De Christian Daisug dans Présent :
"Il est le plus solidement ancré dans les combats de la droite nationale, le plus agressif des pourfendeurs de l’immobilisme de son propre parti, le plus acide des adversaires du régime en place depuis janvier 2009 : à 44 ans, dont trois à peine passés sur les bancs du sénat à Washington, Ted Cruz bénéficie d’un pedigree flatteur pour briguer la magistrature suprême en novembre 2016, à un moment où le bilan de Barack Obama dissuadera beaucoup d’Américains de voter en faveur d’une nouvelle aventure démocrate.
Selon les observateurs, un républicain aurait six chances sur dix – simplement parce qu’il est républicain – de remporter dans 19 mois la Maison Blanche. Ted Cruz cherche à être celui-là. Voilà pourquoi il a décidé d’annoncer dès maintenant sa candidature aux primaires républicaines de janvier 2016. Se placer en tête du peloton des concurrents offre l’avantage d’occuper seul, pendant un certain temps, la une des journaux et permet de devenir la vedette de toutes les conversations politiques. […]
Sur qui Cruz pourra-t-il compter pour asseoir sa campagne et gagner des points contre ses adversaires ? Sur une coalition à trois composantes. D’abord, les militants des Tea Parties qui, depuis six ans, vivent très mal leurs frustrations à l’égard de la vaste dérive gaucho-libérale dont l’Amérique de la classe moyenne est la principale victime. Ensuite, les chrétiens de la vraie droite qui souffrent au fil des années de voir s’éloigner leur pays de ses valeurs ancestrales et faire le lit d’une subversion venue d’ailleurs. Enfin, les déçus d’un républicanisme qui ne rime plus avec américanisme depuis que les manœuvriers du parti ont accepté de se maintenir dans le courant nauséeux du politiquement correct. Trois composantes pour une coalition qui pourrait rassembler des majorités : tout dépendra des circonstances, des adversaires, et de Cruz lui-même.
L’homme ne manque pas de qualités. Il sait mettre ses attitudes intransigeantes et son sens du compromis au service d’une stratégie. C’est l’un des champions des pro-vie, des partisans d’un muselage du gouvernement, des droits des Etats, d’une différence marquée entre démocrates et républicains, d’un contrôle rigoureux des poussées fiscales. Cruz voudrait se faire passer pour le chantre de l’initiative individuelle et le dynamiteur du bureaucratisme. […]"