La messe n’est pas dite – Pour un sursaut judéo-chrétien : https://www.chire.fr/librairie/zemmour-eric-la-messe-n-est-pas-dite-le-sursaut-judeo-chretien-p-510236
« Le sursaut judéo-chrétien ». Voilà un sous-titre qui, pour le coup, a en effet de quoi faire sursauter.
Éric Zemmour connaît trop bien l’histoire pour ne pas rappeler, en ces pages, que les chrétiens et les juifs sont irréductiblement divisés sur la personne de Jésus. Les juifs d’aujourd’hui sont précisément les héritiers de ceux qui ont rejeté Jésus, et persistent dans ce rejet. Tandis que les chrétiens sont les héritiers des apôtres et des disciples, c’est-à-dire de ceux des juifs de ce temps qui ont reconnu en Jésus le Christ et le Fils de Dieu fait homme venu accomplir les Écritures. Dès lors, l’Église fondée sur Pierre par le Christ, et ouverte aux gentils, se trouve être l’héritière légitime des patriarches et des prophètes, le vrai Israël, tandis que la Synagogue, privée du Temple et du sacerdoce mosaïque, est devenue aveugle comme sur les sculptures qui ornent les portails de nos églises.
Éric Zemmour ne masque pas cette opposition irréductible qui est de l’ordre des croyances, et pour tout dire de la foi.
Lorsqu’il parle de judéo-christianisme, il se réfère, d’un point de vue strictement humain et, pourrait-on dire, identitaire, à l’héritage culturel commun, celui précisément des patriarches et des prophètes. C’est à l’aune de cet héritage commun et en raison d’un péril commun qui menace et les juifs et les chrétiens, qu’il en appelle manifestement, lui le juif Zemmour, à une alliance objective. Ce péril commun, c’est évidemment celui de l’islam conquérant dopé par la démographie galopante d’un tiers-monde qui se déverse inexorablement sur l’Europe.
D’aucuns estimeront que cet appel à un sursaut commun, qualifié, de façon pour le moins discutable, de « judéo-chrétien », fleure bon l’électoralisme et la pêche aux voix, passe sous silence les persécutions subies par les chrétiens de Terre sainte plus sûrement par les juifs que par les musulmans, et n’est qu’une provocation à une guerre de civilisation dont les chrétiens seraient en définitive les idiots utiles.
Quoi qu’il en soit, ce livre, qui aborde bien plutôt la place du christianisme en France et en Europe, qui est conçu comme une espèce de manifeste, et qui suscitera immanquablement la polémique, y compris et peut-être surtout dans nos rangs, doit être lu attentivement, car, bien ou mal, il se situe au cœur des débats existentiels qui agitent et qui agiteront de plus en plus les peuples d’Europe qui, chaque jour un peu plus, se trouvent confrontés au « grand-remplacement ».
Ce « grand-remplacement » et l’islamisation qu’il porte viennent immanquablement interroger nos contemporains : nous qui ne sommes pas comme les musulmans, qui sommes-nous vraiment ?
À rebours de la religion des droits de l’homme, imposée par le personnel politique républicain depuis des décennies, Éric Zemmour professe que le catholicisme est au cœur de l’identité française, ainsi que l’attestent notre histoire, nos arts, nos monuments, notre civilité et même nos paysages. C’est le catholicisme qui a fait nos rois, et donc nos anciennes lois, et par conséquent l’État lui-même, qui préexiste largement à une Révolution qui s’est pensée comme antichrétienne.
Parce qu’il se veut un patriote français conséquent, et sans doute un nationaliste héritier de Barrès, Zemmour affirme que les Français, pour demeurer fidèles à eux-mêmes et continuer à s’inscrire dans l’Histoire, doivent renouer avec leur identité catholique et s’assumer comme tels.
Ce discours constitue une rupture évidente avec la logique sécularisatrice qui a triomphé avec la loi de 1905 et avec l’œuvre de déchristianisation qui a été portée par les républicains de 1793 ou de 1880 : ceux pour lesquels la République n’est pas tant la forme de nos institutions qu’un projet civique et religieux antichrétien.
Éric Zemmour, même s’il ne parle pas d’abroger la loi de 1905, nous propose ni plus ni moins le retour à l’esprit de Bonaparte accordant à la France et à la République première du nom le Concordat, c’est-à-dire le culte catholique à nouveau célébré publiquement en France après la tourmente révolutionnaire, mais aussi la consécration d’un statut publiquement reconnu à la religion historique de notre peuple : « la religion catholique, apostolique et romaine, [alors] professée par la majorité des Français ». On reconnaît là également la logique qui animait les élites de la Monarchie de Juillet, l’historien protestant et homme d’État François Guizot en tête : réconcilier les Français entre eux à partir de leur histoire, et donc à partir du catholicisme.
