Le Père David Gréa, curé de la paroisse de Lyon-Centre-Sainte Blandine, a annoncé récemment dans une lettre qu'il voulait se marier tout en se sentant heureux d'être prêtre. L'abbé Grosjean a rappelé à cette occasion que le célibat que l’Eglise demande est exigeant, mais que
"Cette exigence – je le rappelle – nous la choisissons librement. Personne n’est obligé de devenir prêtre."
Pierre Martineau, "fils d'un des frères du même nom", revient sur son blog sur ce "double choix" du Père Gréa, dont l'un exclut l'autre de fait. Il compare l'exigence du sacerdoce à celle du mariage :
[…]"Le célibat consacré n’est pas un artifice, il est l’expression perpétuelle du don total au Christ, qui confère ainsi au prêtre la voie de son Salut, dans lequel il précipite ses fidèles avec lui. Puisqu’il répond à sa nature profonde, il lui apporte à la fois l’exigence et la satisfaction que lui confère sa vocation. Parce qu’il relève de l’être et non de l’avoir, parce qu’il se greffe au désir et non à l’envie, il est immuable ici-bas, n’en déplaise aux hésitants. Oserait-on appliquer à Dieu cette même dialectique pour l’union d’un homme et d’une femme ?
Ainsi, moi qui me suis marié, vais-je pouvoir dire un jour à ma femme que je sens en moi un appel de Dieu à être prêtre, Lui qui l’a mise sur mon chemin comme personne, joyau qui m’était réservé ? Dieu est-il blagueur à ce point qu’Il ne compte pour rien le lien qui nous unit et les enfants qui en jaillissent ? Est-ce donc un Dieu si indécis pour qu’Il vise tantôt mon bonheur par mon don plein et entier à elle, tantôt par un hypothétique nouveau sacerdoce ? Et si donc Dieu permet que le « OUI » du Père Gréa soit « peut-être » ou « juste un temps », pourquoi donc mon « OUI » conjugal serait-il moins parcellaire et moins négociable ? En réalité, si le père Gréa croît aux circonvolutions vocationnelles, comment peut-il alors condamner divorces et adultères ? Devant Dieu, c’est du même acabit, et accouche des mêmes souffrances.[…]
Je ne juge pas les reins et les cœurs, et qui suis-je pour juger de la foi du Père Gréa ? Simplement, sa croyance d’une vocation à deux branches (ou plus ?) n’est pas une croissance mais un éclatement. Loin de l’unifier, elle l’abîme. Elle est simplement incompatible avec l’essence de Dieu, et la nature de la vocation. Si donc le Père Gréa et sa « future épouse » sont appelés à la sainteté, ils ne peuvent pas être appelés à s’unir. C’est dur ; c’est terrible ; c’est dévorant. Comme tout ce qui libère."[…]