Eric Zemmour pose la question dans une interview accordée au Parisien. extraits :
Aux européennes, la liste LREM a attiré à elle un grand nombre d’électeurs de droite. Cela ne remet-il pas en cause votre vieille théorie de l’union des droites ?
Je le dis depuis 2017 : Emmanuel Macron, c’est Louis-Philippe, c’est-à-dire le rassemblement des bourgeoisies : celle de gauche et celle de droite. François Mitterrand disait : « La droite n’a pas d’idées, elle n’a que des intérêts. » Mais il faut relativiser les scores des européennes. Seule la moitié de l’électorat a voté et l’abstention est encore plus remarquable chez les électeurs de François Fillon. Est-ce qu’il existe encore une bourgeoisie patriote qui met le pays au-dessus de ses intérêts ? Si oui, il existe une possibilité de se rassembler avec l’électorat du RN et ce, sur les deux thèmes qui me paraissent être le dénominateur commun : l’immigration et l’islam. Si non, si la bourgeoisie patriote a été dissoute dans les métropoles et la mondialisation, nous sommes dans une situation de lutte des classes.
L’immigration et l’islam suffiraient, à vos yeux, à unir les électeurs de droite et du RN ?
Je ne dis pas que c’est le seul élément d’un programme. Je dis qu’il y a une hiérarchie à faire. Ce thème peut même toucher certaines classes populaires qui votent à gauche. Dans toute l’Europe, le sujet majeur est l’immigration et l’islam (…)
Comment faire l’union des droites concrètement ?
Il faut faire l’inverse de ce qu’a fait Macron. Lui a rassemblé les métropoles au sens large, c’est-à-dire les bourgeois et les immigrés. Il faut donc rassembler la France périphérique. Mais avec une partie de la bourgeoisie des métropoles, car il faut bien une tête dans la lutte des classes. C’est ce qui a manqué aux Gilets jaunes (…)
Personne n’incarne cette analyse, dites-vous. Pas même Marion Maréchal ?
Elle l’incarne en partie. Elle dit très justement que le RN est nécessaire, mais pas suffisant. Je lui dis simplement, que sa ligne libérale, européenne et conservatrice n’est pas suffisante non plus. Et puis, elle s’appelle Le Pen, elle aussi (…)
Marine Le Pen n’est-elle pas à même de permettre ce rassemblement aujourd’hui ?
Je vois ses déclarations : elle dit qu’elle ouvre les bras aux gens de droite déçus. Elle peut participer à une alliance, mais ce n’est pas elle qui l’incarnera (…) À cause de l’antifascisme de théâtre. Ce n’est pas de sa faute, mais elle s’appelle Le Pen ! Et puis, elle a aussi montré ses limites lors de la dernière présidentielle.