Bien sûr, pareille démarche réduit concrètement le catholicisme à une identité, alors qu’il s’agit d’abord d’une foi professée et vécue, avec la grâce de Dieu, et dans le giron de la Sainte Église romaine. Bien sûr, pareille démarche passe par pertes et profits, à la façon de Bonaparte et des élites de la Monarchie de Juillet, le règne du Christ sur les communautés politiques, et le catholicisme « religion de l’État », tel qu’il l’était malgré tout redevenu sous la Restauration. Pour un catholique digne de ce nom, ce sont non seulement les individus, mais l’État qui doit être dans l’Église, et non pas simplement l’Église dans l’État.
Le point de vue défendu par Éric Zemmour constitue donc une étape intermédiaire entre l’aboutissement du processus révolutionnaire – avec un peuple dont on a confisqué les racines et la religion – et la France catholique de nos rois. Cette étape intermédiaire, notre pays l’a connue au XIXe siècle, au temps des notables de 1830, de 1849 ou de 1871. C’est celle dont se réclamaient encore Renan et Taine, libéraux assurément, mais conservateurs, et pour leur malheur apostats, dans lesquels Zemmour veut voir ses illustres prédécesseurs.
Cette étape a historiquement préparé le terrain à l’étape suivante : celle qui a triomphé sous la IIIe République et aboutit finalement au wokisme. Toute la question est de savoir si le retour à l’étape à laquelle Zemmour veut nous ramener, dès lors que ce retour serait politiquement consacré et avalisé par un peuple en quête de ses racines, ne prédisposerait pas infailliblement le pays à accomplir jusqu’au bout le retour aux origines, enjambant et reléguant aux poubelles de l’Histoire la révolution de 1789. En un sens, il s’agirait là de ce que Maurras, qui pas plus que Taine ou Renan n’était demeuré catholique, appelait la « contre-révolution spontanée ».
Ce n’est pas ce que prône Éric Zemmour, mais c’est concrètement ce que la réflexion qu’il conduit, l’action politique qu’il pourrait présider ou soutenir, et le mouvement qui se dessine notamment dans tout un pan de la jeune génération, qui renoue non seulement avec une identité catholique, mais, par la grâce de Dieu, avec la foi elle-même, pourraient produire.
Pour les accompagner dans ce chemin, et pour affermir les intelligences et les volontés de tous ceux qui sont déjà arrivés à bon port, nous proposons et conseillons la lecture de l’abbé Charles Maignen, qui aux nationalistes barrésiens ou maurrassiens de son temps exposaient déjà savamment les raisons qu’ils avaient de franchir le pas et de renouer avec la doctrine et la foi de l’Église catholique, ou encore celle de Mgr de Ségur, qui disséquait les logiques profondes et mortifères de la Révolution ; avec lesquelles il s’agit définitivement de rompre, sauf, inconséquents, à chérir les causes dont nous déplorons les maux, pour reprendre une citation de Bossuet si souvent invoquée par Éric Zemmour.
Pour travailler sérieusement LOIN des polémiques stériles :
Nationalisme, catholicisme, Révolution de l’abbé Charles Maignen : https://www.chire.fr/librairie/maignen-abbe-charles-nationalisme-catholicisme-revolution-p-473734
La Révolution expliquée aux jeunes gens… et à tous ceux qui veulent enfin comprendre : https://www.chire.fr/librairie/segur-mgr-gaston-de-la-revolution-expliquee-aux-jeunes-gens-et-a-tous-ceux-qui-veulent-enfin-comprendre-p-510671
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D'Haussy
Merci pour cet excellent article.
Le Zemmourisme est un attrape gogo(y). Mais il paraît que le Diable porte Pierre… Il serait GRAND temps de mettre en avant des catholiques intégraux et pas des républicains libéraux dans ”notre camp”.
Vive le Roy ! ⚜️
D'Haussy
Si vous voulez voir du “VRAI judéo-christianisme” : allez mettre les pieds dans une Divine Liturgie Orthodoxe éthiopienne ou érythréenne.
Des femmes noires voilées, pieds nus, séparées des hommes qui ne mangent pas de porc.
Les ”judéo-droitardés” en sueur.
