Partager cet article

Pays : Etats-Unis

Etats-Unis : le programme républicain de 2024 s’écarte des positions précédentes sur l’avortement

Etats-Unis : le programme républicain de 2024 s’écarte des positions précédentes sur l’avortement

Si Kamala Harris a placé l’avortement au coeur de sa campagne, le Parti Républicain (GOP) a abandonné discrètement un certain nombre de positions pro-vie.

Ainsi, pour la première fois en 40 ans, le programme ne contient pas de soutien à une interdiction nationale de l’avortement ni cette phrase qui figurait dans le programme du GOP depuis 1984 :

« L’enfant à naître a un droit fondamental et individuel à la vie qui ne peut être enfreint ».

C’est la phrase clé pour laquelle Phyllis Schlafly (décédée en 2016) et d’autres leaders pro-vie se sont battus avec acharnement pour qu’elle figure dans le programme.

Le programme du GOP pour 2024 écrit en revanche :

Le pouvoir d’adopter des lois sur l’avortement est du ressort de chaque État.

Si le programme s’oppose à l’avortement tardif, il soutient le contrôle des naissances et la fécondation in vitro dans la même phrase.

Des manigances ont eu lieu pour réduire au silence les délégués pro-vie et socialement conservateurs lorsqu’ils se sont réunis pour approuver le programme lors de la Convention nationale républicaine à Milwaukee, dans le Wisconsin. Les années précédentes, la procédure en commission prenait plusieurs jours, les sous-commissions se réunissant, proposant des amendements, puis discutant en profondeur de la plate-forme avant de la voter. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé lorsque les délégués sont arrivés à Milwaukee le week-end des 7 et 8 juillet. En fait, tout était terminé à 11h30 du matin, avant l’heure du déjeuner.

Les délégués avaient été informés, lors de la séance d’orientation, qu’ils travailleraient sur le programme au sein de sous-commissions, mais celles-ci n’ont pas été convoquées. Le lundi matin, les délégués se sont vus confisquer leur téléphone et ont vu le projet de programme pour la première fois. Les délégués ont eu la possibilité de faire des déclarations sur le projet pendant seulement 60 secondes, mais les nouveaux délégués se sont assurés que les voix pro-vie n’auraient pas la chance de s’exprimer. Gayle Ruzicka, leader de l’Utah Eagle Forum, a déclaré ;

« Ils ne voulaient rien entendre, pas de discussion, pas d’amendement, c’était choquant, absolument choquant. Nous avons essayé de protester, mais ils ne nous ont pas laissés faire. Ils ne nous ont même pas laissé aller vers les micros ».

« Si nous perdons le Parti républicain en tant que véhicule, nous pourrions le perdre pour une génération. Si les Républicains réussissent à abandonner les bébés, s’ils abandonnent la question de l’avortement, nous pourrions ne jamais récupérer ce parti. »

Trump entraîne le parti dans une direction plus modérée. Le sénateur Vance, qui a est considéré comme un sénateur pro-vie, a récemment soutenu le point de vue de Trump sur la pilule abortive.

Partager cet article

2 commentaires

  1. Le voile commencerait-il à se lever ?

  2. J’aurais préféré qu’il en soit autrement, mais je comprends l’intention, et je ne pense pas qu’elle soit de reculer.

    Reagan a été le premier président a aborder frontalement la question de l’avortement, il a même écrit un livre sur la question. Tous les présidents républicains ont suivi la politique de Mexico interdisant le financement fédéral d’ONG pro-avortement, un seul ne s’est pas contenté de ce minimum : Trump. Les autres présidents républicains, depuis 88, étaient plus centristes que lui, lui est plus à droite que Reagan qui incarnait la majorité morale.

    Le but, depuis Reagan, était d’obtenir la fin du droit fédéral à l’avortement. C’est chose faite, mais le retour de flammes a été très puissant : quasiment tous les candidats soutenus par Trump aux élections de mi-mandat et qui approuvaient la décision de la Cour suprême ont été défaits (à noter que Vance a gagné), ils ont fait de moins bons scores que les autres candidats républicains. Biden et Harris, les prétendus chrétiens, avaient mis l’avortement au centre de la campagne, et on a vu que même l’électorat républicain était partagé sur le sujet. Seule un minorité de ceux qui se déclarent chrétiens pensent que l’avortement devrait être interdit dans tous les cas (45 % selon un sondage de 2022 : https://www.nbcnews.com/think/opinion/religious-women-have-abortions-too-many-faiths-affirm-abortion-rights-ncna1287846)… Et ce n’est pas que chez les chrétiens sociologiques non pratiquants.

    Alors que les démocrates placent l’avortement au centre de la présidentielle, que les républicains savaient que Harris ou une autre femme allait probablement remplacer Biden, ce dernier camp a préféré alléger la question pour ne pas perdre là-dessus. En rappelant que ça dépend de chaque Etat (de toute façon, il serait quasiment impossible d’abolir l’avortement, les républicains en prennent acte), et en faisant des concessions qui n’en sont pas puisque la Cour suprême n’est pas revenue en juin dernier sur le droit d’utiliser la mifépristone (pilule abortive). Plus tôt dans l’année, Trump avait dit examiner la restriction de ce droit (https://www.europe1.fr/international/etats-unis-donald-trump-fait-marche-arriere-apres-un-tolle-sur-la-contraception-4248387), mais ce serait vraiment suicidaire sur le plan électoral : il perdrait, comme ses candidats en 2022, et la cause pro-vie ne s’en trouverait pas pour autant avancée.

    On pourrait dire “petit calcul”, mais s’il perd l’élection, les démocrates pourront probablement nommer au moins un autre juge à la Cour suprême, voire augmenter le nombre de juges comme ils le désirent afin que les conservateurs soient minoritaires.

    Le débat est très clivé aux États-Unis sur le sujet : en France, on a par exemple une Marion Maréchal qui dit ne pas vouloir revenir sur l’avortement, alors que l’on sait tous qu’elle aimerait bien le faire. Mais sans aller, comme tant de RN, jusqu’à faire le contraire de ce qu’elle pense (soutenir la constitutionnalisation de ce droit). Eh bien, là-bas, le débat est encore plus fort qu’ici, car c’est un Etat fédéral avec plusieurs Etats qui détricotent depuis des années ce droit, ce qui en fait un sujet de société très présent. Avec en plus la place de la religion dans le débat. C’est-à-dire que normalement un pro-vie ne minore pas ses convictions, ne prétend pas penser le contraire de ce qu’il pense, parce que souvent il se trouve dans des Etats conservateurs avec de grandes chances de l’emporter. Mais au niveau national, c’est bien plus compliqué, et même dans des Etats conservateurs des candidats de Trump pro-vie ont perdu en 2022. S’il y avait eu débat, il aurait été sans concession (et c’est compréhensible), et sans tenir compte de la stratégie.

    Dans les faits, ce choix ne changera rien. Mais il pourrait tout de même avoir une conséquence inattendue : un intérêt moindre pour ce sujet.

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services