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Pays : International / Pays : Liban

Et si on se passait de gouvernement ?

Lu dans L'Action française 2000 :

Une_2937"Plus de six mois après les élections législatives du 20 décembre 2015, l’Espagne est toujours dépourvue de gouvernement. Le Parti populaire de Mariano Rajoy avait obtenu 33,4 % des suffrages, mais il devait composer avec d’autres formations politiques ayant émergé à cette occasion. En juin dernier, compte tenu de cette crise, le roi a dissout l’Assemblée, mais les nouvelles élections ont confirmé le résultat des précédentes, sans permettre de résoudre cette crise institutionnelle. Le gouvernement sortant se contente d’expédier les affaires courantes sans pouvoir présenter des projets de loi devant le Congrès des députés. Néanmoins, malgré cette paralysie, le pays s’en sort bien du point de vue économique, bon an, mal an, avec une baisse du chômage et une croissance satisfaisante.

Le précédent belge

Cette situation rappelle la crise institutionnelle que la Belgique avait vécue à l’issue des élections législatives de juin 2010, demeurant un an et demi sans gouvernement. Dans ce pays composé de communautés culturelles et linguistiques aux relations conflictuelles, les visées sécessionnistes flamandes, encouragées par la NVA, avaient contribué aux blocages politiques. Sans affecter gravement l’économie du pays, cela avait poussé la société civile à prendre une initiative pour sortir du marasme : ainsi des francophones, des néerlandophones et des germanophones s’étaient-ils réunis afin de faire entendre la voie du “pays réel”.

Pas de président au pays du Cèdre

Quant au Liban, dont la constitution a été inspirée par celle de la Belgique et dont la composition communautaire est similaire, il est dépourvu de chef d’État, avec un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, depuis plus de deux ans. Le processus d’élection du président est identique à celui de la IIIe République française, dont le modèle a lui aussi été transposé au Liban : les députés sont donc appelés à élire le chef de l’État ; mais pour y parvenir, un compromis communautaire est nécessaire. Or ce compromis a toujours été le fruit de tractations étrangères, en fonction des acteurs influents sur la scène libanaise : autrefois la Syrie, Israël, les États-Unis, l’Arabie saoudite et, dans une faible mesure, la France. La situation actuelle au Proche et au Moyen-Orient empêche le déroulement de ce processus électoral. Mais le pays s’en sort bien, grâce au flux financier dont il bénéficie et à la dynamique de la société civile qui s’impose de plus en plus en s’insurgeant contre le système communautaire et celui des partis politiques.

Ces trois exemples illustrent la survie de pays sans véritable gouvernement grâce à la prise de conscience du pays réel – lequel surmonte les crises institutionnelles qui sont les conséquences des conflits entre les partis politiques."

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