VIVANT
J’ai lu ce livre. Zemmour est nourri de littérature. Il en est à Renan ! Il n’est ni théologien, ni historien. Dans toute la première partie il narre des âneries centrées sur un judaïsme talmudique post-chrétien. Il se centre sur Paul et Jésus est un simple prophète. Les cinquante dernières pages sont meilleures et semblent d’une autre main. Zemmour est meilleur à l’oral sur cnews en face de borgnes. Zemmour est un polémiste politicien mais pas un savant de l’histoire vraie, il biaise les faits en les ancrant dans son idéologie zemmourienne. Allié utile mais avec une grande fourchette.
professeur Tournesol
Je n’ai pas encore lu ce livre mais je suis assez gêné par les leçons de catéchisme de la part d’un adepte du judaïsme (il serait bouddhiste ou zoroastrien, ce serait pareil). Il passe son temps, de meetings en plateaux télé, à sauter sur sa chaise comme un cabri en disant “les valeurs chrétiennes” par ci, “la culture chrétienne” par là, mais le samedi il va à la synagogue. Que dirait-on si Aymeric Carron, entre 2 discours antispécistes, faisait un barbecue avec Sandrine rousseau ? Ou si Bernard Arnaud prônait les vertu du marxisme-léninisme ? Que Zemmour commence par se faire baptiser, on verra ensuite. Si Zemmour vivait en Algérie, comme ses ancêtres, prônerait-il les vertus de l’islam ?!
Pour ce qui est des “judéo-chrétiens” et de l’islam, si personne ne nie les liens entre judaïsme et christianisme, mais Zemmour oublie les liens de l’islam avec les 2 autres : Mahomet lui-même se situe dans la continuité de la Bible et le Coran cite Abraham, Moïse, Jésus, Marie, etc , le “prophète” a en fait recyclé à sa façon judaïsme et christianisme, peut-être influencé par les courants véritablement judéo-chrétiens qui existaient encore en Arabie à cette époque ; on pourrait donc parler de “judéo-islamo-christianisme”.
Par ailleurs, le danger pour l’Eglise en France n’est pas l’islam mais l’incroyance, le grand remplacement religieux, c’est l’athéisme ! Si les églises se sont vidées, ce n’est pas par des conversions massives à l’islam, mais par un délitement interne qui a conduit beaucoup de catholiques à s’éloigner de l’Eglise à des degrés divers. Si au temps de Bonaparte le catholicisme était la religion ultra-majoritaire, ce n’est plus le cas aujourd’hui, ce n’est pas l’islam non plus, la “croyance” principale c’est l’athéisme.
Sans nier la place du christianisme dans notre histoire et notre culture, il me semble quand même que la foi est d’abord une affaire individuelle, ce ne sont pas des pays qui sont chrétiens mais des personnes. Si on fait du christianisme un marqueur identitaire, comme se plaindre que les autorités chinoises persécutent le christianisme, vu comme une religion étrangère qui menace l’identité chinoise et confucéenne ?
Enfin le risque est d’avoir une religiosité superficielle, sans véritable spiritualité, juste pour s’affirmer face à des immigrés d’une autre religion
ThierryVitteau
Merci pour cet article très détaillé sur le nouveau livre d’Eric Zemmour. Le problème avec lui, c’est qu’il tourne en boucle autour du péril islamique. Vous le rappelez très à propos dans votre texte :
« C’est en raison d’un péril commun qui menace et les juifs et les chrétiens, qu’il en appelle manifestement, lui le juif Zemmour, à une alliance objective. Ce péril commun, c’est évidemment celui de l’islam conquérant dopé par la démographie galopante d’un tiers-monde qui se déverse inexorablement sur l’Europe. »
Mais comme vous le souligné avec raison :
« D’aucuns estimeront que cet appel à un sursaut commun, qualifié, de façon pour le moins discutable, de « judéo-chrétien », fleure bon l’électoralisme et la pêche aux voix, passe sous silence les persécutions subies par les chrétiens de Terre sainte plus sûrement par les juifs que par les musulmans, et n’est qu’une provocation à une guerre de civilisation dont les chrétiens seraient en définitive les idiots utiles. »
Le vrai danger pour nous chrétiens et pour la France en général, c’est plutôt l’Humanisme, ce que vous appelé très justement « La religion des droits de l’homme ». C’est cela qui nous rend vulnérable à l’Islam conquérant et à bien d’autres problèmes !
triadeus
zemmour a dit : “le christ c’est la mort” cela m’a suffit
Je ne suis en aucun cas judeo-chretien mais chrétien
zemmour active la haine contre les musulmans car il travaille ardument pour israel de ce fait la France et les français servent de proxi a israel
c’est la façon de faire des juifs depuis bien longtemps
Depuis le début du christianisme les juifs ont infiltré les chrétiens