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Scoutisme

Et si nos politiques se mettaient au scoutisme ?

Et si nos politiques se mettaient au scoutisme ?

Selon le père Danziec, dans Valeurs Actuelles, à propos d’un sondage récent de l’IFOP à propos du scoutisme :

A l’image des équipes nationales de football ou de rugby qui effectuent stage de préparation et autre mise au vert avant les compétitions internationales, serait-il si extravagant d’imaginer un gouvernement nouvellement établi partir en camp scout au fond d’un bois avant la rentrée parlementaire ? Alors que le succès grandissant du scoutisme vient d’être étudié d’une façon inédite par l’Ifop, à la demande de l’association des Guides et Scouts d’Europe, rien n’empêche en effet de réfléchir sur les bienfaits que pourrait apporter la méthode scoute au personnel politique en général et à nos futurs ministres en particulier. Foulard et sac-à-dos avant cravate et porte-serviette. Le quatre-bosses comme mise en bouche aux portefeuilles ministériels.

Quatre maux : désinvolture – déconnexion – désunion – démonétisation

Avant toute chose, l’opportunité d’un camp scout se pose toujours. Que l’on soit jeune éclaireur ou chef de clan affuté. On aurait pu croire qu’au bout de sept ans d’exercice, la macronie et son « en même temps » entreraient dans une forme de maturité, un âge de raison. Les déconvenues démocratiques de ces derniers mois laissent plutôt penser à une crise de la quarantaine arrivée plus vite que prévue… Sans ligne véritable et sans boussole, l’azimut politique devient insaisissable. Quand l’inaction politique dévalorise les affaires (pourtant si nobles) de la cité, la crise de régime n’est effectivement jamais loin. Le scoutisme, voilà donc un potentiel remède de choc pour guérir quatre maux qui frappent l’univers politique actuel :  la désinvolture, la déconnexion, la désunion, la démonétisation.

« On ne joue pas impunément avec des repères civilisationnels »

Désinvolture. L’uniforme scout comme préparation au port du costume dans l’hémicycle ? La déritualisation, devenue la marque même de la postmodernité, ne cesse de désincarner les rapports humains et fragmente l’appétit de repères que chacun porte au fond de soi. L’avachissement d’une âme commence par le peu de manière avec laquelle on se tient sur une chaise expliquait un moine ancien à ses jeunes novices. Le rassemblement scout, la remise du foulard, le lever des couleurs, l’uniforme fièrement porté, s’ils étaient vécus par nos politiques, pourraient les inspirer pour réinsuffler de la verticalité à la société. Toute discipline de vie débute par la tenue. Se tenir prêt réclame d’être au préalable au garde-à-vous. Offrir ses mains demande de ne pas les planter dans ses poches. Le hiératisme scout, d’inspiration militaire, n’est pas un simple décorum, il est l’une des conditions de sa survie. Le dur métier d’homme s’apprend dans l’ordre et l’harmonie. Arrêter son activité dans son coin de patrouille au moment où la corne de brume avertit du lever ou du coucher des couleurs, se tenir droit en faisant le salut de sa promesse : voilà qui enjoint ensuite, une fois en responsabilité, à se tenir prêt pour respecter son pays et les différentes institutions qui l’ont façonné. Observons à cet égard l’inénarrable cérémonie d’ouverture des JO qui n’a que trop saturé l’espace médiatique cet été. Le problème de fond n’est pas tant le déhanché d’Aya Nakamura ou la syntaxe et le champ lexical approximatifs de ses chansons. Non, le drame premier : c’est la profanation du sublime avec l’ordinaire, le mélange des genres pour amuser la galerie. On ne joue pas impunément avec des repères civilisationnels. Si le scout est loyal à son pays, s’il est chevaleresque et s’il a le sens de l’honneur, son for intérieur lui fait refuser d’accepter que la coupole de l’Académie française devienne l’arrière scène du vulgaire et que les musiciens de la Garde Républicaine passe pour des clowns instrumentistes.

L’aventure intérieure du scoutisme

Déconnexion. Il est des expériences fondatrices. Celle du froid au réveil pendant un camp de Pâques. Celle du confort modeste voire sommaire de la vie sous tente. La nécessité de l’ordre dans une malle où se trouve le matériel de froissartage. L’expérience de vivre au rythme de la nature pour mieux en ressentir les palpitations. Par son aventure intérieure, tout camp scout offre une mise en perspective, une prise de recul sur les événements et les enjeux du quotidien. Surtout il enseigne l’âme sur l’un des plus grands dangers du personnel politique : la vanité des vanités. Les emplois du temps lunaires pour répondre aux besoins de la com’, le train de vie parfois, les cabinets de conseil qui coupent de la réalité de la vie des gens, surtout les plus petits, font perdre bien souvent aux hommes politiques ce lien, pourtant si précieux, avec la rue et le pays réel.

La désunion. Le principe d’autonomie des patrouilles implique que chacun soit à son poste. De celui qui fait la popote au boute-en-train qui anime la veillée. Les joies simples font les meilleurs frères. « Être bien ce que l’on est » disait saint François de Sales. Être à son devoir, besogneusement, sans se donner des airs comme font les pédants ou les mondains. La mixité sociale qu’offre le scoutisme et la proximité de vie dans un coin de patrouille obligent chacun à prendre le temps de se connaître et de remettre ses intérêts personnels au placard, de s’effacer en somme quelque peu au bénéfice du Bien Commun. Ce dernier, loin d’être la somme des biens individuels, représente l’ensemble de ces conditions qui permettent à une société d’être heureuse et en paix. La prévenance, la joie, la tranquillité, le dépassement impliquent de posséder un langage commun, des vues semblables et des sacrifices partagés. Le scoutisme authentique, par ses mœurs et ses coutumes, constitue un ferment non pas de « vivre-ensemble » mais de sociabilité empreinte de charité et de respect.

Démonétisation. L’inconfort de la vie au grand air enseigne la valeur des choses. Tout a un prix et les choses ne valent que ce qu’elles coûtent. Telle « L’envie d’avoir envie » de Johnny, les corvées d’eau pour étancher sa soif, les corvées de bois pour se réchauffer redonnent du poids à son action. Surtout, elles permettent de mieux considérer ce qu’est « le dur métier d’homme » pour reprendre la formule d’Hélie de Saint-Marc. Il en est de même quant aux valeurs morales de l’engagement. A force de brader l’essentiel et de se moquer du sens des choses, les convictions les plus intimes perdent de leur superbe. Que sont l’honneur, la discipline, la transmission quand on retourne sa veste, qu’on se fiche de son prochain et que le seul avenir qui compte c’est sa propre investiture ? A force de dire tout et le contraire de tout, les responsables politiques creusent leur propre fosse du discrédit. A l’exemple de la vie du Christ, le théologien saint Thomas d’Aquin enseignait que « servir, c’est régner ». L’engagement au service de son prochain, qu’il s’agisse du scout dans sa patrouille ou de l’administré dans sa circonscription, implique d’avoir un tantinet le sens de ses responsabilités. Une promesse scoute, ce n’est pas une fête de la musique à l’Elysée. C’est un adoubement chevaleresque qui se déroule lors d’une veillée aux flambeaux censée nous rappeler à la fois notre petitesse dans l’univers mais aussi la grandeur d’âme qui doit être la nôtre. De même, recevoir du peuple une mission, honore et… oblige.

La lecture du roman Sire de Jean Raspail permettrait à certains de mesurer les enjeux que constitue un pouvoir reçu. Et l’incapacité des combinaisons d’appareils du système républicain actuel d’y répondre.

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