Quand avez-vous changé d’avis ?
Nous étions trop faibles pour avoir une ligne indépendante après nos 7 % aux européennes. Pour rebondir, il aurait fallu faire 10 %. On pouvait maintenir ce scénario jusqu’en 2027 mais pas avant, pas pour des législatives anticipées. Lorsque j’ai vu le président Macron, je lui ai d’ailleurs demandé pourquoi il avait choisi de dissoudre si précipitamment. Il m’a répondu : « C’était pour vous prendre de court. »
Remarquez, mes adversaires internes et moi partageons la même analyse puisqu’ils ont fait alliance avec la macronie. Comme les partis de gauche se sont alliés instantanément après l’annonce de la dissolution. Eux n’ont eu aucun scrupule à se joindre à LFI. À partir du moment où cette alliance se nouait, je ne pouvais pas ne pas me tourner vers Jordan Bardella et le RN. […]
Comment comptez-vous préserver votre indépendance vis-à-vis du Rassemblement national, formation trou noir pour les partis gravitant autour ?
Nous portons, avec l’ « Union des droites pour la République » (UDR), une ligne politique différente de celle du RN, ou pour le moins complémentaire. Je veux que nous devenions le parti des entrepreneurs, que nous soyons beaucoup plus libéraux. Je pense qu’il y a un espace pour une droite qui porte nos valeurs : l’autorité, l’identité et la liberté.
N’y a-t-il pas embouteillage sur ce créneau ? Reconquête !, le parti d’Éric Zemmour, frémit encore et Marion Maréchal devrait fonder son propre mouvement courant septembre.
L’enjeu, pour notre camp, est d’être le meilleur. À l’UDR, nous sommes de droite, républicains, connaissons l’expérience du gouvernement et revendiquons notre filiation gaulliste. Une quinzaine de députés étaient prêts à me suivre. Certains d’entre eux, aujourd’hui battus, me disent regretter.
Pourquoi rester chez Les Républicains, « marque aujourd’hui dépassée » comme vous le déclariez samedi à Levens ?
Je tiens mes engagements : les militants m’ont élu à la tête de notre famille politique. Ils m’ont accordé leur confiance et je refuse de les abandonner à tous ceux qui rêvent de servir de béquille à un macronisme à l’agonie. Mais prendre mes responsabilités, c’est aussi préparer une profonde refondation de la Droite pour libérer des énergies nouvelles et proposer aux Français une alternative audacieuse, novatrice et fièrement attachée à nos valeurs.
Encore plus que votre alliance avec le RN, les cadres du « canal historique » vous reprochent d’avoir joué double jeu et négocié dans leur dos cet accord électoral.
La dissolution a été un catalyseur, cet accord s’est nécessairement noué dans la hâte. On ne pouvait pas tergiverser. Je connaissais par avance leur réponse. J’ai toutefois évoqué l’hypothèse auprès du groupe de députés le lundi suivant la dissolution [soit la veille de l’annonce officielle de l’alliance aux 13 heures de TF1, N.D.L.R.] en présentant trois options : nous allier à Emmanuel Macron et c’était sans moi, partir en indépendants et nous faire broyer, faire l’alliance des droites.
Vous attendiez-vous à l’émoi qui s’est ensuivi ?
Je ne m’attendais pas à une tempête de cette violence. D’autant que l’immense majorité des militants est avec moi et qu’une quinzaine de députés étaient prêts à me suivre. Certains d’entre eux, aujourd’hui battus, me disent regretter. […]
Vouloir faire l’union des droites avec un parti qui récuse le terme de droite, n’est-ce pas chimérique ?
C’est grâce à nos différences que notre alliance peut être efficace. J’assume être de droite, notamment sur les questions économiques. Il ne nous a pas manqué grand-chose pour gagner cette année. Or, aux prochaines législatives, le scénario d’une alliance entre Emmanuel Macron et La France insoumise est bien moins probable.
XAVIER57
à observer la vie politique de la France, je ne parlerais pas d’échéance (électorale) mais de déchéance
C.B.
On attend donc une liste UDF (Union des Droites pour la France) aux prochaines élections, regroupant des candidats UDR, Reconquête!, France Fière (? futur parti de Marion Maréchal), voire RN (si ce parti accepte de se qualifier de droite -ce qu’il est dans l’hémicycle- et de ne pas prétendre être le LFI de droite, autrement dit c’est moi, tout moi et rien que moi).
C.B.
Addendum: outre les partis déjà mentionnés, on devrait sans doute aussi y voir des candidats des Patriotes, de Via, …