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France : Société

Et si le péché de paresse était celui de notre temps ?

Et si le péché de paresse était celui de notre temps ?

Pour la droite attachée aux racines et aux traditions, les bonnes résolutions 2020 doivent s’imprégner, selon le Père Danziec dans Valeurs Actuelles, de la vertu d’espérance :

Quel est le défaut dominant de notre époque ? Dans une attrayante anthologie littéraire sur les sept péchés capitaux, Sébastien Lapaque s’amuse à attribuer à chacun des siècles derniers la faute capitale sensée le résumer. Evidemment, comme souvent en pareil cas, l’attribution est arbitraire. Il n’empêche : n’y a-t-il pas un intérêt piquant à regarder notre passé sous le prisme de la grille d’un confessionnal ? Ainsi le XVIe siècle, avec les guerres de religion, serait celui de la colère. Le XVIIe traversé par les ravages du jansénisme, celui de l’orgueil. La luxure du marquis de Sade et le triomphe du libertinage collent à la peau du XVIIIe quand les révolutions égalitaires du XIXe, en même temps que la frénésie industrielle, renvoient au péché d’envie. Au XXe siècle, l’argent-roi devient toujours plus immatériel, le krach de 29 puis les dérives de la société de consommation n’y feront rien : bienvenu dans le siècle de l’avarice. Et le XXIe siècle ? A l’approche de la fin de son premier quart, quelle est la tare de notre monde en 2020 ? Et si, pour clore cette sombre déclinaison, le péché de paresse n’était pas celui de notre temps ? Une époque qui trouve fatigant le fait d’avoir raison, et dont le relativisme ambiant apparaît l’aveu terrible.

Fort de cet examen de conscience historique, il nous appartient de nous arrêter sur la nôtre. Notre histoire. Notre vie. Nos états d’âme en ce début janvier. N’y aurait-il pas dans la droite de conviction une funeste et curieuse façon de voir le monde depuis 1789 ? Année après année, défaite après défaite, n’a-t-on pas pris l’habitude de se plaindre que tout aille mal ? De la virée de galerne aux collines de Dien-Bien-Phû. Du 6 février 34 aux manifestations roses et bleues. Des espoirs déçus aux inexorables plafonds de verre. Que notre famille de pensée ait été vaincue dans l’honneur ou qu’elle se soit trouvée aux portes de la victoire, infidèle ou trahie, divisée ou mal accompagnée, il arrive que certains répètent à l’envi, lors des repas de famille, que notre monde craque de toutes parts, qu’il l’a bien mérité et que, finalement, c’est bien fait pour lui. Ah vraiment : si le quotidien est incertain, force est de reconnaître surtout que l’avenir n’est pas à la mode ! Proposerions-nous donc, comme d’autres, de le réduire légalement ? Le poison du découragement, Jacques Bainville en avait déjà pointé l’origine dans son Histoire des trois générations, en ouvrant son chapitre VIII avec cette citation du Duc d’Audiffret Pasquier :

« Nous avez-vous seulement légué des embarras, des douleurs et des désastres ? Non, vous avez fait pire encore. Vous nous avez légué la démoralisation. »

A l’abordage de l’année 2020, il nous appartient d’éviter les écueils du pessimisme pour ne pas tomber dans le naufrage du désespoir. Plutôt que des grincheux aux soupirs stériles, prenons au contraire la résolution d’être non pas des livreurs d’angoisse mais des âmes trempées. Celles qui savent qu’elles ont un trésor à offrir et un patrimoine merveilleux à transmettre. La courtoisie, qui fonde les bonnes manières. La noblesse, qui incarne la droiture dans le regard et la bienveillance dans les propos. La curiosité, qui donne à l’observation du monde un appétit de la vie et de son Créateur. L’appréciation du silence, propre à la justesse de la réflexion. Le goût de la lecture, qui nous rend reconnaissant à l’endroit de ceux qui nous ont précédés et qui, avant nous, ont souffert, réfléchi et aimé. La charité intégrale, qui consiste à voir dans son prochain un frère à enrichir du Christ. La dissidence doit carburer à l’espoir au risque de finir par caler !

Il n’y a qu’à reprendre les couvertures de Valeurs actuelles pour établir la liste des défis qui s’entassent sur le bureau de la droite des valeurs. L’enracinement contre la société liquide. La complémentarité des sexes face aux dérives d’un féminisme étriqué. La défense des plus faibles dans une civilisation qui ne respecte pas la vie. La préférence à donner au temps long plutôt que l’apologie du bougisme. L’amour du terroir et de ses traditions pour mieux se refuser aux charlatans de l’écologie et d’un monde sans frontières. L’amour de la vérité en opposition à la tyrannie des bien-pensants.

2020, déjà ! Chaque 1er janvier nous donne l’occasion de réaliser, comme l’écrit de façon charmante Pagnol, que « le temps passe, et qu’il fait tourner la roue de la vie comme l’eau celle des moulins ». Mais à quoi sert un moulin si, justement, il n’a rien à donner ? Qu’il s’agisse de plaquages dans un match de rugby ou de coups de canon lors d’une bataille navale, l’adversité de la vie nous apprend qu’il importe davantage de donner que de subir. De se donner que de se retenir. Et c’est aussi valable pour l’amour et l’enthousiasme. Nous pouvons attendre toute une vie, assis sur le banc de notre tiédeur, que l’un ou l’autre finisse par arriver, au risque de terminer seul en gare… La vérité évangélique nous rappelle que nous ne sommes pas ici-bas pour attendre, mais pour nous consumer. Pas dans ce monde pour nous plaindre qu’il n’ait pas de goût, mais pour en être le sel. Plus que de lui donner la leçon, il s’agit de lui donner du feu. Un feu sans artifices.

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